Les dirigeants qui imposent les sanctions envers la Russie ne semblent pas avoir compris que les matières premières essentielles s’achètent et se vendent sur des marchés mondiaux…
Les médias prennent un malin plaisir à tenir le décompte des soldats russes morts au combat et du matériel militaire russe détruit en Ukraine. On ne compte plus le nombre de vidéos montrant des chars d’assaut russes détruits.
En revanche, pas un mot sur les pertes militaires du côté ukrainien, pas une vidéo sur les chars ukrainiens et le matériel militaire ukrainien réduits en cendres. Mais ne vous méprenez pas, l’Ukraine a subi de lourdes pertes dans sa guerre contre la Russie.
Et pendant ce temps, la Russie progresse dans l’est de l’Ukraine. La Russie a annexé Lyman (un centre logistique stratégique) et est en train d’encercler l’armée ukrainienne dans la ville de Severodonetsk.
Les médias grand public ne peuvent plus occulter les faits
Même le Washington Post reconnaît les succès russes :
« La ville de Severodonetsk, près de Lysychansk, est cernée sur trois côtés par les forces russes. Durant le week-end, ils ont détruit un des trois ponts menant à la ville et ils bombardent constamment les deux autres. Les troupes ukrainiennes à l’intérieur de Severodonetsk se battent pour empêcher les Russes d’encercler complètement la ville.
Les Russes pourraient progresser au nord vers Lysychansk et encercler complètement Severodonetsk. Cela leur permettra alors de partir à l’assaut de villes plus grandes dans la région. »
Dans le même temps, Bloomberg reconnaît désormais que « les troupes russes contrôlent presque toute la région de Luhansk, dans l’est du pays.
Un commandant d’unité ukrainien en mission dans la région concède que la vérité est camouflée à des fins de propagande :
« Les pertes sont tenues secrètes pour protéger le moral des troupes et du grand public. ‘La télévision ukrainienne, n’évoque aucune perte. Ce n’est pas vrai.’ »
Je n’aborde pas ce sujet parce que je suis pro-russe. Ce n’est pas le cas. La seule chose qui m’intéresse est la vérité, et force est de constater que les médias n’ont pas dit la vérité (rien de nouveau de ce côté).
Sanctions
En plus de la guerre médiatique, il y a la guerre financière contre la Russie.
Les sanctions sont multiples : saisie des avoirs des oligarques russes, à l’exception des banques russes faisant partie du système international de paiement SWIFT, gel des actifs de la banque centrale de Russie, interdiction de réaliser de nouveaux investissements en Russie, interdiction d’exporter des semiconducteurs et des technologies de pointe vers la Russie, interdiction d’atterrir sur le sol américain pour les avions russes (sauf pour les atterrissages d’urgence) et arrêt des exportations de pétrole russe vers les Etats-Unis.
L’Union européenne, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon et d’autres alliés des Etats-Unis ont imposé des sanctions similaires. La Russie a répliqué en interdisant les exportations de métaux stratégiques et d’autres intrants essentiels vers ses adversaires et stoppé les exportations de gaz naturel vers la Pologne et la Finlande, dans un premier temps, avant d’ajouter d’autres pays, dont l’Italie et la France, à la liste, plus récemment.
Quelles sont les conséquences de tout cela ?
Les Etats-Unis perdent la guerre financière
Les choses ne se passent pas si bien que ça pour les Etats-Unis et leurs alliés.
Les oligarques russes se sont vu saisir leurs yachts et leurs villas, mais c’est exactement que veut Vladimir Poutine. Les soutiens du président russe viennent de l’armée, des services de renseignement, de l’église orthodoxe et du peuple russe. Vladimir Poutine considère les oligarques comme des menaces potentielles et il est ravi de voir les Etats-Unis les détruire financièrement.
