La Fed affirme qu’elle est déterminée à lutter contre l’inflation. Pour l’instant, les actes suivent bien les paroles.
Nous sommes actuellement en France, où une violente tempête a soufflé en provenance du nord, la semaine dernière. Les températures ont chuté. On a même vu revenir la neige.
Oui, cher lecteur, après l’été vient l’hiver, comme cela a toujours été le cas. Tout comme les marchés, l’économie et la politique ont leurs humeurs et leurs saisons.
La Fed, désireuse de se racheter, s’est également remise au boulot. Elle essaie d’endiguer l’inflation sans provoquer un effondrement du système. Malgré les rumeurs et les vœux pieux, la Fed est déterminée à ramener les taux réels en territoire positif. Cela se traduira par la poursuite du resserrement de sa politique monétaire et par une nouvelle baisse des prix des actifs.
Les investisseurs qui parient sur un changement de cap rapide la Fed risquent d’être déçus. Voici ce qu’a dit le gouverneur de la Fed Neel Kashkari : « Ils vont perdre, je peux vous le garantir. »
Tout chute
Le S&P a chuté d’environ 20% l’an dernier. Le Dow a reculé de près de 10%. Et le Nasdaq a perdu un tiers de sa valeur. Ce n’est que le début.
Les transactions immobilières reculent également. Les prix devraient prochainement connaître le même sort. Les acheteurs de biens immobiliers commerciaux ne fournissent qu’un apport de 10%. Ils empruntent le reste. Par conséquent, lorsque le prix du bien immobilier baisse de plus de 10%, le capital de l’acheteur s’érode. Mais sa dette vis-à-vis du prêteur reste la même.
L’an dernier, l’indice Greenstreet Commercial Property a baissé de 13%. Parallèlement, l’étoile filante et scintillante qu’est le marché des cryptomonnaies a vu sa valeur atteindre 3 000 Mds$ en tout. Cette valeur a depuis fondu comme neige au soleil : le marché des cryptomonnaies a perdu 70% de sa valeur et ne vaut désormais plus que 939 M$.
Dans le même temps, Janet Yellen souffle un vent glacial. La secrétaire au Trésor a envoyé une lettre au Congrès dans laquelle elle avertit que le plafond de la dette commence à se fissurer. Elle a toutefois précisé qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter et que le gouvernement américain pouvait reporter certaines dépenses et déshabiller Pierre pour habiller Paul pour continuer à chauffer la salle à manger du Sénat. On parle de « mesures extraordinaires ». Nous pensons qu’elles deviendront pratique courante.
Pas de problème. Et pourtant… Les prix des actifs ont augmenté à cause des injections de liquidité de la Fed. Désormais, ils baissent de nouveau, à cause de la Fed.
La dette continue d’augmenter et le Congrès continue de botter en touche, comme d’habitude.
Retournement de situation
Du coup, quoi de neuf ? Si les choses s’arrêtaient là, il n’y aurait pas de quoi en faire tout un fromage. Mais les choses ne s’arrêtent pas là. Nous allons au-devant d’événements qui sont en train de mal tourner. Des événements majeurs.
Le Forum économique mondial parle de « polycrise ». Nous continuerons à préférer le terme « cluster ». C’est ce qui se passe lorsque plusieurs trains arrivent en gare en même temps et que leurs freins ne fonctionnent plus.
Oui, nous sommes en train d’assister à un accident ferroviaire de grande ampleur.
Ce qui nous amène au troisième point de nos prévisions 2023 : l’abandon du libre-échange, de la liberté d’entreprendre, de la liberté d’expression et de l’égalité devant la loi. Tous ces principes qui ont jadis fait des Etats-Unis une terre prospère.
Pourquoi les taux de croissance sont-ils aussi faibles ? Pourquoi la productivité baisse-t-elle ? Pourquoi les salaires réels ont-ils baissé au cours des 21 derniers mois consécutifs ? Pourquoi les prix à la consommation augmentent-ils de plus de 6% par an ? (Un article expliquait récemment que les prix des produits alimentaires dans le Midwest avaient augmenté de 13% en un an.) Pourquoi le gouvernement américain continue-t-il à s’endetter, alors même qu’il doit déjà plus que ce qu’il peut rembourser. Pourquoi ne met-il pas un stop à tout ça ?
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Durant ce week-end, nous avons appris un nouveau mot qui explique cela : énantiodromie. Un collègue nous a expliqué qu’il s’agit d’un mot inventé par les philosophes grecs pour exprimer l’idée que, « au fil du temps, tout ce qui existe évolue vers son contraire ».
Limpide. L’été laisse place à l’hiver. Le couteau aiguisé perd son tranchant. Les jeunes vieillissent.
Une question de confort
Impossible de savoir jusqu’où l’on peut pousser le concept, mais cela décrit parfaitement ce qui arrive aux Etats-Unis. Autrefois jeunes, lumineux et dynamiques, les Etats-Unis sont désormais dirigés par des incompétents gériatriques, à la tête des deux principaux partis politiques. Et les idées qui ont rendu le pays prospère ont été remplacées depuis longtemps par des idées qui n’apporteront la prospérité nulle part. Nous grossissons volontairement le trait, pour cacher les nombreux détails et les nombreuses nuances susceptibles de nous distraire.
Nous utilisons le confort matériel pour évaluer notre richesse. Plus nous possédons de choses, plus nous sommes riches. Bien sûr, le confort matériel ne fait pas tout. Certaines personnes vont à la pêche, se promènent. Ils jouissent d’une richesse qu’il n’est pas nécessaire de quantifier. Ils obtiennent ce qu’ils veulent.
Dès lors qu’il s’agit de fabriquer des choses (y compris offrir du temps de loisir aux gens), rien ne bat un marché libre. Les objets (et même le temps) n’ont aucune valeur intrinsèque. Ils prennent de la valeur uniquement quand les gens acceptent de les échanger contre du temps ou contre d’autres objets. C’est le marché libre qui nous donne notre économie et notre richesse. Tout ce qui entrave le marché libre concourt à réduire la quantité de services et de biens que les gens veulent.
C’est là que les décideurs entrent en jeu. Parfois, ils se sentent l’envie de revêtir un uniforme et de marcher sur Moscou. Ou de relever artificiellement le cours du dollar pour financer des escroqueries. Parfois, ils souhaitent simplement ressentir le sentiment de supériorité que confère le fait de donner des ordres à ceux qui les entourent.
Dans les Etats-Unis de 2023, la liberté d’entreprise est un concept qui appartient au passé. Les autorités veulent limiter l’entreprise, la liberté d’expression et le libre-échange. Ils veulent l’inégalité de traitement devant la loi (selon le groupe auquel vous appartenez).
Ils veulent nous assaillir de démarches administratives, de réglementations, de règles, de lois, de restrictions, de sanctions, de futilités, de subventions, de guerre, de dettes, d’aides spéciales, de privilèges, de censure, d’interdictions, d’inflation… Toutes ces ingérences servent leurs objectifs personnels, à notre détriment. Et elles finissent par réduire la production des choses que nous voulons.
Nous nous appauvrissons.