Par Isabelle Mouilleseaux (*)
Rien ne va plus…
Les indices plongent, les matières premières s’enfoncent, le baril de brut WTI s’effondre sous les 100 $… Il n’y a hier finalement que l’or qui ressort dans le vert, repassant au-dessus des 800 $.
Le bain de sang est tel qu’on n’a même pas entendu parler de la production industrielle américaine. Celle-ci est ressortie en fort recul de 1,1% sur août — sa plus forte baisse depuis septembre 2005, bien au-delà du consensus. L’économie américaine s’embourbe, tractée par une industrie automobile au plus mal.
Je l’avais dit aux lecteurs de L’Edito Matières Premières & Devises fin juillet, au moment où l’euphorie battait son plein sur les marchés : la crise est devant nous !
Serions-nous à présent en train de passer d’un excès d’inflation à son contraire ? Depuis quelques semaines, tout baisse ! Bourses occidentales, bourses émergentes, prix de l’immobilier (même en France !), matières premières… on ne sait plus à quoi se raccrocher !
Il y a six mois, Bear Stearns évitait de justesse la faillite
Rappelez-vous. Nous assistions alors à un sauvetage in extremis de Bear Stearns par son concurrent JP Morgan Chase, le tout orchestré par la Fed. "La crise est derrière nous", entendait-on alors sur les marchés et dans toute la presse…
C’était ensuite au tour de Fannie Mae et Freddie Mac
Les deux banques échappent d’un cheveu à la banqueroute qui aurait immédiatement fait imploser le système bancaire mondial tant les sommes en jeu étaient significatives et répandues sur l’ensemble de la planète finance.
5 400 milliards de dollars !! Rares sont les banques qui ne détiennent pas leurs actifs ! Cette fois, dans l’urgence, les autorités monétaires ont mis 200 milliards de dollars sur le tapis pour renflouer les comptes des deux monstres spécialisés dans le prêt hypothécaire. Une quasi-nationalisation !
Cette semaine, c’était au tour de Lehman Brothers
160 ans d’existence, la quatrième banque d’investissement des Etats-Unis. "Too big to fail !", vous aura-t-on certainement dit…
Pourtant, la Fed lâche Lehman Brothers. Vous n’allez pas me croire si je vous le dis, mais vendredi soir mon intuition me criait que le sauvetage de Lehman allait échouer et que les marchés ouvriraient lundi en forte baisse…
Pourquoi ce lâchage ?
La Fed est la mieux placée pour savoir précisément quels seront les prochains établissements financiers au bord du précipice. Je pense qu’elle préserve ses munitions pour faire face à des sauvetages plus cruciaux que celui de Lehman Brothers.
En clair et sans décodeur : le marché peut "avaler" la faillite de Lehman, pas celle de Fannie et Freddie, sous peine de faire sauter la planète bancaire. Et à mon avis, si la Fed préserve ses munitions, c’est sans doute parce qu’elle estime que nous sommes loin d’en être à la fin du processus…
La suite dès demain…
Meilleures salutations,
Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora
(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.