La Chronique Agora

Mieux, c'est pire

▪ De bonnes nouvelles et de mauvaises nouvelles. Mais qu’est-ce qui est quoi ? La situation est si confuse que nous ne saurions le dire.

La bonne nouvelle, c’est que les prix des maisons baissent aux Etats-Unis. C’est ce que dit le Wall Street Journal. "Les prix des maisons ont décliné en novembre". Bien : les gens vont pouvoir se loger à des prix plus abordable.

Attendez — ce n’est pas une bonne nouvelle, si ? Cela ne signifie-t-il pas que nous sommes encore dans une dépression ? En plus, un autre rapport annonce que l’immobilier grimpe. Que croire ?

Essayons autre chose… La confiance des consommateurs US est en hausse, selon les derniers chiffres. Rien à dire là dessus, ce sont vraiment de bonnes nouvelles, non ? Non.

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Plus les choses vont en s’améliorant, plus les autorités risquent d’étouffer la reprise en mettant fin à leurs efforts de relance et en réduisant le déficit. C’est en partie la raison pour laquelle les actions chutent souvent lorsque les nouvelles sont "bonnes" et grimpent lorsqu’elles sont "mauvaises". Les investisseurs ont peur de voir les autorités retirer l’argent. Elles risquent ainsi un retour de "l’erreur de 1937", disent des économistes comme Paul Krugman et Richard Koo.

Que s’est-il passé dans les années 30 ? Eh bien, si l’on en croit la version officielle, les autorités avaient appuyé sur le champignon des plans de relance… et sortaient de la dépression à toute blinde. Mais craignant l’inflation… les déficits… et le retour de bâton après les excès de dépenses (sans parler du fait qu’elles étaient convaincues d’être sorties d’affaire) — elles ralentirent… et relâchèrent leurs efforts de relance au milieu des années 30. Ce qui fit basculer l’économie dans un nouveau ralentissement et prolongea la dépression de trois ans.

Ce sont des absurdités. Ce qui a causé la rechute de 1937, c’est l’intervention même des autorités. Ce n’est pourtant pas ainsi que les économistes et analystes grand public voient les choses. Selon leur point de vue abracadabrant, une économie se développe grâce à l’intendance saine des élus. Selon eux, les dépenses gouvernementales valent en fait mieux que les dépenses privées. Pourquoi ? Parce qu’elles ne produisent pas de valeur. Vraiment ; nous n’inventons rien. Le gouvernement n’a pas d’argent ? Et alors ! Pour eux, l’argent qui n’existe pas — créé "à partir de rien" — vaut mieux que de l’argent réel. Parce qu’il génère de l’inflation des prix à la consommation. Le haut est le bas. Le bien est le mal. Mieux, c’est pire. Selon ces économistes, c’est l’action gouvernementale — et plus spécifiquement les dépenses gouvernementales — qui renforcent l’économie. Donc tout ce qui pourrait pousser les autorités à dépenser moins est une mauvaise nouvelle.

▪ Selon les journaux, de mauvaises nouvelles sont en route. Parce que le président des Etats-Unis va annoncer qu’il est temps de tirer le frein à main. Sinon, les gens auront l’impression que les dépenses gouvernementales ont échappé à tout contrôle. Impossible. Les prêteurs pourraient refuser de prêter. Les investisseurs pourraient refuser d’investir. Les électeurs pourraient refuser de voter pour quiconque est au pouvoir en ce moment.

D’un autre côté, si le président réduit effectivement les dépenses, aucunes des parties mentionnées ci-dessus ne sera franchement ravie. Les dépenses fédérales ne rendent pas vraiment les gens plus riches ; elles les rendent plus pauvres. Mais ce sont les apparences qui comptent. Les économistes idiots veulent un président qui applique leurs théories insensées. Et les électeurs idiots veulent un président qui agit pour les sauver de leurs propres erreurs… surtout si ça implique de mettre la main sur l’argent de quelqu’un d’autre.

La relance offerte par les dépenses gouvernementales est bidon. Mais elle semble bien réelle aux masses. Si on la fait disparaître, les conséquences économiques apparaîtront bien réelles elles aussi. La "destruction créatrice" du marché pourra enfin s’exprimer. Les entreprises qui devraient faire faillite feront faillite. Les spéculateurs qui devraient perdre de l’argent perdront de l’argent. Ça va saigner, en d’autres termes.

Comme tout le monde, un peu de sang ne nous dérange pas… tant que ce n’est pas le nôtre. Vous imaginez donc les hurlements des parasites lorsqu’ils verront le couteau s’approcher de leurs artères !

Ils peuvent respirer. Les autorités ne réduiront probablement pas les dépenses de manière significative. Les déficits sont structurels… ils sont intégrés au système… ils ne disparaîtront pas.

Et à mesure que la dépression se poursuit, la dette s’accumule…

▪ Que se passera-t-il ? Nous n’en savons rien. Nous ne pouvons pas voir l’avenir. Mais nous pouvons regarder le Japon… un pays qui a au moins 10 ans d’avance sur nous.

Pourquoi ? Parce que son marché boursier s’est retourné en 1989… une décennie avant Wall Street. Parce que sa population est environ 10 ans plus âgée. Et parce que le pays lutte contre le processus de désendettement depuis 20 ans. Que pouvons-nous en apprendre ? Voici les dernières nouvelles du Wall Street Journal, pour qui l’explosion est imminente :

"S&P abaisse ses perspectives sur le Japon, qui deviennent négatives".

Oh oh. Ce n’est pas très encourageant. L’agence de notation a dit au Japon que s’il ne réduisait pas ses déficits, sa dette serait rétrogradée.

Oui… grâce au Japon, nous voyons ce qui arrive quand on traverse un champ de mines. Après 20 ans, le Japon n’a pas réussi à s’en sortir. Mais il n’a pas non plus été entièrement explosé.

Faites attention, cependant. Il met les pieds en terrain dangereux. Les déficits se sont creusés et creusés et creusés. A présent, il risque une explosion à chaque pas. Cette année, le Japon empruntera 480 milliards de dollars. Il n’encaissera que 405 milliards de dollars de recettes fiscales. Pour autant que nous en sachions, aucune économie majeure n’a jamais été si profondément dans le rouge sans s’effondrer.

Mais que peuvent faire les Japonais ? Ils reçoivent le même genre de conseils qu’Obama. On leur dit qu’ils doivent réduire le déficit pour protéger la devise… l’économie… et leur notation. Mais on leur dit aussi que le bien est mal, ou que le mal est bien… que s’ils font ce qu’il faut, c’est-à-dire réduire le déficit, l’économie souffrira. Les recettes fiscales baisseront plus encore… creusant le déficit !

L’économie japonaise est devenue si dépendante aux dépenses gouvernementales nourries de dettes que si on les enlevait, tout s’effondrerait. A long terme, c’est exactement ce qui devrait se passer. L’économie a besoin d’une bonne secousse… pour pouvoir se reconstruire sur des fondations plus solides. Mais quel politicien voudrait risquer son propre sang ?

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