La Chronique Agora

On ne corrige pas des erreurs financières en les subventionnant

** Que devient tout l’argent des renflouages gouvernementaux ? Qu’en est-il du plus grand programme gouvernemental depuis la Seconde Guerre mondiale — la lutte contre le capitalisme ? Qu’en est-il de l’engagement financier le plus coûteux de l’histoire ? Plus grand que les pyramides, plus cher qu’Alexandrie et Babylone combinées, plus colossal que le colosse de Rhodes…

* Environ 15 000 milliards de dollars ont été assignés au grand programme de renflouage/relance des Etats-Unis. Ca ne devrait pas manquer de court-circuiter la correction et accélérer l’économie, n’est-ce pas ?

* Eh bien… non.

* Parce qu’on ne peut pas corriger des erreurs financières en les subventionnant. On ne peut effacer de mauvais investissements en y mettant plus d’argent. On ne peut transformer de mauvaises entreprises en bonnes entreprises en leur donnant de l’argent. Et on ne peut guérir les maux d’une dette excessive en empruntant plus d’argent.

* Au lieu de contraindre les gens à corriger les erreurs de l’ère de la bulle, les gouvernements font tout ce qu’ils peuvent pour maintenir à flot les mauvais investissements, garder en vie des entreprises mortes et tenir en activité des banques zombies. Plus les autorités injectent de l’argent, plus l’économie met de temps à corriger les erreurs et s’adapter aux nouvelles réalités.

** Tout de même, cet argent doit bien aller quelque part, non ? Une bonne partie n’ira-t-elle pas dans les cours des actions ?

* La réponse est "peut-être".

* Mais cet argent qui pourrait aller dans les actions, d’où provient-il ? Ah, cher lecteur, c’est là qu’il y a un os… une mouche dans la confiture… un souci.

* Chaque dollar employé pour soutenir Wall Street, par exemple, doit venir d’ailleurs. Nous avons vu cette semaine un titre rapportant que "les riches deviennent plus riches à Wall Street". Evidemment. Au lieu de faire faillite et d’être licenciés — comme ça aurait dû être le cas — le gouvernement intervient pour leur donner encore plus d’argent. Non seulement les banques restent sur pied, mais elles peuvent verser à leurs gestionnaires des bonus encore plus gros.

* Le gouvernement emprunte à l’économie privée — de l’argent qui aurait pu être prêté à un entrepreneur… ou à une boulangerie… ou à un propriétaire — et le met au travail. Il est vrai que durant une contraction du crédit, l’emprunt semble baisser. Mais il le fait pour une bonne raison. L’économie ne fonctionne pas correctement. Les gens ne savent pas quels projets vont fonctionner ou pas. De plus, les prix des actifs — qui tendent à soutenir les prêts — chutent. Qui voudrait se risquer à prêter de l’argent lorsque le nantissement pourrait disparaître ? Les nouveaux prêts traversent donc une période de gel… jusqu’à ce que la période de choc, d’ajustement et de restructuration soit terminée.

* La théorie des autorités, c’est qu’elles ne font que mettre au travail des ressources oisives… afin de faire repartir l’économie. Ce qu’elles font vraiment, c’est tirer des ressources d’une oisiveté sûre pour les gâcher dans des projets actifs qui ne rapportent rien. Ce n’est pas là la base d’un authentique marché haussier. C’est la base d’une grosse déception.

* Et cela ajoute près de 2 000 milliards de dollars de nouvelle dette au bilan fédéral américain chaque année.

* Mais attendez… le gouvernement ne fait pas qu’emprunter de l’argent, il crée aussi de l’argent "à partir de rien". Et CA, ça va allumer le feu sous l’économie, non ?

* Eh bien, oui et non. Mais c’est un trop gros sujet pour aujourd’hui… nous allons donc le garder pour un autre jour.

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