La Chronique Agora

L'inflation, désormais, c'est bien

** Il n’existe pas d’idée si absurde que la majorité des gens ne la croiront pas… quand cela les arrange.

* Nous avons vu que les classes bavardes s’acheminent vers l’inflation. La hausse des prix n’est plus considérée comme malfaisante ; au contraire, elle est bénéfique.

* Bien entendu, il faut du temps pour surmonter des tabous bien enracinés, des préjugés et du bon sens. Mais tous les jours, les beaux parleurs sont à la télévision… les éditorialistes sont dans les journaux et les magazines… et les économistes vantards sont dans tous les parlements du monde.

* "L’inflation, c’est bien", disent-ils.

* Nous sommes prêts à faire "tout ce qu’il faudra" pour que les prix recommencent à grimper, déclare Tim Geithner, nouveau secrétaire au Trésor US.

* Que faudra-t-il ? Les économistes et les décideurs en débattent… mais peu à peu, un consensus se forme : il faudra de l’inflation !

* Les marchés actions ont chuté la semaine dernière. L’or est repassé au-dessus des 900 $.

* Des records ont été battus. De nouvelles maisons ne se sont pas vendues en décembre — à un taux record. La confiance des consommateurs est à un plancher record. Et le nombre de personnes bénéficiant d’allocations chômage est grimpé à un sommet record.

* Kodak a annoncé le licenciement de 3 500 à 4 500 personnes. Sprint en est à 8 000. Corning s’est débarrassé de 4 900 employés. Le chômage grimpe dans tous les états des Etats-Unis, rapporte le Wall Street Journal.

* Et le secteur aérien annonce avoir perdu cinq milliards de dollars l’an dernier.

* CNN parle d’une femme qui a perdu son emploi à 80 000 $ par an et n’a rien pu trouver d’équivalent. Elle gagne moins d’un quart de cette somme, travaillant à un poste de fortune. "Je n’imaginais pas qu’une telle chose puisse m’arriver en un million d’années", a-t-elle déclaré.

* Petit à petit, la gravité de la situation apparaît. L’économie s’affaiblit. Mais le gouvernement se renforce. L’argent, le pouvoir… et l’espoir dans l’avenir… coulent dans sa direction.

** La semaine dernière, le président Obama, voyant que Wall Street est au tapis, s’est empressé de lui donner un coup de pied.

* Les 18 milliards de dollars de bonus versés aux huiles de la finance l’an dernier étaient "honteux" a-t-il déclaré. C’était "le sommet de l’irresponsabilité" que de ponctionner tant de capitaux au système alors qu’il perdait de l’argent, a-t-il souligné.

* Bien entendu, il a raison. C’était très certainement irresponsable. Et les financiers méritent les coups, cela ne fait aucun doute. Mais c’est dommage que personne n’en ait parlé en 2006 ou 2007 — pas même M. Obama — lorsque les primes et l’irresponsabilité étaient encore plus élevées. En 2006, les primes sont passées à 62 000 milliards de dollars… alors que la finance vendait des milliers de milliards de dollars de CDO, MBS et autres choses qu’on ne peut mentionner en public.

* Mais c’est juste comme ça que les choses fonctionnent. Comme nous le répétons souvent, la "fraude innocente" des marchés est out. Le vol à main armée est in.

* Le gouvernement — entre les mains des mouches du coche — n’arnaque pas les investisseurs comme l’ont fait Dick Fuld et Hank Paulson. Au lieu de cela, il crée une fraude à la Bernie Madoff — une escroquerie en pyramide que même les Egyptiens nous envieraient. Et contrairement au secteur financier, Washington prend de l’argent aux gens sans même leur demander… comme un cambrioleur de station-service sans bas sur le visage.

* Et à présent — dans la confusion de la crise du crédit — leur heure est enfin venue… Et les politiciens et les mouches du coche arrivent en balançant des bras, en bousculant, en jetant des coups de pied — prenant tout l’argent et le pouvoir qu’ils peuvent, tant que ça dure.

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