Le rouble est actuellement plus fort que lorsque la guerre a commencé. Le taux de change était de 80 roubles pour un dollar fin février et il est maintenant de 55 roubles pour un dollar. Cela représente un gain de 31%. La banque centrale de Russie (BCR) a réduit ses taux d’intérêt, alors que la Réserve fédérale américaine relève les siens. La BCR a même indiqué qu’elle pourrait abaisser ses taux encore une fois dans les prochains mois, en réponse à la hausse du rouble.
Surtout, l’excédent commercial de la Russie a atteint 96 Mds$ sur la période de janvier-avril 2022. C’est environ trois fois plus que sur la même période en 2021. La Chine, l’Inde et d’autres pays font la queue pour acheter de l’énergie russe dans le cas où les Européens décideraient de ne plus s’approvisionner auprès de la Russie.
On ne sait pas comment l’Europe pourrait combler le déficit énergétique que cela engendrerait (il faudrait au moins trois ans), mais une chose est sûre, c’est que cela coûtera plus cher.
Et malgré toutes les sanctions que se plaisent à relater les médias, la Russie continue à approvisionner l’Europe en pétrole et en gaz naturel et la Russie est toujours payée en dollars ou en euros. Ces paiements sont faits sur un compte spécial de Gazprombank et ne sont pas visés par les saisies imposées par les Etats-Unis (la Russie est toutefois soumise à des restrictions quant à l’utilisation des fonds).
Vladimir Poutine est le grand gagnant
Les dirigeants américains et européens qui imposent ces sanctions ne semblent pas avoir compris que les matières premières essentielles, comme le pétrole et le gaz naturel, s’achètent et se vendent sur des marchés mondiaux.
Si l’Europe décide de s’approvisionner ailleurs en énergie, il lui faudra payer le prix mondial, le même que la Russie fait payer à l’Inde ou d’autres pays. C’est ainsi que fonctionnent les marchés des matières premières. La seule différence est que le prix sera plus élevé pour tout le monde, y compris pour les conducteurs et les ménages américains, à cause du boycott et des sanctions.
Le grand gagnant est Vladimir Poutine, car la Russie vend plus de pétrole et de gaz naturel qu’elle n’en achète.
Cela vaut également pour les métaux stratégiques comme l’aluminium, le titane, le palladium, le platine, ainsi que pour les métaux précieux comme l’or et l’argent et pour les matières premières comme le blé, l’orge et le maïs.
Les sanctions américaines et européennes chamboulent les marchés mondiaux et pénalisent financièrement les citoyens russes. Pourtant, la grande gagnante reste la Russie.
Certes, le PIB russe s’est légèrement contracté et le pays doit composer avec une inflation faible, mais les Etats-Unis ont pâti largement plus de la guerre financière. Les prix de l’énergie, des produits alimentaires et du logement flambent en partie à cause des pénuries d’approvisionnement engendrées par la guerre financière que les États-Unis ont lancée.
Gare aux va-t-en-guerre
Il est inquiétant de voir que les États-Unis sont incapables de penser avec deux coups d’avance lorsqu’ils se précipitent pour infliger des sanctions qui ne servent qu’à soulager leurs pulsions immédiates. Le gouvernement américain a déclaré que les sanctions seraient levées uniquement lorsque les dernières troupes russes auront quitté l’Ukraine.
Soit, mais les Russes ne sont pas près de quitter l’Ukraine. Préparez-vous donc à souffrir financièrement puisque la guerre est vouée à durer, et le coût de la guerre est voué à augmenter.
En attendant, on peut uniquement espérer que les va-t-en-guerre qui sévissent dans les médias et dans le paysage politique ne nous envoient pas au front en Ukraine. Malheureusement, leur rhétorique penche de plus en plus vers un changement de régime en Russie, qui aura pour seul effet d’acculer Vladimir Poutine.
Et un autocrate acculé, comme un animal acculé, est extrêmement dangereux. On ne sait jamais quand il va perdre la tête.