La Chronique Agora

Mario Rajoy sacrifie la santé et l’éducation sur l’autel de la dette

▪ Nous sommes assez surpris de constater qu’il se soit écoulé aussi peu de temps depuis la dernière injection financière de la BCE fin février. Nous pensions que les élections françaises se dérouleraient dans un climat de relative sérénité avant que les effets calmants des LTRO sur le marché obligataire s’évanouissent.

Les tensions actuelles réactivent les spéculations sur des rachats imminents de dettes espagnoles, portugaises et italiennes sur le marché secondaire par la banque centrale européennes. Elle n’hésitera certainement pas à le faire, sauf si l’embrasement se généralise et que la France se retrouve à son tour sous pression.

▪ Le discours de Bruxelles se veut rassurant mais…
Bruxelles tente également de nous rassurer en certifiant que l’Espagne aurait déjà achevé la moitié de son programme annuel de refinancement de sa dette. Elle n’a tout au plus fait que repousser le problème de fond de quelques mois en se refinançant à très court terme.

Dès qu’elle a tenté d’allonger la maturité, l’émission s’est mal passée et l’Espagne n’a réussi à lever que 2,6 milliards d’euros sur les 3,5 milliards d’euros prévus.

Miguel Fernández Ordóñez, le gouverneur de la banque centrale, reconnaissait à demi-mot ce week-end que l’Etat et les 17 régions autonomes — un acquis fort coûteux de l’après-franquisme qui remonte à 1978 — ne vont plus pouvoir s’en tenir longtemps au chiffre de 176 milliards d’euros de créances douteuses qui date d’il y a un an.

Le plan gouvernemental de 50 milliards d’euro  de renforcement des fonds propres des banques ibériques s’avère difficile à mettre en oeuvre — heureusement que la BCE les soutient à bout de bras, ce qui représente la bagatelle de 153 milliards d’euros. En plus, il est sous-évalué jusqu’à la caricature.

▪ On racle les fonds de tiroirs de l’éduction et de la santé
La situation apparaît si tendue (pour ne pas dire désespérée) que Mario Rajoy vient de sortir de son chapeau un plan de 10 milliards d’euros d’économie sacrifiant les budgets régionaux destinés à la santé et à l’éducation.

Les marchés sont prévenus : il vaut mieux éviter d’envoyer les enfants s’instruire en Espagne et d’y tomber malade au cours de la prochaine décennie !

Ce genre de raccourci peut vous paraître sinistre mais il nous rappelle de bien mauvais souvenirs, puisque la Grèce s’était la première engagée dans cette voie mortifère dès le printemps 2010… avec le succès que l’on connaît.

Faut-il s’étonner que le timide rebond de la Bourse de Paris (entre autres) laisse les opérateurs sur leur faim ?

La journée s’annonçait pourtant bien avec une vague de rachats à bon compte assez soutenue de 10h15 jusque vers 10h30, mais les gains ont fondu des deux tiers entre 16h45 et 17h35.

L’avance du CAC 40 est repassée de 1,55% à 0,62%. Ce sont les valeurs bancaires qui ont clairement rétrogradé l’indice en fin de séance.

▪ Calme plat à Wall Street
A Wall Street, les indices ont effacé la moitié des pertes de mardi soir à l’issue d’une séance à la limite de la monotonie. En effet, les scores finaux ont été très exactement identiques à ceux observés après une heure de cotations puis de nouveau lors de la clôture des places européennes.

Le Dow Jones a repris 0,7%, le S&P 0,74% et le Nasdaq 0,84%. Le seuil psychologique des 3 000 points est refranchi… et pour une fois sans l’appui du titre Apple qui s’est effrité de 0,4%.

A part la divine surprise de trimestriels d’Alcoa (6,6%) qui datait de la veille au soir, Wall Street n’a guère trouvé de raisons de s’enthousiasmer lors de la publication du Livre Beige de la Fed en début de soirée.

La feuille de route du mois d’avril reprend l’intégralité des éléments inclus lors des précédents diagnostics économiques publiés les mois précédents. On y retrouve donc le lent redressement de l’activité, la consommation plutôt résistante vu la flambée des carburants, des créations d’emplois en nombre insuffisant. Et pour conclure, sans sortir d’une platitude délibérée, aucun indice concernant l’existence (ou l’imminence) d’un débat sur la mise en oeuvre d’un QE3.

En résumé, service minimum à tous les étages en attendant l’installation d’un nouveau robinet de liquidités.

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