La Chronique Agora

La nation de l’inflation

Le ratio Dow/Or était de 20 il y a trois ans. Il est de 16 aujourd’hui, les actions ont perdu 20% de leur valeur réelle…

MarketWatch rapporte :

« Les contrats à terme sur l’or dépassent les 2 700 dollars l’once et sont en passe d’atteindre un niveau record.

Les contrats à terme sur l’or ont dépassé les 2 700 dollars l’once jeudi, les prix basés sur le contrat le plus actif étant sur le point de s’établir à un nouveau record.

‘L’incertitude entourant les perspectives économiques américaines continue de faire grimper les prix de l’or, et le risque d’erreurs dans les futures hausses de taux d’intérêt de la Réserve fédérale a augmenté’, a déclaré Dilin Wu, stratège chez Pepperstone. ‘Associés à un déficit américain massif de 1 800 milliards de dollars, ces facteurs ont intensifié les inquiétudes concernant la trajectoire économique des Etats-Unis, poussant les investisseurs à se tourner vers l’or en tant que valeur refuge dans un contexte de volatilité croissante et de politique monétaire incertaine.’ »

L’or suit sa trajectoire. Il anticipe l’inflation et nous protège. Nous mettons toutefois en garde nos lecteurs. Les mordus de l’or peuvent aussi devenir irrationnels. Les prix s’emballent alors, et les acheteurs paient trop cher pour acheter de l’or.

Mais jusqu’à présent, la plupart des achats proviennent de gouvernements étrangers – les BRICS – qui cherchent à se protéger du système monétaire de crédit américain.

Il arrivera un jour où les gens se passionneront pour l’or. Les chauffeurs de taxi vous parleront des actions minières qu’ils viennent d’acheter. Les gens se vanteront du moment où ils sont entrés sur le marché. Et ils vous diront que l’or va « décrocher la lune ». Le prix augmentera tellement que vous pourrez acheter toute la liste des actions du Dow Jones pour seulement 5 onces d’or. C’est à ce moment-là que nous nous débarrasserons volontiers de notre or, et que nous achèterons des actions.

Mais cela ne se produira (probablement) que dans quelques années. En attendant, les actions et l’or ont atteint de nouveaux records.

Pourtant, la situation fondamentale n’a pas changé. Le ratio Dow/Or était de 20 il y a trois ans. Il est de 16 aujourd’hui ; les actions ont perdu 20% de leur valeur réelle. Elles doivent encore perdre près de 70% de leur valeur réelle (en termes d’or) avant de nous permettre de faire de véritables bonnes affaires. Et nous comptons sur la Fed pour y parvenir.

Et Jerome Powell et consorts sont à pied d’oeuvre. Ils n’avaient aucune raison de réduire les taux d’intérêt le mois dernier… si ce n’est qu’ils tentent de provoquer l’inflation, et non de l’éliminer. Sur les trois dernières années, l’inflation des prix a été plus de trois fois supérieure à ce que la Fed était censée rechercher. En d’autres termes, avec un gain annuel de 2%, les prix devraient être supérieurs d’environ 6% à ce qu’ils étaient en 2021. Au lieu de cela, ils sont, officiellement, 20% plus élevés.

Officieusement, les prix sont encore plus élevés. Le Wall Street Journal, par exemple, nous a appris cette semaine que le coût des assurances médicales a augmenté de 7% au cours des deux dernières années :

« Les primes d’assurance maladie grimpent en flèche alors que l’inflation ralentit

Le coût moyen d’une couverture familiale a atteint environ 25 500 dollars cette année… et devrait encore augmenter rapidement en 2025. »

Mais regardons aussi du côté des transports. Le coût de la Ford F-150, le pick-up le plus populaire de l’histoire, était de 30 000 dollars en 2021. Avec un taux d’inflation de 2%, le prix du modèle de cette année devrait être de 31 800 dollars. Ce n’est pas le cas. Il est de 38 000 dollars, ce qui représente une augmentation de 26%, soit quatre fois ce qu’il devrait être.

Et qu’en est-il du logement ? La baisse des taux hypothécaires a incité les acheteurs à contracter de gros prêts hypothécaires sur la base de prix gonflés et de mensualités peu élevées. Puis, en 2008, les prix de l’immobilier ont chuté, les prêteurs hypothécaires ont fait faillite et des millions de familles ont perdu leur logement.

La Fed a alors abaissé les taux encore davantage et les a maintenus en dessous de zéro, en termes réels, pour une période de dix ans. Cela a bien sûr entraîné une nouvelle inflation immobilière… puis une situation absurde, dans laquelle les gens avaient du mal à acheter ou à vendre une maison.

Avec des hypothèques importantes, bloquées à des taux bas, les vendeurs ne pouvaient pas se permettre de vendre. Et avec de nouveaux prêts hypothécaires importants à des taux beaucoup plus élevés, les acheteurs ne pouvaient pas se permettre d’acheter. Les mises en chantier de logements neufs sont revenues au niveau de 1974 – il y a cinquante ans, lorsque les Etats-Unis comptaient 120 millions d’habitants en moins.

La maison moyenne coûtait environ 300 000 dollars en 2007. Avec un taux d’inflation de 2%, elle devrait coûter environ 420 000 dollars aujourd’hui. Mais au lieu de cela, elle avoisine les 500 000 dollars. La Fed a entamé un nouveau cycle d’assouplissement afin de faciliter l’achat d’une nouvelle maison. Résultat ? Anticipant une hausse de l’inflation, les prêteurs ont augmenté les taux hypothécaires à long terme, rendant le logement moins abordable que jamais !

NPR explique :

« Seuls 15,5% des logements mis en vente étaient abordables pour un ménage américain type, soit la proportion la plus faible depuis que Redfin a commencé à suivre cette évolution il y a une dizaine d’années. Un logement est considéré comme abordable si le montant estimé du prêt hypothécaire ne dépasse pas 30% du revenu mensuel moyen local. L’accessibilité a chuté de 40% par rapport à la période précédant la pandémie, et de 21% par rapport à l’année dernière. »

En d’autres termes, l’inflation réelle des prix à la consommation dépasse largement les 2% fixés par la Fed. Et pour revenir à l’objectif, la Fed devrait ramener le taux d’inflation réel des prix en dessous de 2% pendant plusieurs années.

Au lieu de cela, comme prévu, elle stimule l’inflation.

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