La Chronique Agora

Or : toujours la même question…

▪ Hier, nous avons pris le train de Paris à Zurich, en passant par la vallée du Rhône. Nous sommes passé à côté de châteaux… d’églises médiévales… de rivières paresseuses et pittoresques… de charmants villages… vers Lyon… Bâle… puis avons contourné les Alpes et les lacs jusqu’à Zurich.

Le paysage était remarquablement beau. Mais la chose la plus remarquable que nous ayons vue ne se trouvait pas dehors, mais dans le wagon. Une famille d’Américains est montée dans le train à la Gare de Lyon. Ils se sont installés — les parents et leurs deux enfants. Bronzés. En shorts larges et polos avec de petits crocodiles sur la poitrine. Avant même que le train ait quitté la gare, les parents avaient donné un iPad aux deux enfants. Ensuite, ils ont chacun sorti leur propre iPad… et enfilé leurs écouteurs.

De notre place, nous pouvions voir que le père regardait un film d’action avec des super-héros. Nous n’avons pas pu apercevoir ce que faisait la mère. Mais de Paris à la frontière suisse, trois heures de voyage dans certains des paysages les plus spectaculaires d’Europe, pas une seule fois les enfants ou leurs parents n’ont regardé par la fenêtre. Pas plus qu’ils ne se sont dit un seul mot.

« Il y a tant de loisirs électroniques », a déclaré un ami suisse à qui nous avons conté l’anecdote, « que les gens perdent contact avec le monde réel. C’est comme une drogue… cela permet d’oublier la réalité ».

« Evidemment, ça donne à ceux d’entre nous qui ne sont pas drogués un énorme avantage ».

▪ Où va (encore) l’or ?
Maintenant… revenons-en à notre sujet… la finance.

Dans l’édition du week-end du Financial Times :

« Le prix de l’or dégringole à un plus bas de trois ans ».

L’or a perdu 30% de sa valeur cette année.

« Jusqu’où peut-il baisser ? » demande le Financial Times.

Jusqu’à 1 100 $ environ, selon nous. Ce n’est qu’une supposition, ceci dit. Mais ce serait en accord avec la dernière grande correction d’un marché haussier de l’or — en 1974-1976. Cette expérience nous dit que le prix pourrait facilement reculer de 50% durant un marché haussier… pour ensuite reprendre sa hausse.

« En ce moment, les actions aurifères ne sont pas très loin de tenir compte de la fin du monde », déclare Evy Hambro, spécialiste du métal jaune chez Blackrock.

La fin du monde ? Pas tout à fait. La fin du monde peut se produire à tout instant… quel que soit le prix de l’or. Mais nous doutons qu’elle se produise le 2 juillet avec l’or à 1 200 $.

Ce n’est qu’une supposition, là encore… mais le prix de l’or a probablement du chemin à faire à la baisse. Ensuite, il grimpera. Parce que les choses qui ont nourri la hausse de l’or depuis le début sont toujours là. Elles ne sont pas près de disparaître.

Les autorités ont créé une économie qui ne peut pas être durable. Parce qu’elle exige des injections de cash et de crédit toujours plus grandes. Tout le monde sait que ça ne peut pas durer éternellement. C’est pour cette raison que la Fed parle de diminuer les doses. Sauf qu’on ne diminue pas les doses pour traiter une addiction majeure ; il faut d’abord toucher le fond.

▪ L’hyperinflation est-elle inévitable ?
Nous avons expliqué hier pourquoi il ne peut y avoir de « reprise ». L’économie de 1982-2007 était nourrie par la dette. Il a fallu des quantités croissantes de dette pour la maintenir en mouvement, de 150% du PIB en 1980 à 360% en 2007. Mais on ne peut augmenter les doses éternellement. Et en 2007, l’économie tout entière commençait à avoir des crises d’angoisse.

Qu’ont fait les autorités ? Elles sont intervenues avec le seul outil à leur disposition — plus de dette !

William McChesney Martin, directeur de la Fed durant les années Eisenhower, disait que le travail d’un banquier central était « d’éloigner le bol à punch » de temps à autre. Aujourd’hui, un demi-siècle plus tard, la Fed rajoute du gin.

D’une manière ou d’une autre, une économie intoxiquée au crédit doit se mettre à trembler.

Voici John Williams avec un commentaire (via Richard Russell) :

« Rien n’est normal — ni l’économie, ni le système financier, ni les marchés financiers, ni le système politique. Le système financier continue de subir les conséquences et les répercussions de la panique et du quasi-effondrement systémique de 2008, mais également des réactions à ces mêmes événements par la Réserve fédérale et le gouvernement fédéral américain. Une nouvelle panique est possible et l’hyperinflation reste inévitable ».

Nous ne savons pas si l’hyperinflation est inévitable. Mais la panique est quasi-garantie. C’est ce qui arrive quand les gens réalisent que les voisins ont appelé la police. La fête est terminée ; ils se ruent vers la sortie. Et la « fin de monde » revient au programme.

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