La Chronique Agora

Vers un « pass énergétique » en Europe cet hiver ?

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La France est le seul pays qui organise par anticipation sa propre récession.

La commission de Bruxelles a demandé le 20 juillet aux Etats membres de réduire volontairement leur consommation de gaz de 15% dès le 1er août, et jusqu’au 31 mars 2023.

En cas de perturbations majeures du fait d’une pénurie de gaz, la Commission pourrait appliquer l’article 122 des traités de l’UE qui stipule que :

« Le Conseil de l’Europe, sur proposition de la Commission, peut décider, dans un esprit de solidarité entre les États membres, des mesures appropriées à la situation économique, en particulier si de graves difficultés surviennent dans l’approvisionnement de certains produits, notamment dans le domaine de l’énergie. »

Autrement dit, en cas de pénurie, l’article 122 donne les pleins pouvoirs au conseil présidé actuellement par la République tchèque (qui vient de succéder à la France, et précède la Suède puis l’Espagne) et où interviennent les « ministres compétents » de chaque pays.

J’ai déjà sous les yeux de nombreuses captures d’écrans – notamment celle d’une intervention d’Olivier Véran le porte-mensonge du gouvernement, sur LCI ce 24 juillet avec cette légende (certainement validée par l’Elysée) qui en dit long : « chasse au gaspi, bientôt des amendes ? ».

Vous pouvez faire confiance à Bruxelles et à notre gouvernement pour multiplier les cas (ce terme devrait vous rappeler quelque chose) de gaspillages qui seront transformés en infractions, puis en punition (amendes et interdictions), voire comme pour le Covid en criminalisation des comportements et des individus.

Le « gaspilleur » – celui qui roule trop, qui prend trop l’avion, qui prend des bains trop prolongés ou trop chauds, qui éclaire trop sa vitrine, qui écoute trop fort sa musique, etc. – sera mis au ban de la société par des décideurs qui survolent ces ennemis de la planète dans leur jet de fonction payé vos impôts.

L’industrie à l’arrêt

Mais le plan pourrait cette fois ne pas se dérouler comme prévu : la plupart des pays s’étaient pliés à la stratégie des confinements, des couvre-feux, de l’injection ARN « pas obligatoire, mais impossible de vivre normalement sans s’y soumettre, peu importe la gravité des effets secondaires »… car cette fois-ci, l’Espagne, la Grèce et le Portugal, l’Italie refusent catégoriquement d’obéir à l’Union européenne car les « effets secondaires sociaux » risquent d’être socialement trop explosifs.

Si l’Allemagne, celle qui a le plus à perdre du « -15% » s’y met, ce sera game over pour Bruxelles.

En ce qui concerne la France, ce ne sont pas les restrictions de consommation d’électricité qui vont mettre le pays à l’arrêt : il y est déjà à cause de l’effondrement de l’activité dans la construction de logements.

La France se saborde avant même de devoir effectuer les premiers arbitrages entre consommateurs institutionnels et particuliers : le refus de la Banque de France d’ajuster le « taux d’usure » (le taux maximum pratiqué par les banques, frais d’assurance et frais de dossier inclus) à l’évolution des taux d’intérêt à la hausse.

Ainsi, c’est plus d’un tiers des dossiers parfaitement viables il y a trois mois qui « ne passent plus » et certains professionnels estiment même à -40% le nombre de primo-accédants qui se retrouvent évincés de l’accès au crédit.

Résultat : un effondrement sans précédent depuis fin 2008 – ou mars 2020 – des transactions immobilières et un coup d’arrêt aux projets de construction, les promoteurs voyant se tarir le vivier des acquéreurs potentiels.

Et l’immobilier résidentiel, du fait du nombre de corps de métiers et de fournisseurs impliqués, c’est le principal pourvoyeur d’emplois – dans l’absolu – et surtout d’emplois non délocalisables.

Donc la France, et sa banque centrale, ont trouvé le moyen de casser l’activité de son principal moteur de croissance purement domestique, avant même d’avoir à couper le courant sur les chantiers l’hiver prochain.

La France est le seul pays qui organise par anticipation sa propre récession afin d’éviter de devoir appliquer des mesures énergétiques restrictives, voir punitives imposées par Bruxelles : nous sommes de loin les plus malins !

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