La Chronique Agora

Les malfrats et les banquiers au sommet

Le fantasme de la démocratie américaine est que le processus électoral permet d’éliminer les fraudeurs. Une simple visite au Capitole suffit à dissiper ce mythe.

C’était un week-end magnifique en Irlande, le premier week-end chaud et ensoleillé de l’année. Les fleurs sont épanouies. L’herbe est verte et haute. La mer scintille au loin et les vaches se promènent dans les champs.

« Nous avons connu l’hiver et le printemps les plus pluvieux dont je me souvienne », nous a dit un voisin.

Mais hier, tout cela semblait en valoir la peine. Il n’y a rien de plus beau que l’Irlande par une journée ensoleillée.

« Profitez-en tant que vous le pouvez », a ajouté le voisin.

Dans la cathédrale Sainte-Marie de Youghal, le ton était plus sérieux.

« Nous ne contrôlons pas la météo. Nous ne votons pas pour savoir si nous respirons ou non. Il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas décider soi-même », a expliqué le prêtre.

Il commentait un passage de la Bible (Actes des Apôtres), qui raconte comment les apôtres ont remplacé Jésus après sa crucifixion. Ils tirèrent au sort et le sort tomba sur Matthias, qui fut ajouté aux onze apôtres.

« Il serait peut-être préférable que nous choisissions nos dirigeants politiques de cette manière, poursuit-il, plutôt que d’avoir à écouter tous les jours les actualités concernant les élections. »

Il avait raison.

Comparées aux Etats-Unis, les élections en Irlande sont plutôt dignes et civilisées. L’Irlande est plus petite. Les enjeux sont mieux compris. Et les Irlandais ont encore plus ou moins confiance en leurs dirigeants.

Imbéciles et malhonnêtes

Mais aux Etats-Unis, les élections sont devenues des compétitions vicieuses, souvent entre des fous et des crétins… des égorgeurs et des goujats. Tout ce que les électeurs peuvent faire, c’est d’essayer de déterminer lequel est le moins pire. Une loterie nationale, choisissant nos hommes politiques comme Matthias – sur la base du hasard, plutôt que de la fraude – serait presque certainement meilleure.

Ici, nous nous tenons à l’écart de la politique. Mais la politique ne nous laisse pas indifférents.

Joe Biden va augmenter les impôts. Forbes rapporte :

« Dans le cadre du plan fiscal de Joe Biden, l’impôt sur les plus-values dépassera 50% dans 11 Etats. »

Il prévoit également d’augmenter les droits de douane sur les véhicules électriques chinois. Bloomberg :

« Le président Joe Biden va quadrupler les droits de douane sur les véhicules électriques chinois et augmenter fortement les prélèvements sur d’autres secteurs clés cette semaine, en dévoilant ces mesures lors d’un événement organisé à la Maison-Blanche, et présenté comme un plan de défense des travailleurs américains. »

Non seulement les Américains paieront leurs roues plus cher, mais l’industrie automobile américaine, protégée par les autorités fédérales, sera également touchée. David Fickling résume la situation :

« Tels des oiseaux sur des îles isolées, les constructeurs automobiles américains évoluent pour s’adapter à un environnement étrangement favorable – un environnement où ils peuvent devenir grands en l’absence de concurrence de la part de rivaux affamés. Peu à peu, ils perdront leur capacité à voler. Les consommateurs qui voudraient mettre la main sur des voitures abordables, propres et innovantes seront les grands perdants. »

Donald Trump, quant à lui, affirme qu’il augmentera les droits de douane sur tous les produits fabriqués en Chine… ce qui entraînera une hausse des prix sur presque tous les produits. Il affirme également qu’il réduira les impôts. Bloomberg :

« ‘Au lieu d’une hausse d’impôts à la Biden, je vais vous donner une grosse réduction d’impôts à la Trump classe moyenne, classe supérieure, classe inférieure, classe d’affaires’, a déclaré Donald Trump lors d’un rassemblement samedi à Wildwood, sur la côte du New Jersey. »

La baisse des taux et des impôts était la formule de Trump pour son premier mandat, mais comme nous l’avons vu, sans réduction des dépenses, elle ne fera qu’augmenter la dette et finira par imposer le pire des impôts : l’impôt sur l’inflation.

Aucun des deux candidats ne semble préoccupé par les grands défis auxquels le pays est confronté : trop de dettes et trop de guerres. Le processus électoral lui-même explique au moins en partie cette situation. Les candidats courtisent les grands sponsors en promettant un bon retour sur investissement à leurs donateurs. Et les gros bonnets ne prennent pas de risques. Ils investissent sur les deux principaux candidats… en s’assurant que le gouvernement continue à gaspiller l’argent des contribuables dans la lutte contre la pauvreté.

Le fantasme de la démocratie américaine est que le processus électoral élimine les dopés, les crétins et les fraudeurs. Une simple visite au Capitole lorsque le Congrès est en session suffit à dissiper ce mythe.

Au lieu d’élever les meilleurs et les plus brillants, c’est tout le contraire qui se produit. Elle élève les grandes gueules et les banquiers, ceux qui sont les plus enclins à trafiquer leur influence, en échange de l’argent pour leur campagne électorale.

Une loterie serait plus honnête. Elle épargnerait à la nation le coût des élections et le crescendo de bêtises qui les accompagne. Et presque n’importe quel citoyen, choisi au hasard et non redevable à l’élite établie, ferait probablement moins de dégâts.

Mais attendez…

Il y a un autre candidat dans le paysage présidentiel. RFK Jr. Est-il vraiment meilleur que le hasard ? Un toxicomane repenti. Une ancienne victime d’un ver cérébral. Vise-t-il sérieusement la Maison-Blanche ?

Ou n’est-il qu’un trouble-fête ? Et si c’est le cas, pour nuire à qui ? Biden ? Trump ? Et s’il fracturait le vote du collège électoral… de sorte que l’élection se termine sans vainqueur clair ?

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