La Chronique Agora

Nickel : tiraillé entre fondamentaux et spéculateurs (1)

Vous vous souvenez du nickel ?
Ce métal a fait sa bulle bien avant les autres. C’était en mai 2007. Il avait alors atteint 54 200 $ la tonne sur le LME et je recommandais alors de le shorter (vendre).

Certains d’entre vous l’ont fait ; bien leur en a pris. Car le nickel s’est alors violemment retourné, et n’a eu de cesse de chuter jusqu’à atteindre un point bas à 8 935 $ fin 2008. Beau trade…

Depuis, il s’est repris, puisqu’il cote aujourd’hui 18 315 $. Soit 100% de hausse depuis le creux. Mais on reste encore 60% en dessous du niveau record de 2007.

Et maintenant ? Où va le nickel ? Les marchés matières consolident ce moment sous l’effet du rebond du dollar et des risques de resserrement monétaire en Chine. Et curieusement le nickel résiste pour l’instant plutôt bien à ce mouvement généralisé. Pourtant, j’avoue être fondamentalement plutôt sceptique quant à l’évolution du nickel.

Je m’explique…

Des stocks qui doublent et qui sont abondants
Du point de vue fondamental, les stocks s’accumulent depuis un an sur le LME, et devraient continuer de croître. Actuellement, il y a 164 000 tonnes de nickel dans les entrepôts du LME (physiquement stockés à Rotterdam), contre 85 000 il y a un an. Soit un doublement.

A ce stock il faut ajouter celui de Shanghai, relativement important aussi, sans oublier celui des industriels (il doit y en voir pas mal dans les stocks des aciéristes).

Hausse du stock de nickel sur le LME en milliers de tonnes
Source : BNP Paribas

En 2007, quand les cours étaient au top, nous avions 5 000 tonnes de nickel en stock, pour une production mondiale de quelque 1,3 milliard de tonnes. Nous n’avions alors que très peu de jours de consommation en stock. C’est en tout cas ce que voyait l’investisseur.

Car en réalité, il existait des stocks importants chez les gros acteurs du marché, notamment les industriels. Donc contrairement à ce que beaucoup pensaient, il n’y a jamais eu pénurie. Ni même risque de pénurie.

Une offre supérieure à la demande
Sur 2010, le marché devrait être excédentaire. La production devrait tourner autour de 1,4 million de tonnes. Parallèlement, la demande est attendue autour de 1,3 million de tonnes.

Et encore… Deux tiers de la demande sont issus de la sidérurgie. Je vous rappelle que la sidérurgie chinoise est en surcapacité (trop d’offre !) et qu’en dehors de la Chine, les sidérurgistes sont confrontés à une demande anémique (dans les pays de l’OCDE, l’immobilier, la construction et le bâtiment sont en crise).

Etant donné la situation, je ne vois pas trop comment le cours du nickel pourrait continuer de grimper.

Et ce n’est pas tout, comme nous le verrons dès demain…

 

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