La Chronique Agora

Où l'on parle de la Grèce… mais pas seulement

▪ Votre correspondante garde — à cause de ses origines alsaciennes, peut-être ? — un petit attachement à l’Union européenne, l’euro et autres tentatives de s’entendre plutôt que de se taper dessus.

Mais ces derniers temps… rien n’est gagné pour la monnaie unique. L’affaire grecque a fait des vagues sur les marchés européens, l’euro a chuté à un plus bas de huit mois par rapport au dollar, bref, le climat est d’autant moins positif que la Grèce n’est que la pointe de l’iceberg, comme le disait Bill il y a quelques jours :

"Au centre des discussions cette semaine, on trouve le Portugal, l’Irlande, l’Italie, la Grèce et l’Espagne. A eux tous, ils comptent l’équivalent de 2 000 milliards de dollars de dette. Les prêteurs augmentent les tarifs s’ils veulent emprunter plus. Si ça continue, ils devront faire défaut sur leurs paiements. Et ensuite, disent les autorités financières, de terribles calamités se produiront. Le système financier européen tout entier pourrait s’effondrer. Ce serait la fin du monde tel que nous l’avons connu".

Mais serait-ce vraiment la fin ? Bill a quelques doutes sur la question : "c’est la même tactique de la terreur utilisée après la faillite de Lehman. AIG devait être sauvé. De même que Fannie et Freddie. Et General Motors".

"A présent, cet argument boiteux mènera probablement au renflouage de la Grèce… et, par extension, de tous les autres pays insolvables à la périphérie de l’Europe. Les dettes seront collectivisées… tout comme celles de Fannie et Freddie. Au lieu de leur permettre de faire faillite comme ils le méritent, en d’autres termes, les pays européens se prennent bras dessus, bras dessous… ils feront tous faillite ensemble !"

Tout cela est compliqué par le fait que des intérêts bien plus complexes sont en jeu que le simple renflouage — ou non — de la Grèce. Simone Wapler, rédactrice en chef de MoneyWeek, nous en dit un peu plus sur l’une des rumeurs qui a fait courir les traders cette semaine : "les fuites concernant le fait que la Grèce a mandaté Goldman Sachs pour vendre ses emprunts à la Chine vient du Financial Times. Le quotidien britannique n’est pas mécontent de plomber l’euro alors que la livre est réduite à l’état de monnaie de singe. Il faut dire que la Bank of England pratique la monétisation de la dette à tout-va et que les actifs du pays Grande-Bretagne ne valent pas tripette. Jeter la suspicion sur la Zone euro, c’est rendre plus alléchante la dette grecque".

"Mais dans les autres méchants, il y a aussi les Chinois qui ont refusé le deal. Il faut dire qu’ils sont bien obligés d’avaler d’abord la dette souveraine américaine et qu’ils sont au bord de l’indigestion".

Bref, la situation semble avancer tous les jours vers l’implosion de la bulle de dette — dont Philippe Béchade démontait l’implacable mécanisme mercredi dernier : "une nouvelle crise de confiance chassera alors la précédente. Elle aura une intensité renforcée par le creusement des déficits qui gonflent un peu plus chaque semaine avec la chute des recettes fiscales et les énormes surcoûts liés au versement des prestations sociales — notamment les indemnités chômage et les retraites, avec des régimes au bord de la faillite dans la plupart des Etats européens, y compris en France et en Allemagne".

"Les prochaines étapes pourraient être le déclenchement d’une attaque spéculative contre le Portugal en mars prochain […] puis contre la dette espagnole. On changerait alors d’échelle avec l’Espagne"…

"Ce serait ensuite au tour de l’Angleterre de tétaniser les porteurs obligataires institutionnels sur l’ensemble de la planète. […] Et vous devinez où commencera alors à vaciller le domino suivant : aux Etats-Unis"…

Le printemps promet d’être intéressant…

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
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