La Chronique Agora

Les obligations souveraines françaises sont sur une très mauvaise pente

▪ Les rendements obligataires français montent en flèche. C’est ce qu’on pourrait appeler une mauvaise nouvelle pour la France… et pour le reste du monde.

C’est une chose lorsque les mauvais payeurs chroniques comme la Grèce et le Portugal luttent pour joindre les deux bouts. Mais cela en est une autre lorsque les piliers de l’économie européenne commencent à montrer des failles.

Cette semaine, le rendement des obligations françaises d’Etat à 10 ans  a atteint 3,71% — comparé à 2,44% il y a environ deux mois. La hausse rapide des taux n’est pas tellement inquiétante… jusqu’à ce qu’on la compare aux rendements obligataires allemands. Le graphique ci-dessous montre la différence (ou écart, ou spread) entre les rendements obligataires allemands et les rendements obligataires français depuis la création de l’euro.

Au cours de ces douze années, les obligations d’Etat françaises à 10 ans ont offert des rendements à peu près identiques aux rendements obligataires allemands. Autrement dit, les investisseurs obligataires considéraient les obligations d’Etat françaises aussi sûres que les obligations d’Etat allemandes.

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Après la crise du crédit de 2008, les rendements obligataires français ont légèrement augmenté par rapport aux rendements allemands mais pas de manière significative. Plus récemment, alors que les investisseurs se sont déchargés des obligations émises par la Grèce, le Portugal, l’Italie et autres émetteurs souverains « douteux », ils se sont rués en masse sur les obligations françaises et sur les obligations allemandes, dans une recherche de placements plus sûrs.

Mais depuis ces dernières semaines, les spreads des obligations françaises sont sur « une dynamique explosive » comme disent les traders. Apparemment, les investisseurs obligataires commencent à se défier de la dette française et ne la considèrent plus comme un actif sûr, du moins par rapport à la dette allemande. Les investisseurs se sont donc mis à vendre les obligations d’Etat françaises de façon très agressive au cours de ces dernières semaines, tout en continuant à acheter des obligations d’Etat allemandes.

Résultat : les rendements français montent en flèche alors que les rendements allemands chutent, provoquant un spread record entre les deux jamais enregistré dans l’ère de l’euro. Le graphique montre un spread de 1,50% entre les obligations françaises à 10 ans et les obligations allemandes à 10 ans. Mais ce chiffre appartient déjà au passé. Aujourd’hui, le spread est de 1,90%… et il n’est pas près de se réduire.

▪ Mais en quoi tout cela nous intéresse-t-il ? Cela nous intéresse parce que la France n’est pas la Grèce.

Selon les recherches fascinantes menées par Reinhart et Rogoff, la Grèce se distingue — tristement — par le fait qu’elle est le pays de la Zone euro à avoir le plus dépensé dans son histoire moderne en défaut ou en restructuration de la dette. Depuis qu’elle a gagné son indépendance il y a 182 ans, la Grèce a passé 94 années en défaut ou en restructuration. L’Espagne arrive loin derrière sur la liste, n’ayant passé que 24% des deux derniers siècles en défaut. Puis arrive l’Autriche avec 17% et l’Allemagne avec 13%.

La France n’a jamais fait défaut au cours des 200 dernières années… du moins pas totalement. Elle a fait défaut sur ses dettes de la Première Guerre mondiale vis-à-vis des Etats-Unis (c’est un point à souligner…). En termes de défaut souverain global, cependant, la France a l’un des historiques les moins entachés de ces deux cents dernières années sur le continent européen.

Mais il s’agit du passé et aujourd’hui est un autre jour. En ce moment même, l’histoire honorable du crédit français importe peu. Ce qui est très important, c’est que les banques françaises détiennent de la dette souveraine grecque, portugaise, espagnole et italienne pour une valeur en centaines de milliards d’euros — ceux-là même dont la valeur s’effondre.

Si les grandes banques françaises sont en difficulté, les finances du gouvernement français le seront aussi. Du moins, c’est ce que suggèrent les calculs.

La trajectoire fortement à la hausse du prix des obligations françaises signale une nouvelle phase de la crise de l’euro — une phase qui pourrait conduire plusieurs emprunteurs souverains au défaut et pourrait coûter la vie à au moins une grande monnaie occidentale.

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