La Chronique Agora

L’or et le cuivre en baisse… mais loin d’être définitivement finis !

▪ "En 30 ans, je n’ai jamais vu pire".

La scène se déroulait à la conférence à Vancouver. Le sujet ? Le marché des minières/ressources naturelles. Un tel point de vue était répandu. Les valeurs minières ont chuté de 90%. Les dirigeants disent que les banques ne prennent plus leurs appels téléphoniques. Les promoteurs affirment qu’ils envisagent de se réorienter vers le cloud computing, les jeux vidéo… ou la faillite.

"Vous vous y connaissez en cloud computing ?" demandons-nous.

"Absolument pas, mais je m’y connais en minières. Et je sais que ce n’est pas un endroit où gagner de l’argent".

Dans ces lignes, nous nous faisons le champion des perdants… nous soutenons les marginaux et les campagnes de la dernière chance. C’est en partie un simple attachement romantique et poétique aux losers. Mais il y a aussi un aspect pratique : il y a souvent des profits à faire.

Sur les marchés boursiers, par exemple, nous favorisons désormais la Russie et la Grèce

Sur les marchés boursiers, par exemple, nous favorisons désormais la Russie et la Grèce. Les deux économies seraient à l’article de la mort, dit-on. La Grèce parce qu’elle a vécu au-dessus de ses moyens pendant trop longtemps, et trop emprunté. La Russie a été victime d’un double coup de bambou. Le premier est arrivé quand les prix de l’énergie se sont effondrés. La Russie est l’un des plus grands exportateurs de gaz et de pétrole au monde. Des prix bas signifient des gains bas en devises étrangères. Après quoi, les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux ont trouvé un plan innovant pour lui imposer des sanctions économiques.

La Grèce et la Russie sont peut-être au tapis… mais elles ne seront probablement pas éternellement KO.

Les minières non plus. Mal-aimées. Sous-achetées. Rejetées. Les minières sont la Grèce du secteur de l’investissement — en particulier les minières aurifères.

▪ L’or détesté de tous
Notre collègue Chris prépare désormais toutes les semaines un mémo interne qui sera envoyé à nos rédacteurs et spécialistes dans le monde, soulignant les tendances particulièrement absurdes dans le monde de l’investissement populaire. Cette semaine, il se concentre sur la haine intense vouée au marché de l’or.

Le métal jaune a baissé de quasiment 17% au cours des 12 derniers mois. Et il a perdu près de 40% depuis son sommet d’août 2011.

Comme vous pouvez le voir ci-dessous, le prix de l’or a connu un nouveau plongeon en juillet. Il a perdu 7% de sa valeur en dollar US au cours du mois passé.

Le Washington Post, par exemple, a récemment publié un article intitulé "L’or est condamné".

Selon Bloomberg, l’or est "un short tout droit tiré d’un livre de trading".

Jason Zweig, du Wall Street Journal, affirme que l’or n’est rien de plus qu’un "caillou de compagnie".

▪ Et le cuivre, alors ?
Lui aussi mal aimé, mais certainement pas dans la catégorie des cailloux de compagnie, se trouve le cuivre.

"Le cuivre est le métal le plus important du secteur", a déclaré Robert Friedland mardi. "Plus important que l’or. Parce que le cuivre est partout. Dans les maisons. Les automobiles. Les ordinateurs. Internet fonctionne grâce au cuivre. Donc si le prix du cuivre baisse, cela nous dit que toute l’économie mondiale ralentit".

Nous sommes d’avis que l’économie mondiale toute entière est en train de mourir, à la baisse

Nous sommes d’avis que l’économie mondiale toute entière est en train de mourir, à la baisse. Stephanie Flanders, dans le Financial Times :

"La dernière étude du World Trade Monitor montrait que le volume du commerce mondial a chuté de 1,2% en mai. Il a reculé quatre mois sur cinq en 2015, et n’a augmenté que de 1,5% au cours des 12 derniers mois — moins que la croissance de la production mondiale, et bien inférieur à la moyenne de long terme de 7% environ par an".

Le problème empire depuis quelques temps. Le commerce s’est repris relativement bien en 2010, après la récession — mais s’est montré décevant depuis, augmentant de 3% à peine en 2012 et 2013. A présent, il semble que le monde n’arrive même plus à ces niveaux.

Par ailleurs, la demande d’investissement mondiale continue à être insuffisante. Pendant plusieurs années, les économies des marchés émergents sont allées à contre-courant de cette tendance, mais les investissements ont désormais ralenti dans ces pays également.

Et les décideurs politiques ne devraient pas se persuader que le commerce va les sauver de leurs difficultés économiques comme il l’a fait par le passé.

Si l’économie mondiale ralentit, il y a peut-être peu de raisons de s’attendre à un retour du cuivre de sitôt.

D’un autre côté, le cuivre ne va pas disparaître. Il est essentiel. Et il est toujours cyclique. Les prix grimpent, les minières produisent plus. Les prix baissent, elles réduisent jusqu’à ce que l’offre se raréfie. Donc même son le cours chute… le cuivre n’est pas mort. Et on peut compter sur les autorités pour exagérer le cycle !

Nous doutons aussi que l’or soit fini. Ce qui a déclenché la crise de 2008-2009 était un excès de dette. Aujourd’hui… il y a encore plus d’excès de dette. Ce n’est qu’une question de temps avant que la stabilité factice actuelle cède le pas à une authentique panique.

Et à ce moment-là, le "caillou de compagnie" deviendra "le meilleur ami de l’homme" !

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