La Chronique Agora

Un monde sans Fed (1/2)

Et si la Fed disparaissait ? Les conséquences seraient dévastatrices, évidemment… mais même si l’existence de la Réserve fédérale est assurée, le système n’est pas pour autant en sécurité.

Qu’arriverait-il si la Réserve fédérale américaine cessait d’exister ? Nous connaissons tous la réponse : un effondrement immédiat des marchés mondiaux.

Le système financier mondial, qui dépend aujourd’hui totalement de ses relances, interventions, manipulations, argent gratuit pour la finance et impressions de milliers de milliards de dollars à partir de rien, connaîtrait un krach qui ne laisserait derrière lui qu’un tas fumant et puant de corruption, infesté par un grouillement de cafards se disputant les quelques miettes qui restent.

Que se passerait-il si la Réserve fédérale cessait d’exister ? Le Trésor vendrait ses obligations sur le marché libre, où les acheteurs et les vendeurs détermineraient leurs rendements. Les banques privées devraient accepter les dépôts et prêter de l’argent à des taux fixés par l’offre et la demande.

Nous savons tous ce qui arriverait : les rendements et les taux d’intérêt grimperaient encore plus pour tenir compte des facteurs de risques, et toutes les sociétés vérolées, construites sur du vent et qui dépendaient des taux zéro s’effondreraient aussi.

Les entreprises zombies putrides seraient toutes réduites en poussière, et leurs actifs fantômes, illusions générées uniquement par les exsudats artificiels de la Fed, chuteraient jusqu’à atteindre leur valeur réelle, c’est-à-dire proche de zéro.

Modifions un peu la question :

Que se passerait-il si les politiques de la Fed cessaient de fonctionner ?

Si ces exsudats de la Fed, autrement dit, ne parvenaient plus à créer l’illusion de paris sans risque sur des actifs en pleine bulle ? Que se passerait-il si le risque pointait le bout de son affreux nez, malgré toutes les interventions, les manipulations et tous les rots propagandistes puants émis par la Fed ?

Le risque zéro n’existe pas

Cette foi en une Fed omnipotente, capable de réduire par magie la perception du risque à zéro est, au bout du compte, une confiance dans un changement incrémentiel : la Fed tourne les boutons des achats d’obligations, crache de l’argent gratuit pour les financiers, et hop ! Le risque est éliminé et les actifs à risque sont à nouveau mis en orbite.

Malheureusement, le risque ne peut pas être éliminé : il ne peut qu’être transmis à d’autres. Les distributions sans fin de la Fed, ses manipulations perpétuelles et ses ajustements incrémentiels ont créé une foi illusoire dans l’idée que ces trafics fonctionneront pour les siècles des siècles.

La seule chose qui soit réellement arrivée, c’est que ces distributions ont transféré les risques spectaculaires générés par les politiques de la Fed vers l’économie dans son ensemble. Celle-ci a eu la capacité nécessaire pour absorber ces risques astronomiques, mais ils sont en passe de la submerger, et la bulle de risque résultante s’apprête maintenant à exploser.

Pour dire les choses différemment, les placards qui ont servi à cacher ces risques sont tous pleins. Le danger va maintenant échapper aux chaînes rouillées de la Fed, rongées par l’orgueil, et décimer le secteur financier, qui est aujourd’hui la force dominante de l’économie.

Après l’implosion de l’illusion de paris sans risque et des évaluations fantôme, l’économie réelle sera soumise à un syndrome de manque dévastateur, car la Fed aura cessé de recracher de l’argent vicié gratuit pour les financiers sous couvert de « plan de relance ».

Les extrêmes deviennent de plus en plus extrêmes jusqu’à ce que le risque se concrétise ; ensuite, le revirement est à l’image de l’expansion de la bulle. Illusions, délires, valeur fantôme : rien de tout ceci n’est réel. Vous voulez savoir ce qui est bien réel, en revanche ? Le risque.

Vingt ans de déflation

La toute dernière chose à laquelle on s’attend est un effondrement de toutes les bulles d’actifs, c’est-à-dire une déflation des actifs qui effacerait les 20 ans de bulle utopique depuis l’an 2000.

Le consensus est universel : les actifs continueront de grimper, encore et encore, parce que la Fed nous soutient. Les banques centrales vont donc créer des milliers de milliards à partir de rien, sans aucune conséquence, mis à part de faire grimper les cours toujours plus haut.

Est-ce bien vrai ? Nous le verrons dès demain.

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