La Chronique Agora

Opération vérité de Bruno Le Maire au 20H

Bruno Le Maire croissance France

Wall Street étant clos ce 19 janvier, pour cause de célébration du President’s Day, une séance soporifique s’annonce en Europe en l’absence des opérateurs américains.

Mais la Bourse de Paris échappera peut-être à un électroencéphalogramme plat grâce à la prestation de Bruno Le Maine au « JT de 20H » sur TF1, ce dimanche 18 février.

Il est en effet venu dérouler tout un lot de mauvaises nouvelles, bien trop triviales pour que notre Président de la République s’abaisse à accorder une interview en « Prime Time » un dimanche soir et à s’expliquer face aux Français pour si peu.

Ce dernier a d’autres priorités… des « dossiers » bien plus stratégiques à traiter. De ceux qui engagent l’avenir de la planète et qui pourraient le faire entrer dans l’Histoire comme un nouveau Churchill ou un Soliman le Magnifique…

Car l’hôte de l’Elysée est tout à son bonheur de célébrer un accord – constitutionnellement illégal puisque non ratifié par notre Parlement – conclu avec l’Ukraine ce 16 février qui ouvre la porte à un traité de défense mutuelle (un ersatz de ce qui lie entre eux les membres de l’OTAN) pouvant aboutir à la mobilisation de soldats français pour aller se battre sur le sol ukrainien.

Mais surtout, en accélérant la livraison de missiles de longue portée « Scalp » à l’Ukraine, il prend le risque que Kiev en utilise pour des frappes en profondeur sur le territoire russe, au risque de toucher une ville (Moscou a déjà été visé à de nombreuses reprises par des drones)ou, pire, une installation militaire stratégique, ce qui en matière de doctrine de défense russe, peut appeler une riposte nucléaire contre le pays belligérant ou cobelligérant (qui fournit et opère des armes utilisées pour détruire des objectifs vitaux aux yeux de Moscou).

Notre Président était également très fier d’annoncer vendredi dernier (le 16/02) une aide de 3 Mds€ en faveur de l’Ukraine en 2024 (doublé par rapport à 2023)… et c’est naturellement à notre ministre de l’économie de trouver dans quelles poches aller les prélever.

Ce sera naturellement dans celles des Français les plus modestes puisqu’il est hors de question d’intensifier la lutte contre la fraude et l’optimisation fiscale, et de démoraliser nos milliardaires au moment où la croissance s’évapore, à tel point que la France et l’Europe sont entrées en récession.

Manifestement, la guerre économique contre la Russie ne produit pas les effets escomptés puisque Vladimir Poutine revendique une accélération de la croissance en 2024 et affirme que son pays a ravi la pole position européenne en matière de production industrielle à l’Allemagne (l’homme malade de l’Europe depuis le sabotage de Nord Stream par un mystérieux « malfaisant » dont personne n’est capable de cerner l’identité 18 mois après les faits).

Nous pouvons démentir d’une certaine façon les fanfaronnades de Poutine au sujet de son leadership en Europe… puisque la Russie n’en fait plus partie.

La Russie est bannie du rang de nation par l’Occident et ne fait donc plus partie de l’Europe, ni de rien d’autre d’ailleurs.

Elle ne sera d’ailleurs pas représentée aux Jeux Olympiques par ses athlètes… si jamais ils envisageaient de défiler sous le drapeau blanc-rouge-bleu.

La France – malgré l’organisation des JO – fait en revanche partie des pays donc la croissance s’évanouit comme l’a confirmé le ministre de l’Economie sur TF1 ce dimanche 18 février. Il a abaissé la prévision de croissance française de +1,4% à +1% en 2024, un score auquel le FMI est le seul à croire encore.

En effet, la Commission européenne vient, elle aussi, de réduire de -0,4% sa prévision de croissance pour la zone euro et la France, à 0,8% contre 1,2%, tandis que l’OCDE n’anticipe pas plus de 0,6% cette année dans l’Hexagone, estimation en retrait de 0,2 point par rapport à ses dernières prévisions trimestrielles de novembre… et des économistes comme Marc Touati (voir notre débat sur notre chaine YouTube) jugent plus crédible une hausse de +0,5%).

Et même si, par miracle, notre PIB augmentait de +1%, la promesse de Bruno Le Maire de ramener le déficit public à 4,4% fin 2024 sera quasi impossible à tenir avec les largesses présidentielles envers l’Ukraine… à moins que Brucelles ne les rende « déductibles ».

Notre Ministre/écrivain compte pourtant y parvenir au moyen d’un nouveau plan d’économies d’environ 10 Mds€, qui va passer par des coupes budgétaires dans tous les ministères… et y compris celui de la santé (alors que les décès aux urgences de personnes pouvant être sauvées s’accumulent faute de personnel en quantité suffisante… et ne parlons pas des fermetures de services ou de l’impossibilité de recruter des généralistes et des infirmières dans le service public).

Bruno Le Maire compte également « réduire l’aide au développement de près de 1 Md€… une mesure qui bien évidemment ne s’applique pas à l’Ukraine qui touchera 3 Mds€ (20 fois l’aide promise à nos agriculteurs en crise).

Vous l’avez compris, certains sont « plus égaux que d’autres » face aux efforts de redressement des finances publiques.

Ce sera donc à chaque Français de se serrer la ceinture (800 Mds€ d’économies sur les remboursements de frais médicaux attendus en 2024) et de faire des sacrifices (au nom de la Paix en Europe et de l’indispensable victoire sur la Russie, quoi qu’il en coûte) car il faut éviter de décevoir Bruxelles et d’alarmer les agences de notations qui rendront leur verdict au printemps. Une dégradation de « rating » de notre dette ferait mauvais effet auprès de nos créanciers. Pour rappel, l’Elysée a promis de ramener le déficit de la France sous les 3% et la dette publique à 108,3% d’ici à 2027.

Bruno Le Maire a cependant rappelé son engagement formulé il y 7 ans de « ne pas augmenter les impôts… car les Français en ont marre des impôts ». 

Curieusement, il venait de déclarer quelques jours auparavant que vu la conjoncture, il devenait difficile d’écarter totalement des hausses d’impôts pour rétablir les équilibres budgétaires. Donc, après l’explosion du prix de l’électricité et des taxes qui s’y appliquent, la hausse du prix de l’abonnement pour le gaz – et comme tout cela ne suffit pas à combler les déficits –, si Bruno Le Maire réaffirme qu’il n’y aura pas de hausse d’impôts, c’est qu’une grêle de mauvais coups va s’abattre cette année sur le contribuable, peu importe l’intitulé du racket dont il va être victime (surtout s’il est propriétaire d’un patrimoine immobilier, le « rentier » étant la bête noire de l’Elysée).

Il faut donc s’attendre à une véritable hémorragie de pouvoir d’achat ces prochains mois, et donc à une multiplication des faillites d’entreprises, notamment dans le secteur de la construction et des métiers du bâtiment (250 000 à 300 000 emplois menacés d’ici 2025, si rien ne change).

Et là, ce sont les banques qui vont avoir un problème… mais ce sera l’objet de notre prochaine chronique.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile