La Chronique Agora

Matières premières : les deux grands thèmes de 2010… et ce qu'ils nous réservent pour 2011

▪ Voici deux des plus grandes histoires de matières premières en 2010 — je les détaille non pour évoquer les investissements rentables de l’année passée mais pour mettre en avant ce qui selon moi seront des investissements très rentables l’année à venir…

▪ La ruée vers l’or continue
Le prix de l’or a explosé à la hausse de près de 30% l’année dernière — mettant un point final à un parcours spectaculaire sur une décennie qui a vu son prix quintupler ! L’or a-t-il donc finalement atteint une "phase de bulle" ? Le grand marché haussier de l’or brille-t-il de ses derniers feux ? La réponse est simple : non !

Si l’or est dans une bulle, eh bien, c’est une sacrée bulle. Même le krach boursier de 2008 — qui a pourtant fait dérailler l’économie — n’a pu la crever. L’or n’est pas dans une bulle ; il est dans un grand marché haussier, tout simplement.

Alors que les histoires à propos de l’assouplissement quantitatif et autres formes évidentes de dépréciation abondaient dans les réseaux d’informations l’année dernière, les investisseurs sont devenus de plus en plus inquiets à propos de la valeur du papier qu’ils appellent "richesse". De plus en plus, ces investisseurs préoccupés ont transformé une partie de leur richesse, la faisant passer du papier à l’or… et à d’autres actifs physiques.

En outre, il n’a jamais été aussi facile de "posséder" de l’or (pour ainsi dire) via l’augmentation des fonds indiciels cotés (ETF) tels SPDR Gold Trust. Sur un simple clic de souris, vous pouvez vous lancer dans cette nouvelle ruée vers l’or — même si, à bien des égards, il vaut mieux acheter de l’or réel et en prendre livraison, je ne cesserai de le répéter.

En même temps, les acheteurs d’or du monde entier courent après une production en déclin. C’est-à-dire que, malgré la hausse du prix de l’or, le monde a probablement dépassé le pic de production de l’or. Toute la production des nouvelles mines ne remplace pas la baisse de production des mines plus anciennes.

Mais la demande est le fil rouge sur le marché de l’or… la demande d’argent réel, pas celui en papier. L’univers monétaire connaît de profonds bouleversements, le prix de l’or servant de baromètre, de thermomètre et d’inclinomètre. L’ordre douillet de l’ancienne économie — celle d’après la Deuxième guerre mondiale, avec un dollar américain qui est la monnaie de réserve mondiale — est en train de disparaître, et les choses ne redeviendront jamais comme "au bon vieux temps".

J’ai eu des discussions sans fin avec des sceptiques pour déterminer "pourquoi le prix de l’or monte". Naturellement, les sceptiques peuvent nier, par toutes les manières, la signification de cette montée du prix de l’or. Mais au final, les investisseurs et les épargnants du monde entier ont de plus en plus peur de détenir des monnaies papier.

Je n’aborderai même pas les problèmes monétaires auxquels doivent faire face les gouvernements de la planète entière avec les monnaies fiduciaires. Il suffit d’accepter le fait que la monnaie par défaut pour l’être humain est l’or et qu’il en est ainsi depuis plus de 5 000 ans. On ne peut pas aller contre l’histoire.

Nous avons conseillé à nos lecteurs d’acheter de l’or depuis le moment où il se vendait à moins de 300 $ l’once. Nous le conseillons encore à 1 375 $ l’once. Lorsqu’il s’agit d’or, il y a une idée essentielle à garder en 2011 : l’or est une monnaie. Et l’or est une meilleure monnaie que celle émise par les gouvernements. Le grand risque de posséder des devises et des obligations est que le premier venu — et notamment les hommes politiques et les banquiers — peut en créer autant qu’il le veut. Cette année et la suivante, le plus grand risque est de ne pas comprendre ce concept.

▪ Le boom des terres rares
Les terres rares sont un groupe d’éléments exotiques appartenant à la table de Mendeleïev (des lanthanides, principalement), avec des propriétés électriques, magnétiques et optiques uniques. Sans eux, il n’y a pratiquement pas de technologie propre, de technologie verte, d’électronique de pointe, de voitures électriques, etc. Ce n’est pas que les terres rares sont "rares" d’un point de vue géologique. C’est plutôt qu’elles sont extrêmement difficiles à traiter en quantités industrielles et dans le cadre de produits "à haute tolérance". C’est-à-dire que les produits finaux se situent principalement dans le domaine de la conception moléculaire.

Par conséquent, traiter les terres rares est beaucoup plus que de l’exploration, de l’exploitation minière et du concassage de base. Traiter les terres rares correctement implique d’être réellement bon en chimie et en génie chimique également. Ce n’est pas simple.

La grande histoire des terres rares en 2010 fut le passage d’un secteur par ailleurs obscur de l’industrie minière et de transformation en une destination pour des milliards de dollars en nouveaux investissements. Alors que 2010 touchait à sa fin, nous étions dans l’engouement du marché, à certains égards, avec quelques valeurs terres rares "qui arrivaient à ébullition".

L’histoire a été menée par la Chine et la réduction hâtive de ses quotas d’exportation — qui ont fait la une des journaux dans le monde entier.

Vous êtes peut-être tombé sur la statistique selon laquelle la Chine contrôle environ 97% de l’offre en terres rares mondiale. Ne chicanons pas à propos du chiffre exact — un peu plus ou un peu moins, peu importe. Et lorsque la Chine a réduit son quota de terres rares au cours de 2010 — ce qui fait partie d’une politique industrielle stratégique long terme — cela a profondément ébranlé le monde occidental industriel et a été un grand choc pour le marché global.

Ce choc a produit des bénéfices scandaleusement énormes pour les valeurs des compagnies minières de terres rares. Beaucoup de ces valeurs sont devenues très volatiles et peu consistantes. La prudence est donc conseillée. Mais l’histoire des terres rares est bien réelle et très excitante.

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