La Chronique Agora

« A marche forcée »

Haines et rancœurs au sein de la classe politique, mais « à marche forcée » pour le peuple puisque tout est pour son bien !

J’ai déjà eu l’occasion de vous parler de François Ruffin, le député de LFI qui a d’irrécupérables carences en économie, peut-être parce qu’il passe un peu trop de temps au bal des hypocrites.

En attendant la sortie au mois d’avril de J’veux du soleil, son documentaire consacré aux gilets jaunes, le public de François Ruffin pourra se délecter de son dernier livre. Intitulé Ce pays que tu ne connais pas, c’est bien sûr à Emmanuel Macron que s’adresse l’ouvrage sorti le 20 février.

Ce journaliste devenu politicien s’est lâché. Voici ce qu’en dit Le Monde :

« C’est un livre qui raconte une haine. Une haine pas ordinaire mais politique, et aussi personnelle. Celle de François Ruffin envers Emmanuel Macron, le président de la République. […] A la vérité, ce ne sont pas ces aspects-là qui sont dérangeants, mais les pages entières consacrées à décrire ‘le rejet physique, viscéral’ de M. Macron […]. Aucune once de politique dans ces passages : ‘votre tête ne me revient pas’ ; ‘partout, vous posiez avec vos mines pour catalogue des 3 Suisses : les traits réguliers, le nez droit, la peau lisse, la mâchoire carrée’ ; ‘c’est physique. C’est viscéral. C’est très mal. Je ne m’en vante pas […], mais ce rejet nous sommes des milliers à l’éprouver.' »

Bref, François Ruffin ne peut pas encadrer Emmanuel Macron et il ressent le besoin d’enfoncer le clou publiquement, au cas où les Français n’auraient pas encore bien compris.

Le Monde considère que ces propos sont « dérangeants ». Mais dérangeants pour qui, au juste ? Pour les macronistes ? Certainement pas, puisque certains d’entre eux se sont réjouis de voir François Ruffin tomber au niveau de la critique physique, décrédibilisant plus avant l’opposition d’extrême-gauche.

Ce genre de propos, qui ne font in fine du tort qu’à ceux qui les professent, tomberont-ils sous le coup de la loi que nous a annoncée Mounir Mahjoubi ?

Avant Mounir Mahjoubi – et aujourd’hui encore –, lorsque quelqu’un éprouve le besoin de déclarer sur la toile qu’il déteste quelque chose ou quelqu’un d’autre, on voit en général apparaître ce genre de traitement humoristique :

Après le passage du secrétaire d’Etat au Numérique et de sa conception omnipotente d’un Etat qui devrait résoudre tous nos problèmes, un individu de l’acabit de François Ruffin finira-t-il par se retrouver devant un tribunal au motif qu’il a écrit qu’il ne pouvait pas blairer untel et « sa mâchoire carrée » ?

Espérons que ce ne sera pas le cas.

Quand la violence dépasse la dimension verbale pour devenir physique

D’autant plus que la Justice a d’autres chats à fouetter.

J’en veux pour preuve l’affaire qui concerne les hommes politiques Boris Faure et M’jid El Guerrab, laquelle est passée devant la justice le 18 mars, soit plus d’un an et demi après les faits. Si vous n’en n’avez pas entendu parler, voici la cause du plaignant :

A l’époque de l’altercation, Boris Faure était premier secrétaire de la Fédération des Français de l’étranger du PS. Il est désormais conseiller consulaire en Belgique. Ancien socialiste, M’jid El Guerrab était quant à lui député LREM et, depuis qu’il a été mis en examen pour « violences volontaires avec arme par destination », il a rejoint les députés non-inscrits puis le groupe Libertés et territoires.

RTL explique :

« S’il a reconnu la violence de son geste, M’jid El Guerrab ‘conteste être à l’origine de cette altercation’ selon son avocat Yassine Yakouti. Il affirme avoir réagi à des ‘insultes racistes’ et à ‘une agression physique’. Mais ce n’était pas la première fois que les deux hommes se rencontrent. Ils ont tous les deux longtemps milité dans la même fédération socialiste à Paris ».

Comme quoi, on a beau avoir été socialiste à l’instar de notre député casqué, ce n’est pas tous les jours évident d’assumer le fait de faire partie du camp « des gentils, des doux »…

A plus grande échelle : le consentement à marche forcée

Changeons de focus et penchons-nous sur les contraintes exercées non plus à l’échelle de l’individu, mais à l’échelle de la société.

A ce sujet, voici la dernière sortie de notre ministre de l’Agriculture Didier Guillaume le 10 février au micro de RTL.

J’ai déjà abordé le glyphosate, rapportant l’opinion avisée de Ségolène Royal en la matière, et les propos tenus lors de la Mission d’information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate à l’Assemblée nationale.

Au plus haut niveau décisionnel, on continue de faire semblant (j’espère) de confondre risque et danger, afin de donner dans la suppression symbolique « d’une agriculture qui est rejetée ».

Tans pis pour la science et le progrès.

Voilà pour la mise en bouche.

Car l’un des plus grands scandales en matière de changement politique à marche forcée est bien sûr celui du non-respect de la volonté exprimée par les peuples européens au travers des différents votes, en particulier des référendums qui se sont succédés au cours des 20 dernières années.

Je vous ferais bien le résumé de ce qu’il s’est passé en Grèce, en France, aux Pays-Bas, en Italie et en Grande-Bretagne, mais cela dépasserait le cadre de ce billet. Par ailleurs, Charles Gave s’y est collé dans l’un de ses billets du lundi, lequel se conclut de manière assez sombre.

Pourquoi « pourquoi » ?

« Parce que depuis à peu près 20 ans, chaque fois qu’un peuple exprime sa volonté au travers d’une élection ou d’un référendum et si cette volonté est contraire au mouvement de l’Histoire telle que décrite par des hommes éminents tels monsieur Juncker, auteur de la célèbre formule : ‘il n’y a pas de sortie démocratique des institutions européennes’, alors, curieusement, des obstacles innombrables se dressent qui empêchent la volonté du peuple de s’exercer. »

Quand une histoire d’amour finit dans une salle de torture

Peut-être connaissez-vous ce bon mot :

« Vous ne pouvez pas forcer quelqu’un à vous aimer. Mais vous pouvez l’enfermer au sous-sol et attendre qu’il développe le syndrome de Stockholm. »

Valérie Pécresse, quant à elle, n’est pas dans une optique de reconquête de l’être aimé mais plutôt dans une logique de châtiment de celui qui s’en va.

Je partage l’opinion du blogger Franck Boizard :

« L’européisme est bien une religion : il faut punir les apostats. Une position politique et non religieuse serait de se demander ce que la France peut tirer comme avantages du Brexit, avantages stratégiques, à long terme, pas trois emplois de banquiers en plus. […] c’est en cela qu’elle est intéressante : c’est un perroquet qui répète les idées à la mode dans son milieu. »

Dommage, plutôt que de virer dans le sadisme, on aurait espéré de celle qui a nommé son mouvement politique Libres ! (sic) qu’elle contribue à faire en sorte que l’UE, après s’être chamaillée avec la Grande-Bretagne, se sépare bons amis de celle-ci, comme c’est l’intérêt bien compris de chacune des parties.

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