La Chronique Agora

Le monde est-il en train de s’écrouler ? (2/2)

Quelles précautions doivent prendre les investisseurs ? 

Nous avons vu hier que les conflits entre la Russie et l’Ukraine, et la Serbie et le Kosovo, renforcent les tensions mondiales. Et malheureusement, ce ne sont pas les seuls.

Israël – Hamas

L’attaque surprise du Hamas contre Israël depuis Gaza, qui a eu lieu le 7 octobre, a été d’une ampleur sans précédent depuis la guerre du Kippour en 1973 ; cette nouvelle attaque a d’ailleurs eu lieu exactement le jour du 50e anniversaire de la guerre du Kippour. Pour la première fois depuis 1973, Israël a officiellement déclaré la guerre. Il ne s’agit pas d’une incursion, d’un incident ou d’une attaque terroriste. Il s’agit d’une invasion du Hamas, à laquelle Israël est en train de répondre par la destruction de Gaza.

Les premiers détails du conflit, dont beaucoup m’ont été communiqués par les Forces de défense israéliennes (FDI) sur le terrain et par d’anciens officiers de renseignement, sont terribles. Les combattants du Hamas sont allés de maison en maison et ont exécuté des civils, y compris des femmes et des enfants.

Certains ont été tués, déshabillés et traînés dans les rues. Un millier d’Israéliens ont été tués le premier jour et un nombre inconnu d’entre eux ont été pris en otage. Ce ne sont pas des prisonniers de guerre, car ils ne portaient pas d’uniforme militaire. Ce sont des otages.

La réponse israélienne sera massive et extrêmement violente. Israël n’a pas encore lancé de campagne terrestre à grande échelle à Gaza, mais on s’attend à ce qu’il le fasse. Là encore, le risque géopolitique majeur qui se présente est celui de l’escalade. Le Hamas est soutenu par l’Iran et le Qatar. De nombreux dirigeants du Hamas vivent à Doha, la capitale du Qatar. Israël n’hésitera pas à les assassiner. Une guerre beaucoup plus large au Moyen-Orient n’est pas à exclure.

Les implications pour les marchés mondiaux de l’énergie sont évidentes. Des récriminations sont déjà adressées à Joe Biden, en raison du fait qu’il a récemment débloqué 6 milliards de dollars en liquide pour l’Iran, et qu’il a mis des fonds à la disposition du Hamas.

Syrie – Turquie – Etats-Unis

J’aborderai brièvement ce conflit. Les efforts soutenus par les Etats-Unis pour renverser le régime Assad en Syrie remontent à l’administration Obama. Les troupes américaines sont présentes dans le nord de la Syrie pour promouvoir cet effort, et contrôler la production pétrolière syrienne au profit des Kurdes indigènes. La Turquie considère les Kurdes comme des ennemis mortels, car ils essaient de libérer des parties kurdes de la Turquie pour les intégrer dans un Kurdistan plus large.

La Russie s’est fortement impliquée dans le soutien à Assad, avec un succès certain jusqu’à présent. La Turquie a récemment intensifié ses attaques contre les positions kurdes en Syrie. Les Etats-Unis ont récemment abattu un drone turc. La Russie est en état d’alerte. La Russie et la Turquie sont en bons termes, mais les Etats-Unis et la Turquie sont des alliés de l’OTAN.

La situation est complexe, mais les risques d’affrontements entre les Etats-Unis et les avions turcs ou russes, ainsi que les risques d’une attaque de missiles russes contre des avions américains sont élevés.

Chine – Taïwan

Une invasion communiste de Taïwan entraînerait une guerre plus importante que toutes celles décrites ci-dessus, mais la situation est relativement calme dans cette région. Ce calme est probablement dû aux prochaines élections à Taïwan, où un parti favorable à la Chine a de bonnes chances de l’emporter.

La Chine ne veut pas faire de vagues à l’approche de ces élections. Pourtant, la situation reste dangereuse et potentiellement explosive.

Je viens de décrire cinq guerres ou quasi-guerres en cours. Il serait facile d’ajouter à cette liste les tensions en Azerbaïdjan, en Corée du Nord, au Niger, en Inde et ailleurs.

Sans attribuer de probabilités chiffrées à l’aggravation de chaque crise, les statistiques montrent que lorsque cinq conflits ou plus s’intensifient, la probabilité que l’un d’entre eux dégénère est élevée.

Il se peut que nous considérions cette mosaïque de guerres par procuration et de guerres chaudes comme le signe avant-coureur d’une guerre mondiale.

Les investisseurs doivent suivre quelques règles simples

Suivez les événements de près. Ne prenez rien pour acquis et ne pensez jamais que les choses vont « s’arranger ». Parfois, ce n’est pas le cas. Encore une fois, les chances statistiques que l’un de ces conflits s’envenime sont élevées. Ce n’est pas inévitable, mais les probabilités sont hautes.

Diversifiez votre portefeuille. Cela semble évident, mais de nombreux investisseurs ne comprennent pas ce qu’est la diversification. Il ne s’agit pas de détenir 50 actions dans dix secteurs. Il s’agit de répartir son portefeuille entre au moins cinq catégories d’actifs non corrélées.

Il peut s’agir d’actions, mais aussi de liquidités, de capital-investissement, de fonds alternatifs, d’or, d’immobilier et d’obligations de haute qualité telles que les bons du Trésor américain.

Restez flexible. Les situations peuvent évoluer rapidement. En temps de guerres, il convient d’augmenter sa part de liquidités et de biens durables, et de détenir des actions dans les secteurs de la défense et de l’énergie. Si les événements sont résolus sans escalade, il peut être opportun de revenir aux actions.

Mais lorsqu’il s’agit de l’allocation de son portefeuille, ce n’est pas le moment de « faire comme si de rien n’était ».

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