« Les valeurs US chutent à mesure que les ventes de bons du Trésor s’accélèrent », titrait Bloomberg la semaine dernière.
Dans le même temps, le bitcoin a dégringolé vers les 8 000 $ – effaçant près de 100 Mds$ de sa valeur en seulement 24 heures.
Le prix du bon du Trésor américain à 10 ans a plongé, faisant passer son rendement au-delà des 2,75%
Déjà, le taux fixe de crédit immobilier à 30 ans – dont l’évolution suit celle du rendement du T-Note à 10 ans – est passé de 3,7% il y a un an à 4,2% aujourd’hui.
Sur un prêt de 200 000 $, cela revient en gros au montant promis en baisses d’impôts.
Le gouvernement donne. Le gouvernement reprend…
Et le gouvernement fait un beau gâchis.
Les autorités ont orchestré un cycle du crédit aux proportions grotesquement exagérées – et maintenu les taux d’intérêt bien trop bas pendant bien trop longtemps. A présent, elles se retrouvent avec une économie croulant sous les dettes… alors que le cycle de taux se retourne.
Quelques petits points de base, ça ne semble pas grand-chose. Mais lorsqu’il faut emprunter – chacun d’entre eux est douloureux.
Lorsque vous avez 67 000 Mds$ de dettes, quelques points de base peuvent être un véritable désastre. Pour être plus précis, si les frais augmentaient d’1%, cela ajouterait 670 Mds$ à la charge annuelle de la dette des Etats-Unis.
Il y a quelques jours, nous avons vu que le gouvernement US se retrouverait dans un sacré pétrin si d’aventure les taux d’intérêt augmentaient à un modeste 5%.
Nous disions que cela viendrait ajouter 600 Mds$ de dollars au coût d’une dette de 30 000 Mds$ – un montant que les Etats-Unis devraient atteindre d’ici 10 ans.
Un lecteur nous a écrit en demandant où nous avions été à l’école.
Si un taux de 5% s’appliquait à l’intégralité de ces 30 000 Mds$, cela représenterait des intérêts de 1 500 Mds$, non 600 Mds$.
Les autorités US collectent environ 3 500 Mds$ de revenus fiscaux. Dans ces conditions, payer autant d’intérêts serait hors de question.
[NDLR : En France aussi, les taux montent et vont vite peser sur la charge de la dette publique qui est déjà le deuxième plus gros poste du budget. Cela met en danger les contrats d’assurance-vie qui reposent sur la dette française, les assureurs et les banques. Découvrez ici comment vous protéger des dangers imminents qui vont bientôt faire surface.]
Des problèmes toxiques
Et ce n’est qu’un début. Quand les ennuis arrivent, ils arrivent rarement seuls. Au lieu de ça, comme un gang d’adolescents de Baltimore, la hausse des taux d’intérêt amènera avec elle tout une bande de problèmes toxiques.
Comme nous l’avons vu, en chiffres bruts, l’économie ne se porte pas mieux aujourd’hui que sous Barack Obama. Les taux de croissance sont à peu près identiques. Mais les actions sont au sommet d’une échelle branlante… et la dette grimpe en flèche.
Le Bureau du budget du Congrès avertit que l’augmentation des dépenses fédérales et les réductions d’impôts videront le Trésor d’ici mars. Les autorités ont prévu d’émettre 1 300 Mds$ d’obligations en seulement neuf mois – et pour l’instant, elles suivent leur calendrier.
Mais qui achètera ces obligations ?
Pas la Fed. Elle devrait poursuivre son resserrement quantitatif (vendre des obligations au lieu de les acheter)… du moins jusqu’à ce que l’échelle finisse par basculer.
Pas les consommateurs. Ils n’ont pas d’argent.
Une dette record avec un revenu disponible qui chute
La seule raison pour laquelle il y a de la croissance, c’est que les consommateurs sont prêts à sacrifier leur sécurité financière.
Au lieu d’épargner, ils dépensent. Ces dépenses viennent abonder le côté positif du registre du PIB. La dette supplémentaire n’apparaît pas du tout.
Ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle n’existe pas… La dette des ménages américains a atteint un nouveau record – plus de 15 000 Mds$. Ces 30 dernières années, elle s’est développée deux fois plus rapidement que les salaires.
A présent, toute augmentation de 1% des taux d’intérêt, appliquée à l’intégralité de la somme due, générerait 150 Mds$ de charges supplémentaires.
C’est là que les calculs se compliquent un peu. Les Etats-Unis comptent environ 120 millions de ménages. Soit un coût annuel supplémentaire de 1 250 $ environ par foyer.
Où les ménages obtiendraient-ils cette somme ? Leur épargne a été ponctionnée pour continuer de faire avancer l’économie.
Des ménages démunis face aux revers financiers
Les revenus disponibles moins les mises de fonds personnelles – c’est-à-dire l’épargne – ont chuté à 2,4%, au dernier compte. C’est le plus bas niveau depuis 2005. Et cela laisse la plupart des ménages complètement démunis face aux revers financiers.
Le site WolfStreet.com a examiné l’état de santé des ménages américains [les chiffres proviennent de la Fed] :
- seuls 48% des adultes ont assez d’épargne pour couvrir trois mois de dépenses en cas de perte de leurs revenus ;
- 22% de plus pourraient surmonter ces trois mois en mobilisant des ressources plus larges – notamment emprunter auprès d’amis et vendre des actifs ;
- mais 30% d’entre eux ne pourraient gérer une crise financière de trois mois ;
- 44% des adultes n’ont pas assez d’épargne pour couvrir une urgence de 400 $ et devraient emprunter ou vendre quelque chose pour joindre les deux bouts ;
- les personnes qui ont eu des difficultés sont plus susceptibles d’avoir recours à « un service financier alternatif » comme un prêt en anticipation de crédit d’impôts, un prêt sur gages ou une avance sur salaire – autant de solutions très coûteuses.
Bah… Pas de quoi s’inquiéter, n’est-ce pas… les réductions d’impôts mettront 1 000 $ dans les poches de l’Américain moyen.
Mais dès qu’il aura détourné son attention, les intérêts et l’inflation reprendront ces 1 000 $… et plus encore.