La Chronique Agora

Le monde pourra-t-il se passer du dollar ?

background of 100 dollar bills

Sous la pression des sanctions, des tarifs douaniers et des menaces militaires, le reste du monde se réorganise pour commercer en contournant les États-Unis… et se tourne vers l’or.

Les points semblent se contredire, laissant les observateurs perplexes. Comment les relier ?

Au cours des cinq dernières années, l’inflation a été deux fois plus élevée que l’objectif fixé par la Fed. Pourquoi, dans ce cas, a-t-elle décidé de réduire son taux directeur ? The Wall Street Journal rapporte :

« La Réserve fédérale a approuvé mercredi une baisse de 0,25 point de son taux d’intérêt, la première depuis neuf mois. Les responsables estiment que le récent ralentissement du marché du travail pèse davantage que l’inflation. 

Une faible majorité d’entre eux prévoit au moins deux baisses supplémentaires cette année, ce qui impliquerait des mesures consécutives lors des deux prochaines réunions de la Fed en octobre et décembre. » 

Par ailleurs, les droits de douane devaient inciter les industries à relocaliser leur production aux États-Unis, ramenant ainsi des emplois bien rémunérés dans le pays.

Mais lorsque les services d’immigration ont mené un raid dans l’usine Hyundai en Géorgie, le pays s’est plutôt présenté comme un endroit hostile aux affaires. Un simple rappel à l’ordre adressé aux Sud-Coréens aurait suffi. Au lieu de cela, le pays a montré le visage d’une nation où l’on doit avoir « ses papiers en règle », sous peine d’être menotté, enchaîné puis expulsé.

Jusqu’à présent, le déficit commercial américain ne s’est pas réduit ; il s’est même aggravé. Cette année, il atteint 93 milliards de dollars par mois, soit une hausse de 31 % sur un an. Et rien n’indique une renaissance du secteur manufacturier. Money Talks News rapporte :

« Les droits de douane imposés par Trump écrasent l’industrie manufacturière américaine pour le sixième mois consécutif.

L’industrie se contracte pour la sixième fois d’affilée, les tarifs ayant généré un chaos économique encore pire que celui de la Grande Récession. »

Et pourquoi continuer d’accumuler d’énormes déficits budgétaires, alors que la dette atteint déjà 37 000 milliards de dollars ? Il y a seulement trois mois, le Congrès fixait un nouveau plafond budgétaire ; depuis, la dette a encore grimpé de 1 300 milliards. Sur les douze derniers mois, les seuls intérêts sur la dette se sont élevés à 1 200 milliards de dollars.

La même question se pose pour le Big, Beautiful Budget Abomination (BBBA). Quel sens y avait-il à accroître les dépenses alors que le financement est déjà en crise ?

Les choix de l’administration américaine sont tout aussi déconcertants sur le plan diplomatique. Le poste le plus prestigieux de la diplomatie américaine se trouve ici même, en France : celui d’ambassadeur des États-Unis, jadis occupé par Thomas Jefferson et Benjamin Franklin.

Qui l’occupe aujourd’hui ?

Charles Kushner, qui a été condamné pour dix-huit chefs d’accusation (contributions illégales à une campagne électorale, fraude fiscale et subornation de témoin, il avait tenté de faire chanter son beau-frère en engageant une prostituée pour le piéger, avant de filmer la rencontre). Chris Christie a qualifié l’affaire de l’un des « crimes les plus odieux et répugnants ». Kushner, qui ne parle pas un mot de français, est accusé à Paris de se soucier davantage de la promotion des intérêts israéliens que de ceux des États-Unis.

Autre nomination étrange : Pete Hegseth. Les qualités requises pour un poste au ministère de la Défense sont du sang-froid et un bon jugement. Hegseth n’a fait preuve de ni l’un ni l’autre : adultère, ivresse publique… et même un incident où il lança une hache lors d’une cérémonie du Flag Day, blessant gravement un jeune cadet de West Point.

Il est tout aussi surprenant, pour une nation déterminée à rester l’hégémon mondial, de pousser ses adversaires à se rapprocher les uns des autres, les incitant à former un bloc commun. Les États-Unis n’avaient pas de véritable ennemi unique ; pourquoi tout faire pour que la Russie, la Chine et l’Inde se rapprochent, au point de leur donner les moyens de rivaliser avec eux ?

La plus grande source de puissance des États-Unis n’est pas leur armée, mais leur monnaie. Tant que le dollar restera la clé de voûte du commerce international, le pays conservera son rôle de grand César du monde.

Mais lorsque l’histoire de notre époque sera consignée, elle retiendra sans doute ceci comme la plus grande erreur de l’équipe Trump : avoir incité les étrangers à se détourner du dollar. Sous la menace des sanctions, des droits de douane et des bombes, le monde apprend à commercer non pas avec les États-Unis, mais autour d’eux – et à remplir ses coffres d’or plutôt que de dollars. CNBC précise :

« Les flux d’ETF dépassent les 820 milliards de dollars, les fonds aurifères atteignant des niveaux records. »

Pourquoi tant de décisions, qui semblent contraires aux intérêts américains, sont prises ? La seule explication plausible tient à la « nécessité historique » : ce qui doit arriver arrivera. L’Histoire suit ses propres impératifs, et l’un d’eux est de ramener cette nation devenue hors norme dans le droit chemin.

Cela s’accompagnera sans doute de fanfaronnades, de confusion et de souffrances. Une nouvelle monnaie – probablement une cryptomonnaie stable adossée à l’or – remplacera le dollar. De nouvelles armes rempliront les arsenaux étrangers. De nouveaux circuits commerciaux réorienteront biens et services.

Et un tout nouveau genre de divertissement émergera, dans lequel les États-Unis joueront le rôle des méchants. Nikkei.com rapporte :

« Un film de guerre réalisé par l’armée vietnamienne triomphe au box-office

Il rapporte plus du double des succès hollywoodiens lors de la ‘période de pic patriotique’.

Mua Do (‘Pluie rouge’) met en scène une bataille sanglante entre forces communistes et armée sud-vietnamienne soutenue par les États-Unis. La bataille, qui s’est déroulée dans la province de Quang Tri, a été surnommée ‘le hachoir à viande’ en raison du nombre considérable de victimes : plus de 10 000 soldats tués dans les deux camps. »

Tout cela paraît à la fois évident et inévitable : le déclin de « l’Occident » et l’ascension de l’Orient sont presque devenus des clichés.

Ce qui nous amène à nous demander : que va-t-il se passer ensuite ?

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