La Chronique Agora

Les exportations américaines ont le vent en poupe

** Les exportateurs pourraient bien être en train d’entrer dans un âge d’or. Une série de petits détails observés lors de mes dernières vacances en Caroline du Sud le laissent penser…

– Lors de notre premier dîner en ville, un couple de vacanciers s’est assis à la table placée à coté de la nôtre et a joyeusement commandé une grande quantité de vin avec son repas, avant de se plonger dans les desserts. Le lendemain, au déjeuner, j’ai demandé à l’homme à la table voisine de me passer le ketchup. J’ai deviné à son accent qu’il était irlandais.

– Dans toute la ville nous avons croisé des étrangers : deux dames allemandes, un couple de Sud-Africains, et une famille nombreuse venue d’on-ne-sait-où qui portait des chaussettes dans ses sandales.

– Il n’y a rien d’anormal à entendre de nombreux accents et langues étrangères dans les rues de Charleston, dont l’activité principale est le tourisme. Mais il y a autre chose…

– Les Etats-Unis sont en soldes. Le dollar a perdu 25% de sa valeur depuis 2002 et les étrangers en profitent. Mais ce ne sont pas les seuls. Les entreprises d’export américaines font fortune.

** Qu’en est-il des investisseurs ? Comment pouvons-nous profiter de la chute du dollar ? Plongeons-nous dans le problème et jetons-y un oeil.

– Pendant mes vacances à Charleston, plusieurs choses m’ont rappelé les effets d’un dollar faible. D’abord les touristes européens. Pour eux, les Etats-Unis sont une destination de vacances bon marché. Le département du Commerce américain a récemment annoncé que les USA avaient joui d’un surplus commercial touristique de 17,8 milliards de dollars en 2007. C’est plus du double des chiffres de 2006. Les voyages et le tourisme représentent aujourd’hui 8% des exportations américaines (cela peut sembler étrange, mais le tourisme est considéré comme un export).

– La faiblesse du dollar est donc une bonne chose pour le secteur de l’hospitalité aux Etats-Unis. C’est aussi un double avantage : puisqu’un dollar faible rend les voyages à l’étranger trop chers pour les Américains. Ils sont donc de plus en plus nombreux à partir en vacances près de chez eux.

– C’est de là que nous tirons notre première idée d’investissement. Le secteur américain de l’hôtellerie et de la restauration mérite peut-être qu’on le regarde différemment, particulièrement dans les régions qui accueillent de grands nombres de voyageurs étrangers. Le Vail Resort est un bon exemple. Le New York Times a récemment rapporté que les pistes de ski du Colorado attirent de nombreux visiteurs étrangers ces derniers temps. Ces visiteurs dépensent en moyenne 300 $ par jour, plus du double de ce que dépense habituellement un Américain.

** Un dollar faible met également les actifs américains "en solde" pour les acheteurs étrangers. Nous observons donc une augmentation des investissements étrangers aux Etats-Unis — près de 25% de plus en 2007.

– Les entreprises étrangères ont placé 407 milliards de dollars aux Etats-Unis en 2007. Cela équivaut à 93% d’augmentation depuis 2006. Les Chinois en particulier ont été très actifs. Les investissements de la Chine sont passés de seulement 66 millions de dollars en 2006 à 9,6 milliards de dollars l’année dernière.

– Les actifs américains devraient attirer encore plus d’acheteurs étrangers cette année. Les Chinois convoitent les exploitations de bois américaines, par exemple. Les fermes, les mines et autres actifs concrets américains doivent aussi sembler bon marché.

– Mais un dollar boiteux affecte également le flux de ce qui entre et de ce qui sort de nos ports. D’un côté, cela fait grimper le prix des importations. Jusqu’à maintenant, la faiblesse du dollar n’a pas empêché l’augmentation des importations au plan national — elle n’a fait que les ralentir. D’un autre côté, la faiblesse du dollar a entraîné une certaine frénésie sur les exportations américaines.

– Les exportations ont augmenté deux fois plus vite que les importations en 2007 aux Etats-Unis. Pour la première fois depuis 1995, le fossé entre les deux a diminué. Les producteurs de matières premières sont avantagés quand le dollar chute. Les dépenses qu’ils effectuent sont en dollars. Et pourtant, ils vendent des métaux, des minéraux et autres matières premières sur le marché mondial. Les prix mondiaux sont proches d’un record, d’une certaine façon grâce au faible pouvoir d’achat du dollar.

– Les industriels américains — ce qu’il en reste — y gagnent aussi. Leurs ventes sont guidées par une forte demande de l’étranger. Subitement, les produits américains sont devenus bon marché. "La demande étrangère en machinerie complexe est énorme", rapporte The Economist. "En 2007, l’aéronautique civile, les outils de forage, la machinerie agricole et les excavateurs ont tous augmenté d’un taux à deux chiffres".

– Les entreprises américaines qui vendent beaucoup à l’étranger devraient prospérer dans les mois qui viennent.

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