La Chronique Agora

Parlons dette

▪ Aujourd’hui, cher lecteur, parlons dette.

Ou plutôt… dette et croissance. Parce que — comme le prouvait Charles Hugh Smith hier avec un parallèle entre croissance démographique et chômage –, on gagne souvent à comparer les ratios pour avoir une idée plus claire de la situation

Voici un graphique extrait de la Stratégie de Simone Wapler qui compare l’évolution du PIB mondial ces 10 dernières années (à gauche sur le graphique) et celle de la dette (à droite) — le tout en milliers de milliards de dollars.

"C’est explicite", commente Simone. "Entre 1994 et 2014, la croissance annuelle moyenne était de 5,3% tandis que le stock de dettes augmentait de 9%. En 10 ans, le PIB mondial a augmenté de 178,6%… et les dettes de +462,5%. Pour 78 000 milliards de dollars de dépenses, les gens supportent 225 000 milliards de dette… ou, dit autrement… pour un dollar de croissance… il y a 2,88 $ de dette".
Vraiment, tout va très très bien. La première production mondiale, désormais, n’est plus le pétrole, les automobiles, les appareils électroniques ou le camembert normand… mais la dette.

Et alors, dites-vous ? Tant que le système tourne…

Eh bien, il y a un os. Revenons aux explications de Simone : "la dette est, en principe, de l’argent pris sur le futur et dépensé en avance. Je dis ‘en principe’ car je pars du principe qu’il faut la rembourser, intérêt et principal".

"L’argent de la dette a donc déjà été dépensé : il apparaît dans la croissance. Si la dette a été contractée pour consommer, la croissance de la consommation appartient au passé".

"Si la dette a été contractée pour investir, la croissance de la production appartient au passé.
Pour rembourser, il faut prendre l’argent d’aujourd’hui et de demain, ce qui fait moins de dépenses ou d’investissements supplémentaires possibles pour alimenter la croissance. C’est ainsi que l’activité économique est étouffée, asphyxiée par la dette et que la croissance ralentit".

"Et devinez : plus la dette augmente, plus la croissance ralentit !"

"C’est un phénomène connu dans la vie… mais complètement méconnu des économistes. Vous, bipède bien-pensant, savez que :

– Plus le poids de votre sac à dos de randonnée augmente, moins vous courez vite.
– Plus le bourricot est chargé, moins il avance vite.

Il faudrait peut-être expliquer cela au FMI, à la BCE, au gouvernement et organiser un cours de rattrapage à l’ENA".

En attendant, ces dettes, il faudra bien les rembourser un jour… ou pas ?

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
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