▪ Quelle reprise merveilleuse ! Mais il y a tant de mystères non résolus ! Une croissance du PIB US qui dépasse les 5%… mais, mystérieusement, pas d’emplois. Et pas de rebond du marché immobilier. Et pour épaissir un peu l’intrigue, M. Obama est arrivé avec un budget de 3 800 milliards de dollars.
Ce montant est vertigineux. C’est vraiment beaucoup d’argent. Mais il y a plus vertigineux encore : une omission flagrante — l’administration Obama prévoit de dépenser 1 600 milliards de dollars qu’elle n’a pas. En plus des 1 350 milliards qu’elle n’avait pas — et a dépensés malgré tout — l’an dernier. D’où provient tout cet argent ? Encore un mystère…
Voyons voir… additionnez ces deux déficits, et vous obtenez un trou budgétaire aussi vaste que la Voie Lactée… Près de 3 000 milliards de dollars, ou plus de 20% du PIB.
Une autre chose très mystérieuse quant à cette galaxie de dettes : elle arrive pile au moment où l’économie est censée se remettre. Si l’on était convaincu qu’une économie reprend, pourquoi risquer un déficit aussi colossal ?
Rien ne colle tout à fait. Le PIB US se développe à un rythme sain — selon les chiffres donnés par les autorités. Mais les gens ont peu d’emplois et peu de revenus.
"Les salaires et les avantages sociaux atteignent un plus bas historique [aux Etats-Unis], rapporte le Wall Street Journal.
Les employeurs n’emploient pas. Les travailleurs ne travaillent pas. Et les maisons ne rapportent plus d’argent. Voilà qui laisse de plus en plus de gens sur le carreau.
Apparemment, les autorités elles-mêmes ne croient pas que l’économie soit vraiment sortie de l’ornière. Nous sommes censés être en train de rouler sur la route de la reprise… et pourtant, les dirigeants envoient la dépanneuse la plus chère de l’histoire !
Le Financial Times en tire la conclusion évidente :
"La déflation US n’est plus considérée comme un risque".
Vous voulez parier ?
▪ La première économie au monde accumule des déficits gigantesques. Mais la deuxième en accumule de plus profonds encore. Pas beaucoup plus profonds… mais plus profonds quand même.
Au Japon, les déficits dépassent un peu les recettes fiscales. Aux Etats-Unis, c’est l’inverse. Dans les deux cas, les déficits sont gigantesques… et continuent de s’approfondir.
En dépit de ses déficits gargantuesques, le Japon n’a pas réussi à dépenser jusqu’à sortir de la dépression… ou de la déflation. Au contraire, plus il dépense pour lutter contre la déflation, plus les prix chutent.
Comment est-ce possible ? C’est un autre mystère. Comment le gouvernement peut-il être assez inepte pour se tirer une balle dans le pied chaque fois qu’il appuie sur la détente ? Comment peut-il être assez myope pour viser une chose et atteindre ce qu’il était supposé protéger ? Comment peut-il être assez benêt pour faire exactement ce qu’il ne faut pas exactement quand il ne faut pas ?
Nous ne pouvons pas répondre à ces questions… du moins pas dans la minute. Nous nous tournons donc vers les preuves — dans un rapport Bloomberg :
"Les prix à la consommation chutent au Japon".
Et nous voilà avec un autre mystère, pas vrai ? Le Japon gonfle sa masse monétaire avec des taux zéro durant plus d’une décennie… et des déficits budgétaires dignes de Godzilla. Et que se passe-t-il ? Son économie coule et ses prix à la consommation chutent !
Et voilà qu’arrivent les Etats-Unis d’Amérique, qui suivent le modèle japonais… selon la forme la plus sincère de flatterie.
N’obtiendront-ils pas les mêmes résultats ?
Nous n’en savons rien. Mais cela ne nous surprendrait pas.
Nous aurions beaucoup plus à dire sur le sujet…
… sur le fait que les théories économiques soutenant ces décisions politiques sont corrompues, linéaires et superficielles (voire carrément stupides)…
… et sur le fait que le facteur nourrissant ces déficits est politique, non économique. Les économistes sont simplement des idiots utiles. Les politiciens les utilisent pour accaparer plus d’argent et de pouvoir pour eux et leurs amis…
… mais allons directement au dénouement de ce mystère. Voilà ce qui se passe vraiment :
Pour commencer, toute cette histoire de croissance du PIB US n’est que du bruit statistique — à moitié contrefaçon, à moitié mensonge gros comme une maison. Nous vivons une dépression ; elle mettra des années à se résoudre.
C’est pour ça que le chômage reste élevé… et qu’il n’y aura pas de reprise pour les prix de l’immobilier. Ils pourraient grimper. Ils pourraient baisser. Ils ne reviendront jamais aux sommets qu’ils avaient atteints en 2006 — pas en termes réels. Pas de notre vivant.
Ensuite, le mystère des 1 800 milliards de dollars de déficit est lui aussi un mélange de mensonge, d’audace et de laxisme intellectuel. En deux mots, les autorités dépensent autant d’argent pour une seule raison : parce qu’elles pensent pouvoir s’en tirer sans dommage.
Est-ce vraiment le cas ?
Bien sûr que non… pas vraiment.