Mes trois derniers billets de fin de semaine laissent à penser que régnerait dans le landerneau politique parisien une atmosphère woodstockienne où chacun aime son prochain. Comme vous ne le savez que trop bien, en politique, ce n’est pas tous les jours la Saint-Valentin.
Ceux qui poursuivent la lutte des classes en chanson
Au premier niveau sur l’échelle de la véhémence politique, on trouve l’expression artistique, en particulier la chanson. Ce genre de procédé présente l’avantage de ne pas remettre en cause l’intégrité physique de votre adversaire, tout en vous réservant la possibilité d’être percutant sur le plan du combat d’idées. Olivier Besancenot n’a pas hésité à taper dans le répertoire rap…
Si vous vous intéressez au flow du facteur le plus médiatique de France, voici ce que cela donne :
« Les uns contre les autres il nous dresse/ Nous stigmatise, nous oppresse/ En victimes voudrait qu’on pose/ s’attaque aux effets, jamais aux causes/ Tout p’tit, mon héros c’tait l’père Noël/ A part à gauche, c’est tous des brêles… ».
Si vous n’avez pas remarqué que la dernière ligne est de moi, merci, vous m’en voyez très flatté.
Pour ceux qui voudraient s’autoriser une pause détente de 10 secondes (parce qu’au-delà, ça fait vite trop), le morceau « Diviser pour mieux régner (feat. Jo) » est en accès libre sur YouTube, alors n’hésitez pas.
Cernés par les crétins ?
Vous savez que le correspondant européen de Libération à Bruxelles Jean Quatremer ne porte pas les gilets jaunes dans son cœur puisqu’il y voit un « mouvement de beaufs […] poujadistes et largement d’extrême-droite ». Notre journaliste, toujours ébloui par son don pour l’analyse politique chiadée, en a remis une couche au sujet des électeurs de Matteo Salvini.
Comme l’a à nouveau démontré Emmanuel Macron – dont Jean Quatremer est un soutien de la première heure – avec sa « lettre aux Européens », les Français n’ont décidément pas leur pareil pour révulser les autres de leurs lumières…
Je viens à l’instant de découvrir la règle du jeu avec notre journaliste « pacifié », Jean Quatremer : une insulte par contradicteur.
Avec ce genre de pratiques, le journaliste star de Libération n’a-t-il finalement pas fait que préparer le terrain à son champion ?
Au fait, on n’avait pas dit « pas d’amalgame » ?
Emmanuel Macron n’a pas fait dans la demi-mesure suite aux violences perpétrées sur les Champs-Elysées lors de l’Acte XVIII des gilets jaunes.
Son secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur s’est empressé d’emboîter le pas du président au micro de RTL.
A la question « vous ne faites pas la distinction entre la plupart des gilets jaunes qui étaient sur les Champs-Elysées et les casseurs ? », Laurent Nuñez a en effet répondu de manière on ne peut plus claire : « casseurs et gilets jaunes… je ne fais aucune distinction, des individus tous ultra-violents ».
Bernard-Henri Lévy nous a bien sûr fait profiter de sa vision très affûtée de la situation politique au lendemain de ces événements.
La maire de Paris a quant à elle déclaré au Parisien :
« Ce que j’ai vu ce soir, ce sont des groupes d’extrême-droite qui veulent fragiliser la démocratie et des groupes de pilleurs. »
Comme Anne Hidalgo semble avoir besoin que quelqu’un lui fasse les sous-titres, le magistrat Charles Prats s’y est collé.
Malheureusement, du côté des partis politiques qui tentent de mettre en avant la carte de la sécurité, la France est décidément très mal équipée…
On a connu nos politiques et nos journalistes un peu plus méticuleux pour désigner l’ennemi. Espérons que tout cela ne finira pas en expérience de Milgram grandeur nature, comme le craint Philippe Béchade.
« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. »
Admettons que vous ayez un objectif politique. Vous avez suivi l’exemple de BHL en posant que votre ennemi politique – une personne ou un mouvement – est « factieux » et « anti-républicain » […] « depuis le premier jour ». Ceci posé, que vous reste-t-il comme outils à disposition dans votre trousse si vous n’êtes pas parvenu à totalement décrédibiliser votre ennemi ? (Oui, à ce stade, il va de soi que l’on ne parle plus d’« adversaire » ni d’« opposant »).
Rassurez-vous, vous n’êtes absolument pas démuni puisqu’il vous reste toujours la possibilité de nazifier votre cible.
Je vous retrouverai la semaine prochaine pour poursuivre notre visite du musée des procédés d’annihilation des ennemis politiques. Terminus en salle des tortures…