La Chronique Agora

Marché obligataire et dette gouvernementale : trop beau pour être vrai !

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▪ Tous les jours, nous pensons voir un peu plus clairement le chemin que tout ça prend. Et tous les jours, nous en avons le souffle coupé.

Nous restons bouche bée. Les genoux tremblants. Nous retenons notre souffle et reprenons une caïpirinha : pour la toute première fois de l’histoire, les banques centrales impriment plus d’argent que les gouvernements ne peuvent en utiliser.

Absolument. Après les rachats des banques centrales, les ventes d’obligations gouvernementales nettes seront négatives. Oui, les gouvernements accumuleront toujours des déficits. Oui, ils emprunteront toujours des milliers de milliards de dollars. Mais après que les banques centrales auront terminé de racheter leurs dettes cette année, il y aura moins de dette gouvernementale sur les marchés à la fin de l’année qu’au début. Les obligations gouvernementales disparaîtront du marché de la dette… aussi miraculeusement que l’argent est apparu pour les acheter.

Un superbe système… non ?

Hier soir, nous avons dîné en terrasse. On se serait cru à Delray Beach, en Floride — sans les personnes âgées. Au coin, les clients d’un bar s’amassaient jusque sur le trottoir. Des hommes et des femmes, en groupes de deux… trois… quatre… flânaient dans la rue, élégamment vêtus sans être engoncés. De temps en temps, une voiture passait en vrombissant à côté du restaurant.

Comme dans le sud de la Floride, les jeunes sont très conscients de leur corps. Les hommes font du sport et portent des chemises révélant leurs biceps sculptés. Les femmes portent des pantalons moulants mettant en valeur leurs jambes fuselées et leur postérieur ferme.

Chic, assuré, jeune : tel est Sao Paulo.

"Ne confondez pas Itaim avec le Brésil", nous a averti un collègue. "Ce quartier ressemble peut-être à Los Angeles ou Londres, mais la majeure partie du Brésil est bien plus pauvre".

Le revenu moyen, pour l’ensemble du Brésil, tourne aux environs des 10 000 $ — soit un tiers/un quart du revenu moyen américain

Le revenu moyen, pour l’ensemble du Brésil, tourne aux environs des 10 000 $ — soit un tiers/un quart du revenu moyen américain. (Nous nous méfions des chiffres bien nets. Une fois qu’on tient compte du pouvoir d’achat, du taux de chômage, de l’inflation, des impôts et des charges sociales, les statistiques fondent).

Le Brésil est jeune. Par rapport aux Etats-Unis, il est pauvre. Cela lui donne deux avantages. Il peut rattraper son retard… et prendre de l’âge. C’est "le pays de l’avenir", écrivait Stefan Zweig en 1941, avant de se donner la mort.

▪ Le début de la fin se rapproche…
Pendant ce temps, au Pays du Passé, les personnes âgées, les banques centrales, les gouvernements, l’industrie financière, les zombies et les capitalistes de copinage — tous luttent pour garder ce qu’ils ont. Ils veulent tous désespérément maintenir le status quo. Ledit status quo dépend désormais d’une quantité croissance de crédit.

Naturellement, ils veulent que la bulle du crédit se développe — de la pire manière possible. Quelle est cette pire manière possible ? Vous l’avez deviné : imprimer de la monnaie !

Mieux vaut vous asseoir, cher lecteur. On a appris la semaine dernière que les banques centrales impriment désormais assez de monnaie pour couvrir PLUS de 100% des besoins d’emprunts des gouvernements.

Nous pensons assister actuellement au début de la fin. Lorsqu’on en arrive à un tel point, les choses commencent à se préciser.

Rappelez-vous de l’époque où Bill Clinton était président. Son conseiller James Carville avait remarqué :

"Autrefois, je pensais que si la réincarnation existait, j’aurais voulu renaître en tant que président ou comme pape ou bien comme champion de base-ball. Aujourd’hui, j’aimerais me réincarner en investisseur obligataire. On peut intimider tout le monde".

Si les investisseurs obligataires intimidaient les politiciens de l’époque, c’était parce qu’ils pouvaient dire "non" aux obligations gouvernementales. Lorsque l’inflation augmentait, ces investisseurs arrivaient à la rescousse, forçant les autorités à augmenter les taux d’intérêt pour reprendre le contrôle de l’inflation.

Voilà bien longtemps qu’on n’a plus vu ces gens. Ils sont probablement morts et se sont réincarnés en conseillers d’Obama.

Aujourd’hui, les autorités n’ont plus rien à craindre. Elles n’ont plus besoin du marché obligataire

Aujourd’hui, les autorités n’ont plus rien à craindre. Elles n’ont plus besoin du marché obligataire. Elles peuvent emprunter tout ce dont elles ont besoin à la banque centrale.

Les obligations entrent dans les coffres des banques centrales — et elles y restent. Pas besoin de s’inquiéter de la dette. Pas besoin de réfléchir à "inverser" les opérations de QE. Pas besoin de se soucier de l’augmentation des déficits gouvernementaux — en fait, plus les banques centrales impriment pour les financer, moins le gouvernement (dans les faits) doit d’argent. Et on y est : la dette n’a plus d’importance !

Presque trop beau pour être vrai, non ?

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