▪ N’est-il pas curieux que le rally de cette semaine semble provenir de nulle part et ne se base sur aucune information importante ? Oh, attendez un peu, si, il y a eu une information importante en provenance d’Europe. Le gouvernement espagnol est parvenu à vendre quelques obligations au « public ». Cette annonce a provoqué une forte hausse en Europe qui s’est étendue à la Bourse de New York. Mais une fois encore, si l’on en croit les folles rumeurs qui circulent, la vente « réussie » des bons du Trésor espagnols portait clairement la marque de la Fed.
A en croire les ragots, les banques européennes se sont jetées sur la dette espagnole — oui, ces mêmes banques européennes qui croulent déjà sous des quantités dangereuses de dettes espagnoles, italiennes, portugaises et grecques. Pourquoi donc achèteraient-elles plus de ces dettes ?
Deux raisons à cela : 1) les banques ont tout intérêt à empêcher les prix des obligations souveraines qu’elles possèdent déjà de chuter encore plus ; 2) grâce à la Réserve fédérale, ces banques ont à présent accès à des financements illimités et extrêmement bon marché via les lignes de swap annoncées par la Fed le 30 novembre dernier. (Les banques ont également accès à des lignes de crédit à trois ans très bon marché de la BCE).
Nous pourrions qualifier cela « d’assouplissement quantitatif déguisé ».
Même si les détails de cette théorie d’un QE déguisé sont quelque peu obscurs, la substance de cette théorie est certainement vraie. D’une façon ou d’une autre, vous pouvez être sûr que la Fed et la BCE sont occupées à « réparer les choses »… et qu’elles utilisent des tactiques cachées pour le faire.
▪ Pourtant, les banques américaines et européennes en difficulté le sont tout autant aujourd’hui qu’elles l’étaient il y a trois semaines. Voire, beaucoup d’entre elles sont plus en difficulté qu’il y a trois semaines, lorsque la Fed s’est totalement engagée dans le sauvetage des banques.
Naturellement, la Fed et la BCE ont leurs propres problèmes financiers.
« Quelle que soit la façon dont on considère le problème », observe Dan Denning, rédacteur de l’édition australienne de la Chronique Agora, « la majorité des Etats ont besoin d’argent. Si les marchés privés ne leur en donnent pas, leur banque centrale devra y pourvoir. Cela conduira inévitablement à faire marcher la planche à billets et à une dévaluation monétaire. Les sommes d’argent dont ont besoin les Etats sont ahurissantes ».
« Selon l’Organisation de coordination et de développement économiques (OCDE), les Etats-Providence industrialisés devront emprunter près de 10 400 milliards de dollars l’année prochaine », continue Dan. « Cela représente beaucoup d’argent. La majorité des pays emprunteurs se trouvent en Europe. Mais il ne faut pas oublier les Etats-Unis. Le graphique ci-dessous montre que près de 60% de l’encours de la dette totale du Trésor américain — soit 5 600 milliards de dollars — doit être refinancé dans les quatre prochaines années ».
D’où viendra cet argent ?
Difficile de répondre à cette question. Il est cependant facile de savoir d’où il ne viendra pas. Il ne viendra pas des citoyens privés qui cherchent à placer leurs liquidités dans des investissements sûrs. Ils ne sont pas assez nombreux ceux qui sont actuellement prêts à prêter leur argent à un gouvernement en faillite. Par conséquent, afin de remplir ce trou de 10 000 milliards de dollars, nous devrions nous attendre à quelques programmes supplémentaires d’assouplissement quantitatif et à d’autres formes d’émissions monétaires.
Nous devrions également nous attendre à beaucoup plus de tentatives de la part des puissances gouvernementales de repousser les forces de la nature économique : plus « d’interventions coordonnées des banques centrales », plus de « dispositifs d’atterrissage d’urgence » et plus de remèdes ad hoc, « too-big-to-fail« .
Voilà donc ce qui devra nous sauver : beaucoup plus de ce qui n’a pas marché… et ne marchera jamais.
Achetez de l’or… encore plus.