La dette publique est l’assise du système monétaire et financier qui échappe désormais à tout contrôle, même celui des banques centrales.
La dette publique a explosé depuis 2008. Jamais le poids des actifs financiers comparé à celui des actifs tangibles n’a été aussi important.
Historiquement, avant la généralisation des monnaies fiduciaires, on était proche de 1 contre 1. Chaque dette était adossée à de l’épargne existante ; vous ne pouviez prêter que ce qui existait déjà.
Depuis l’avènement du créditisme, les banques peuvent prêter de l’argent qui n’existe pas encore. Les actifs tangibles ne représentent plus que 15% de la valeur des actifs financiers — ou 100 contre 15, si vous préférez.
La sphère financière – qui inclut dans mon esprit les gouvernements, les banques centrales et les banques commerciales – a l’immense prétention de réguler l’économie, c’est-à-dire les milliards de décisions émanant d’individus qui « jouent leur peau » au sens de Taleb.
Dans son dernier livre, Taleb expose un principe très simple : il y a de plus en plus de gens qui prennent des décisions dont ils ne subissent pas les inconvénients. Si leur décision est mauvaise, ils sont à l’abri des conséquences négatives et sont par conséquent incapables d’apprendre de leurs erreurs. Ce sont ces gens qui nous gouvernent.
Le capitalisme classique s’autorégule par la faillite. Celui qui a pris trop de mauvaises décisions disparaît du champ économique pour une raison très simple : il ne trouve plus d’argent.
Si, à la suite d’un enthousiasme collectif exagéré, trop de mauvaises décisions avaient été prises par trop de gens, trop de faillites simultanées se produisaient et une crise économique survenait. Puis tout rentrait dans l’ordre.
La faillite fait partie du capitalisme. Vouloir l’éviter fait plonger dans un autre système.
L’avènement de la fausse monnaie du crédit sans contrepartie a gangréné le capitalisme. Les faillites – publiques ou privées – sont neutralisées par toujours plus de crédit. Les zombies prolifèrent. De baisse de taux en baisse de taux, les crédits sont quasi gratuits et de durée infinie.
Des États lèvent de la dette à 100 ans. Des individus qui n’ont jamais entrepris, dont le salaire et la future retraite sont garantis par les contribuables, prennent des décisions dont ils ne subissent aucune des conséquences néfastes. S’ils accèdent au statut enviable de fonctionnaire international ou de représentant international, ils ne paient même pas d’impôts.
Parallèlement, l’économie réelle se retrouve asphyxiée par les mauvaises décisions et la prétention intellectuelle incroyable de cette Parasitocratie. Elle est devenue incapable de fabriquer de la richesse réelle. Elle suffoque tel un poisson sorti de l’eau.
Nos parasitocrates continuent à agiter les idées les plus stupides, à souhaiter les expériences les plus folles en brassant leurs milliers de milliards de dettes pour prolonger leur système. La Théorie monétaire moderne (TMM), le Green New Deal (ou le plan Juncker en Europe, ou la loi pour la croissance verte en France)…
Cependant, ils ont compris une chose : pour prolonger le créditisme, il allait falloir passer à une autre dimension. Quand Alexandria Ocasio-Cortez, représentante de la gauche américaine, et supporter de la TMM, est interrogée sur le risque d’inflation que pose ce système, elle a la solution : la monnaie excédentaire sera retirée par l’impôt.
Evidemment, pour que cela marche, encore faut-il que les cobayes soient bien enfermés. D’où l’idée qu’il faut supprimer les espèces et imposer la société sans cash. Une société de paiements 100% numériques et traçables, c’est aussi la recommandation de l’économiste Kenneth Rogoff.
Pendant que nos constructivistes fous planifient de nous dépouiller, que dit l’or ? L’or est un actif financier depuis environ 5 000 ans. Il présente la particularité de n’être la dette de personne. Vous en avez ou pas, point.
Il semblerait que le cours de l’or s’agite ces derniers temps, aussi bien en dollar qu’en euro.
Depuis le premier janvier, l’or a gagné 4,03% en dollar et 4,54% en euro. Il semblerait que le point bas ait été touché durant l’été 2018. Pour mon collègue américain E.B. Tucker, un signal « contrarien » positif est d’ailleurs apparu lorsque le très populaire gérant de fonds Vanguard a fermé son fonds consacré aux métaux précieux.
Par le passé, le creux était atteint lorsque les rares investisseurs institutionnels qui restaient présents jettent l’éponge. E .B. Tucker a donc vu la décision de Vanguard comme un signe de retournement.
Simultanément, on parle de plus en plus d’or…
L’or de la France, l’or de l’Italie et même l’or du Venezuela…
Rogoff conseille l’or aux banques centrales des pays émergents qui stockent leurs réserves monétaires dans la dette d’Etat en dollar ou en euro, parce que cette dette d’Etat n’est plus aujourd’hui un actif sans risque.
Le surendettement public et privé est devenu tel qu’à mon sens le combat de l’or contre la dette ne fait que commencer. Pour l’or, il n’y a personne et pour la dette, il y a toute la Parasitocratie, ceux qui se nourrissent du créditisme et du capitalisme de copinage.
Si on revenait à un système de crédit sain, dans lequel tout prêt devrait être adossé à une épargne existante ou nanti par un actif réel, la valeur de l’or serait au moins triplée.
Mais ce qui doit vous attirer vers l’or aujourd’hui, c’est autre chose. Au bout du système, la dette d’État est garantie par les contribuables. Il n’y a pas d’argent gratuit, même si les illusions peuvent tenir un certain temps. La dette d’Etat est tout simplement de l’impôt qui n’a pas été levé. L’ardoise finira par nous être présentée, entraînant toutes les faillites qu’on a prétendu différer.