La Chronique Agora

Les mauvaises nouvelles sont des bonnes nouvelles pour les marchés

Bourse scénario Goldilocks

Un monde de « bruit et de fureur » ? Mais non, c’est « Goldilocks » !

Plus il tombe de bombes et de missiles au Liban, en Syrie et au Yémen, tandis que la destruction totale de Gaza (bombes + dynamitages) s’achève et que tous les regards se tournent vers l’Iran (rumeurs de déploiement de missiles Iskander de moyenne portée de fabrication russes), plus les marchés ont besoin de se raconter des fables rassurantes.

Le danger d’embrasement est si grand au Proche-Orient, avec le rejet de toute négociation, de tout appel à un cessez-le-feu et l’intensification des destructions massives au Liban, que les marchés troquent la récitation des fables habituelles pour un narratif de type conte de fées, ce qui semble un minimum en ce triste anniversaire de la sanglante tragédie du 7 octobre 2023.

Ignorant les risques de destruction des installations pétrolières et nucléaires iraniennes « en représailles »… des représailles aux précédentes représailles (c’est sans fin) au cours du week-end, Wall Street avait achevé la première semaine d’octobre sur une note quasi euphorique, en invoquant « Goldilocks ».

Car, vu le contexte géopolitique, il n’y a plus le choix sur le front économique : tout est « Goldilocks ».

Toute statistique, bonne ou mauvaise, est forcément une « bonne nouvelle », comme un « NFP » à +254 000, soit près du double de ce qui était anticipé.

Du coup, plus de baisse de 50 points par la Fed début novembre, mais la quasi-certitude d’échapper à un ralentissement qui pénaliserait les résultats des entreprises.

Les indices US ont donc fini d’effacer ce vendredi 4 octobre leurs pertes du début de semaine, et consolident à l’horizontal les gains des trois précédentes semaines de hausse.

Le S&P 500 (5 751 points) a même inscrit la seconde meilleure clôture de son histoire… à tout juste quatre semaines des élections présidentielles.

Voilà qui pourrait passer pour un plébiscite de la gestion économique de l’Administration Biden… mais surtout, l’affichage de la conviction que les hausses d’impôt (sur les entreprises et le revenu des plus riches) envisagées par Kamala Harris ne passeront pas l’épreuve du Congrès.

Vous voyez les Etats-Unis adopter la stratégie quasi-communiste de la France, mise en demeure de combler ses déficits par Bruxelles, en ponctionnant les plus hauts revenus et les bénéfices des entreprises « super-profitables » ?

Le Nasdaq – qui en contient beaucoup – a grimpé de +1,2 % dans les heures qui ont suivi le rapport sur l’emploi, malgré la nette dégradation des marchés obligataires.

D’ordinaire, les « technos » souffrent de la hausse de rendement des T-Bonds, mais ce vendredi 4 octobre, l’optimisme des gérants actions n’aurait pu être troublé par aucune contrariété.

Le T-Bond 2034 a flambé de +12 points à 3,78 % (soit +23 points hebdo, plus mauvais score depuis le 9 août), le « 2 ans » de +22 points à 3,93 % (soit +37 points en hebdo), le « 30 ans » de +7,5 points à 4,2500 %.

Une telle flambée des taux courts aurait dû être fatale à l’or et à l’argent… mais ces derniers n’ont même pas reculé de 0,3 %, et terminent la semaine au contact de leurs records annuels ou historiques (à 0,5 % près).

Le pétrole s’est avancé jusque vers les 75 $ sur le NYMEX, soit +10 % sur la semaine écoulée, et sa clôture à 74,5 $ est la plus élevée depuis le 29 août.

Les métaux précieux et l’énergie au zénith font-ils partie du scénario « Goldilocks »… ou font-ils partie d’une réalité parallèle, « conçue par un idiot, pleine de bruit et de fureur, qui ne signifie rien et ne mène nulle part » (pour paraphraser Shakespeare) et n’est pas censée exister ?

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