Tout l’air du temps se retrouve dans les événements de cette dernière semaine.
Il ne faut hélas pas compter sur les journaux pour avoir des informations intéressantes et utiles sur les événements qui se déroulent en France.
Je n’espérais rien des médias français, mais je m’attendais à un peu de travail, de recherche et de curiosité de la part des médias étrangers.
Hélas ce n’est guère mieux ; il faut dire que l’affaissement des médias sous emprise du business et de la publicité est international, du moins dans le monde occidental.
Les descriptions dominent, avec quelques rappels historiques superficiels, mais elles sont succinctes, sans perspicacité ou originalité ; et ne parlons pas du talent ! Il a disparu des colonnes.
Quant aux idées, j’en cherche vainement.
Nous sommes pourtant face à une situation intellectuellement passionnante, force est de le reconnaître ; c’est un véritable défi que de la comprendre !
Défi sociologique, politique, éthique, géopolitique, économique, psychologique ; il y a de quoi faire nom de nom, au-delà des crétineries sur les jeux vidéo, le racisme bébête, et la démission des parents.
Marée de négativité
C’est tout l’air du temps qui est cristallisé dans ces événements : la paupérisation, la mondialisation, la dépossession, la destruction des structures anciennes, la montée des anti-modèles, la fin de la figure du Père et du modèle phallique, la prégnance de la pub, de la com, de la consommation, et puis la religion bien sûr.
Nous sommes dans une marée de négativité.
La négativité est un en-soi.
Elle submerge nos sociétés, mais elle peut avoir n’importe quel contenu, du moment que ce contenu est négatif, qu’il s’oppose, qu’il rejette, du moment qu’il permet de manifester une révolte, un NON, que l’on ne peut plus extérioriser autrement.
Dans le vieux temps, la lutte des classes et sa traduction politique partisane permettaient la structuration, la canalisation, la sublimation, et la purification en quelque sorte de la négativité.
Elle la plaçait au cœur de la civilisation, et la faisait sortir de la barbarie et du sauvage.
Elle permettait la prise en compte du négatif. Elle permettait de faire intégrer la négativité dans le champ social et politique ; intégration indispensable à l’Aufhebung.
Note : Le verbe allemand correspondant est aufheben. Le mot caractérise le processus de « dépassement » d’une contradiction dialectique où les éléments opposés sont à la fois affirmés et éliminés et ainsi maintenus, non hypostasiés, dans une synthèse conciliatrice.
Crime et erreurs
L’évolution de nos sociétés vers le parti centriste unique fascisant qui rejette le reste de la société aux extrêmes est un crime. Les sans-dents devenus les sans-voix n’ont pas de possibilité de faire valoir leur citoyenneté et d’affirmer leur refus du monde qu’on leur impose.
La disparition et le sabordage des intermédiaires de la lutte des classes fait que la négativité est devenue polymorphe, envahissante, diffuse ; comme un complexe dont on ne peut plus dénouer les fils. Quand on tire sur l’un des fils croyant le dénouer, un autre se resserre ailleurs, et toute action a pour conséquence une autre action ou réaction négative. Tout cela rend les problèmes insolubles.
Sans compter le vice des super-classes qui tirent les marrons du feu grâce à l’émiettement de la société qui empêche la constitution de tout front commun contre elles !
Que dire de l’erreur, de la faute de Mélenchon, qui refuse de prendre en compte le besoin légitime de sécurité des classes inférieures et moyennes pourtant les plus menacées par ces événements, et perd ainsi toute occasion d’élargir son petit front de bobos wokenisés…
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]