La Chronique Agora

Normalisation ou scénario de stagflation?

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Le scénario de stagflation semble de plus en plus probable… mais faut-il réellement craindre une spirale inflationniste ?

Le scénario de stagflation a pris un peu plus de vraisemblance récemment… avec la publication aux USA d’un PIB négatif pour le premier trimestre jeudi, et des indices d’inflation élevés vendredi.

Mais, je ne fais pas partie de ceux qui croient au scénario de la stagflation ; l’inflation de l’équation économique des années 1970 est bien différente de celle d’aujourd’hui.

Contrairement à cette époque, le dollar est aujourd’hui très fort, et il s’agit d’une différence assez importante.

Un dollar fort est généralement positif en matière d’inflation ; il exerce un effet modérateur, et je ne pense pas que ce soit différent cette fois-ci.

L’inflation que nous avons connue récemment est directement liée au COVID ; c’est une fonction de l’offre réduite et de la forte demande, alimentée par une politique budgétaire imbécile, qui sont toutes deux en train de se normaliser.

La crainte d’une spirale inflationniste à partir de là est, à mon sens, exagérée.

L’ennui est que d‘autres facteurs fondamentaux inflationnistes ont relayé les facteurs liés à l’erreur de réglage de court et moyen terme.

La déglobalisation est un facteur d’inflation car elle réduit la discipline de la concurrence aussi bien sur les prix que sur les salaires ;

La masse de capital fictif accumulée a besoin d ‘inflation pour survivre ; elle pousse aux hausses de prix, voire au soutien monétaire même si celui-ci est inapproprié ;

La situation politique/géopolitique/militaire conduit au laxisme en faveur du beurre et des canons ;

La transition climatique hausse les couts, crée des pénuries et des tensions sur les ressources.

Quels choix devra faire la FED face à cette situation ? Lisez la suite pour le découvrir…  

Cela ne veut pas dire que la politique de la Réserve fédérale ne devrait pas être resserrée par rapport aux niveaux d’urgence trop bas, maintenus depuis trop longtemps ; mais cela veut dire que les choix qui seront faits seront à la fois politiques et géopolitiques.

L’insuffisance d’investissements productifs

L’économie américaine a enregistré une croissance moyenne de 2 % par an au cours de la décennie précédente, lorsque le COVID a frappé au printemps 2020. Il existe une pléthore d’arguments en faveur des causes de la « stagnation séculaire », mais le plus important est l’insuffisance d ‘investissements productifs, provoquée par l’érosion de la profitabilité du capital.

Je ne vois aucune raison pour que cette profitabilité remonte, au contraire. La croissance réelle sera faible, ce qui, produira une tension sur les ressources et les revenus et donc sur les prix.

Je suis loin d’être convaincu que la politique économique et les incertitudes actuelles encouragent l’investissement. Quant à la partie emploi de l’équation de la croissance, ce graphique n’est certainement pas encourageant :

La correction boursière a été sévère, mais dans les normes (autour de 13 à 14% en termes d’indice).  

Les valorisations boursières ont été réduites dans cette correction, mais elles sont toujours hors normes, beaucoup trop élevées.   

La hausse des taux et la hausse du dollar se poursuivent, le dollar s’accélérant à la hausse la semaine dernière. Mais les gains du dollar cette année ont été principalement face à l’euro et au yen.  

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.] 

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