▪ L’or se tient au-dessus des 1 700 $. Et tout le monde dit que l’économie américaine se reprend.
Les inquiets peuvent se rassurer, disent les experts. Les Etats-Unis ont abondance de pétrole bon marché. Le chômage baisse. L’immobilier grimpe.
Ce n’est pas le moment d’acheter de l’or, disent-ils. Ce n’est pas la fin du monde. Vous n’en aurez pas besoin.
Depuis le début de l’année, nous entendons les analystes répéter que le marché haussier de l’or est terminé. Récemment, l’expert es matières premières de Goldman Sachs annonçait que l’or baisserait, à mesure que les taux d’intérêt réels redeviennent positifs.
C’était bien d’avoir de l’or lorsque le monde traversait une crise financière, disent les baissiers. Cela ne faisait pas de mal d’en avoir quand le prix du pétrole dépassait les 150 $ le baril, admettent-ils. Mais maintenant… les problèmes sont derrière nous. Les marchés se sont stabilisés. L’Europe a trouvé le moyen de gérer ses problèmes de dettes souveraines. La Chine n’explosera pas de sitôt. Et les Etats-Unis sont sur la route d’une reprise durable, grâce en grande partie à une gigantesque nouvelle production de pétrole et de gaz.
Qui a besoin d’assurance dans un monde où rien ne va sérieusement mal ?
Malgré tout, l’or dépasse les 1 700 $. Il a pris environ 150 $ depuis le début de l’année. Voyons voir… ça fait une augmentation de près de 10%. Pas trop mal pour une police d’assurance.
Et on apprend dans le Financial Times que les Américains achètent tant de pièces d’or que l’Hôtel des Monnaies US a du mal à suivre :
« La demande de pièces d’or aux Etats-Unis a grimpé en flèche depuis l’élection présidentielle, les petits investisseurs s’inquiétant de l’inaction [gouvernementale] en ce qui concerne l’explosion de la dette aux Etats-Unis ».
Les idiots. Ne savent-ils pas qu’il n’y a pas de quoi se faire du souci ?
▪ Les banques centrales étrangères passent à l’or
Mais que voyons-nous ? Apparemment, les banques centrales étrangères sont elles aussi un peu idiotes. Voici un autre article du Financial Times :
« En 2009… la Chine a annoncé qu’elle était en train d’acheter de l’or, et l’Inde a acquis 200 tonnes auprès du Fonds monétaire international ».
« Depuis, la Thaïlande, la Corée du Sud, le Sri Lanka et le Bangladesh en ont acheté des quantités significatives pour la première fois depuis des années, faisant des banques centrales asiatiques le moteur des achats officiels dans le secteur ».
« A présent, le virus de l’or semble se propager à l’Amérique latine ».
Pourquoi ces banques centrales achètent-elles de l’or ? Ne savent-elles pas que des réserves d’or ne leur rapportent pas d’argent ? Ne savent-elles pas qu’elles s’en tireraient mieux avec des bons du Trésor US ? Ne savent-elles pas que le dollar vaut de l’or ?
Apparemment pas.
Nous n’en sommes pas certain non plus. Si les Etats-Unis vivaient vraiment une reprise, nous verrions vite les taux d’intérêt grimper… et avec eux les prix à la consommation. On s’attendrait à ce que l’or suive le mouvement général. A ce moment-là, les choses deviendraient très intéressantes. La Fed devrait choisir entre abandonner ses politiques monétaires ultra-souples ou risquer une inflation galopante.
Si la Fed nous « faisait un Volcker », nous serions d’accord ; il serait temps de vendre l’or. Mais 2013 n’est pas 1979. Et Bernanke n’est pas Paul Volcker. Il est plus probable que Bernanke nous « fasse un Gono ». Gideon Gono est responsable de l’hyperinflation qui a eu lieu au Zimbabwe entre 2006 et 2008 — quand la valeur du dollar zimbabwéen n’a pas simplement chuté — elle a complètement disparu.