La Chronique Agora

L'inflation ou la paix des cimetières

** Le Dow a un peu grimpé la semaine dernière. Le dollar aussi.

* Les matières premières ont touché un nouveau sommet historique. On pense que les stocks de blé de printemps, aux Etats-Unis, seront en baisse de 25% par rapport à l’an dernier.

* L’or a grimpé.

* D’un point de vue inflationniste, ce sont des signes positifs. Les autorités ont terriblement peur de voir les prix chuter. Elles font tout ce qu’elles peuvent pour que la fête continue.

* C’est soit "’l’inflation… soit la paix des cimetières", remarquait autrefois un officiel argentin. L’inflation ou la mort ! Le boom… ou le krach ! Eh bien… euh… oui, c’est ça.

* Tout de même, les fêtards semblent enfiler leurs manteaux l’un après l’autre, et se diriger vers la porte. Un sondage du Wall Street Journal auprès d’économistes donne des probabilités de récession parfaitement égales en 2008.

** Si la paix des cimetières est réellement en train de s’étendre sur nous, nous devrions voir les consommateurs réduire leurs dépenses. Et les grands détaillants devraient le confirmer. Comme on pouvait s’y attendre, le point de vente de la Chine aux Etats-Unis — Wal-Mart — nous dit que les ventes ne sont pas aussi bonnes que prévu. Wal-Mart "mène la parade des objectifs de vente non atteints", déclare un reportage de CNN Money.

* "Je pense que ces résultats montrent que le coeur de cible de Wal-Mart — des acheteurs à revenus bas, ainsi des ménages de classe moyenne, désormais — réduit ses dépenses", a remarqué un analyste.

* "Les détaillants ont du mal, tandis que les Américains se retirent", comme le formule le International Herald Tribune. "Le ralentissement des dépenses de consommation se poursuit", déclarait un autre expert des ventes de détail.

* C’est la prochaine tendance, cher lecteur — réduire les dépenses, revenir à un train de vie modeste, "faire aller". Même si elle figure à peine au radar pour l’instant, la frugalité se fait plus nette de jour en jour. Pour le moment, les gens sont un peu embarrassés à ce sujet… un peu honteux de devoir réduire leurs dépenses. Mais bientôt, ce sera populaire… à la mode… et en fin de compte, presque obligatoire.

* Le capitalisme est un système moral et non économique. Il récompense la vertu et punit l’erreur. Après la punition vient l’expiation… puis une nouvelle appréciation de la vertu.

* "La vertu, c’est ce qui rapportait, autrefois", déclarait un économiste à l’oeil vif mais au nom quelconque. Et si l’économiste dont nous ne pouvons nous rappeler le nom ne l’a pas dit, c’est nous qui le disons. L’épargne, l’auto-discipline, l’abstention — ce sont toutes des vertus parce qu’elles rapportaient par le passé. Pas chaque année… pas dans toutes les tendances… mais généralement, à long terme, elles rapportent. Elles redeviendront des vertus parce qu’elles paieront à nouveau. Gâcher de l’argent… dépenser de manière irréfléchie… et s’endetter — tout cela sera bientôt perçu comme des gaffes sociales… des erreurs… du mauvais goût.

* Bien entendu, les autorités font tout ce qu’elles peuvent pour empêcher l’épargne. Des taux d’intérêt en baisse et des prix à la consommation en hausse découragent l’épargne. Mais le combat entre M. le Marché et les manipulateurs de marché est aussi vieux que le combat entre le vice et la vertu. Parfois, un côté gagne. Parfois, c’est l’autre. Mais en fin de compte, ce qui doit se passer tôt ou tard finit par arriver. Lorsque les consommateurs doivent réduire leurs dépenses, ils les réduisent. Les gens font ce qui rapporte.

* Et qu’est-ce qui rapporte, aujourd’hui ?

* Ce qui rapporte, c’est d’épargner. Mais pas en dollars… ni dans d’autres devises papier. Elles sont toutes gérées par des manipulateurs de marché… et ils sont tous déterminés à les voir chuter.

* "La BCE ne bouge pas, mais signale une nouvelle ligne de pensée", titrait le International Herald Tribune vendredi. Récemment, le dollar a grimpé par rapport à l’euro. Les spéculateurs pensaient que la BCE ne mettrait pas en application sa menace d’augmenter les taux pour lutter contre l’inflation. Ils avaient raison. Au lieu de cela, la BCE est restée immobile — reconnaissant qu’un ralentissement aux Etats-Unis pourrait réduire la demande, et donc relâcher la pression inflationniste en Europe.

* La Banque d’Angleterre, par contre, a baissé son taux directeur d’un quart de point. Et la BCE a dit qu’elle pourrait en faire de même. La livre et l’euro ont chuté par rapport au dollar.

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