La Chronique Agora

Des marchés financiers déroutés par une courbe des taux déformée…

▪ Les cours des actions et des obligations sur les marchés boursiers internationaux atteignent des niveaux record. Même si la situation a de quoi réjouir les détenteurs de ces titres, il ne faudrait pas que, dans leur euphorie actuelle, ils en oublient que les marchés financiers sont fortement perturbés par les achats de masse des banques centrales.

Les cours et les taux d’intérêts n’expriment plus les risques réels

Les rendements obligataires sont poussés vers des niveaux toujours plus bas, ce qui incite les investisseurs à se tourner vers des placements toujours plus risqués. Les cours et les taux d’intérêts n’expriment plus les risques réels.

Les obligations allemandes, référence européenne en matière de taux, offrent un rendement négatif jusqu’à neuf ans ; sur 10 ans le rendement n’est que de 0,05% (France 0,30%). Les rendements obligataires en Suisse sont également négatifs jusqu’à 10 ans. Les Treasuries atteignent tout juste 1,90% sur 10 ans. Récemment au bord de la faillite, l’Espagne vient d’émettre un emprunt sur 30 ans à 2,07%. Pour la première fois dans l’histoire, le Mexique a émis des obligations en euro à échéance de 100 ans (qui peut savoir si l’euro existera toujours, sous sa forme actuelle, dans 100 ans ?).

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Ces quatre placements présentent un danger immédiat pour vos finances : en êtes-vous protégé ?

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Quel émerveillement quand sera émise pour la première fois une obligation de 1 000 ans ! Et pourquoi pas d’une durée éternelle puisque la dette publique ne sera jamais remboursée ? Les taux d’intérêt ne sont plus le régulateur des marchés libres.

Personne ne prête attention au fait que les revenus des épargnants, des fonds de pension ou des assureurs-vie dépendent des intérêts servis et donc que, in fine, les politiques de taux zéro tuent la consommation. Des revenus d’intérêts par centaines de milliards sont perdus : ce n’est pas le rôle des budgets publics de les remplacer.

▪ Nouvelles crises à prévoir
Par ailleurs, l’épargne placée sur les marchés monétaire et obligataire qui, théoriquement, sert à financer machines et équipements subit, en termes réels, une moins-value du fait que les taux ne compensent même pas l’inflation et les impôts. Les investisseurs sont ainsi poussés vers des marchés toujours plus risqués, jusqu’aux marchés émergents. L’utilité marginale de la baisse des taux n’est plus qu’un lointain souvenir !

Toute la courbe des taux est déformée

Toute la courbe des taux est déformée et l’argent ne va plus de manière optimale vers l’investissement productif et prometteur — ce qui est susceptible de déclencher de nouvelles crises.

Quand il devient si facile de financer les nouvelles dettes, le trésorier public choisira cette possibilité sans trop se soucier de la charge d’intérêts future car il est beaucoup plus difficile et impopulaire d’augmenter les impôts ou de réduire les dépenses.

La volonté de réformer pour sortir de la crise s’évanouit

Dans quelques années, la dépense budgétaire la plus importante aux Etats-Unis sera le paiement des intérêts, qui entraîneront une charge annuelle de 800 milliards de dollars. Malgré cela, le CBO prévoit déjà une augmentation des déficits budgétaires sur les prochaines années. La volonté de réformer pour sortir de la crise s’évanouit et les politique monétaire et budgétaire deviennent contre-productives.

▪ Conclusion
Les banques centrales ont probablement déjà poussé trop loin leur politique de taux zéro. A ce niveau de taux, les effets contre-productifs sont déjà visibles sur l’évolution de l’économie.

Il n’y a plus de véritable volonté de réformer pour faire baisser la dette publique et réduire les déficits budgétaires. En cas de remontée des taux, les intérêts débiteurs sur une dette mondiale atteignant actuellement 200 000 milliards de dollars ne pourront pas être financés.

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