La Chronique Agora

Marchés, stagflation et… nudistes ?

stagflation

Les marchés actions se sont fait peur la semaine dernière – mais c’est du côté obligataire qu’il faut chercher les motifs d’inquiétude. Et pour Bill Bonner, visiblement, les risques potentiels sont dans le champ d’à côté…

Il s’est passé quelque chose de bizarre samedi. Ce n’est pas tous les jours que nous voyons des jeunes femmes nues gambader dans notre champ.

Revenons un peu en arrière, et expliquons comment cela a commencé.

En fin d’après-midi, nous avons entendu un boucan inhabituel – de la musique. De la musique horrible. De la musique épouvantable… avec le boum-boum-boum des basses qui laisse à penser qu’il y a un problème dans la salle des machines.

« Mais que diable ?… » nous sommes-nous demandé.

Changement de décor

Nous nous sommes habitué au calme et à la tranquillité absolus de l’Irlande rurale. Nous entendons les oiseaux chanter le matin, et les faisans glousser l’après-midi. Nous entendons les feuilles bruisser alors que le vent passe, et les tracteurs dans les champs.

Et voilà que nous nous retrouvions projeté dans les « quartiers » de Baltimore… avec le genre de bruit que les délinquants écoutent quand ils essaient de faire semblant de s’amuser.

D’abord, nous avons supposé que cela venait d’une ferme voisine. Peut-être que les jeunes faisaient une fête et avaient la musique si fort que cela traversait la rivière.

« Pourvu que les parents reviennent vite », avons-nous pensé.

Un peu plus tard, nous avons réalisé que la fête avait lieu dans notre propre champ. C’est devenu évident lorsque nous avons aperçu trois femmes… au loin… tout juste visibles parmi les arbres.

A cette distance, on voyait surtout de la peau : l’une d’entre elles, qui nous tournait le dos, semblait entièrement dévêtue.

Festivités illicites

Mais que faisaient ces gens sur notre propriété ?

Il fallait mener l’enquête !

Peut-être s’agissait-il d’un rassemblement de nudistes… ou simplement des jeunes faisant une fête illicite. L’Irlande applique toujours des restrictions Covid-19.

Suite à quoi nous avons entendu des cris – des cris de gens joyeux… ivres… et pas très malins.

Nous avons traversé le champ pour rejoindre l’endroit où nous avions vu les jeunes femmes. Il y avait un groupe de près de 20 jeunes… les hommes torse nu… les femmes « vêtues » de minuscules bikinis.

Certains étaient assis autour d’un feu de camp. D’autres installaient une énorme tente à flanc de colline. D’autres encore se tenaient en cercle… buvant, bavardant et riant.

Les fêtards étaient arrivés discrètement par un vieux chemin de terre, et étaient passés par un trou dans le mur de pierre. Nous nous sommes approché, en tenue de travail. Lorsqu’ils nous ont vu, le silence s’est fait. Nous n’étions pas le bienvenu.

« Qu’est-ce que vous faites ici ? » avons-nous demandé… sans sourire aux intrus.

« Oh… c’est une propriété privée ? On ne savait pas », a dit un jeune homme d’un air sérieux. L’un des autres s’est approché d’un air menaçant, en titubant.

« Calme-toi, Adam », a intercédé le premier.

« Vraiment », a ajouté une jeune fille blonde arborant un tatouage bleu et un anneau dans le nez. « On ne savait pas, on pensait que c’était okay de camper ici. »

Une brune nous dévisageait.

« Eh bien, c’est un terrain privé. Vous devez partir », avons-nous dit avec fermeté.

S’en est suivi une série d’explications, de négociations et de plaidoyers, suite à quoi votre correspondant – qui n’a jamais été très doué pour ce genre de choses – a fini par les laisser conserver leur camp… à deux conditions.

« Baissez la musique… Si j’entends la musique depuis la maison, j’appelle la Gardai (la police irlandaise) », avons-nous averti.

« Et assurez-vous de tout nettoyer quand vous repartez demain matin. »

Ces règles mises en place, nous sommes retourné à la maison… où on nous a rapidement informé que nous nous étions fait avoir.

Nous y reviendrons… mais prenons quelques nouvelles des marchés.

Peur sur les marchés

Les marchés se sont fait peur la semaine dernière. Les commentateurs ont rapidement accusé le variant Delta du coronavirus, anticipant de nouveaux masques et confinements.

Il est difficile d’imaginer que les gens supporteront encore beaucoup de restrictions liées au Covid-19. Ceux qui ont peur du virus sont déjà vaccinés. D’autres sont déjà tombés malades… ou ne se soucient pas de l’attraper.

Et tous peuvent voir qu’il n’y a que peu de liens apparents entre les mesures de santé publique et le risque de mourir.

Il y a une autre explication à la chute des cours : les investisseurs commencent à réaliser que la reprise économique pourrait ne pas être aussi vigoureuse qu’ils l’avaient espéré.

Les actions sont valorisées pour un monde très prospère… or ce n’est peut-être pas ce monde-là qui nous attend.

Plus intelligent que les obligations

Depuis des semaines maintenant, tandis que la hausse de l’inflation surprenait le marché, les obligations surprenaient elles aussi – mais à la baisse. En d’autres termes, pendant que l’inflation grimpait, les rendements obligataires chutaient, atteignant même un plancher de cinq mois.

« Les obligations sont plus intelligentes que les actions », disent les vétérans.

On dirait qu’ils ont raison.

Les obligations nous disent qu’une période de croissance lente… ou une récession… nous arrive – alors même que les prix à la consommation continuent de grimper.

Dans les années 1970, on appelait ça une stagflation. Préparez-vous.

Des gens bien

De retour chez nous…

« Tu laisses 20 jeunes qu’on ne connaît pas… dont certains sont déjà ivres… camper sur notre terrain, en violation des restrictions Covid ? Tu ne crois pas que ça risque de mal tourner ? »

« Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? »

« Un voisin pourrait se plaindre… ou appeler la Gardai. Ils voudraient savoir pourquoi tu as autorisé une fête illégale.

« Et qui sait ce qu’ils pourraient faire… des filles à moitié nues… des hommes ivres… Une bagarre ? Un accident ? »

C’était le côté « obligataire » de notre couple qui parlait, si vous voyez ce que nous voulons dire.

« Ils semblaient être des gens bien », avons-nous répondu sans conviction. « Je ne voulais pas gâcher leur fête. »

« Les gens bien n’entrent pas dans une propriété privée. »

Il s’avéra qu’ils n’étaient pas trop mal. Ils ont baissé la musique. Et à 11h le dimanche matin… ils avaient disparu.

Le feu de camp fumait encore, mais à part ça, les intrus n’avaient quasiment pas laissé de traces.

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