** Le Dow a dégringolé la semaine dernière — pourquoi ?
* Selon les commentateurs, les investisseurs étaient déçus par la petite baisse d’un quart de point accordée par la Fed de Bernanke mercredi. Quoi ? Comment était-ce possible ? Neuf économistes sur dix l’ont vue arriver. Pourquoi les investisseurs faisaient-ils une tête aussi étonnée ? Peut-être parce que la Fed a signalé qu’il n’y avait plus beaucoup de baisses en réserve… mais qui croirait ça ?
* Non, cher lecteur, ces explications n’ont guère de sens. Mais pourquoi se donner la peine de chercher une raison ? Tous les marchés haussiers ont une fin, tôt ou tard. C’est comme ça que les choses marchent. Alors que les actions baissaient, l’or et le pétrole ont gagné du terrain… un peu. Ce qui nous ramène au sujet des chiffres.
** Nous avons commencé à nous méfier des nombres. On trouve seulement dix chiffres individuels. Mais regardez-les un peu. Depuis que nous avons abandonné les chiffres romains, nos nombres sont tordus. Comment faire confiance au numéro 5, par exemple ? Ce petit gribouillis ! Il est tordu. Il a une horizontale toute droite au sommet, si bien qu’il semble grimper et grimper… sauf qu’il chute à pic, puis se termine en crochet. Extrêmement sournois.
* Tout de même, pris isolément, les chiffres — comme les hommes — semblent relativement fiables et honnêtes. Vous avez un dollar. Nous avons trois poules. L’équipe a marqué trois buts. Mais mélangez-les… mettez-les dans une foule… et vous finirez par avoir toutes les combinaisons ou les résultats louches que vous voulez.
* Après que les autorités financières US ont terminé de bidouiller les chiffres du PIB, elles ont révélé une croissance de précisément 3,9% par an. Nous avons souligné que la "croissance" elle-même ne signifie pas grand’choses. La vie imite les recherches universitaires ; nous commençons à agir comme des économistes décédés disent que nous devons agir. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les gens s’inquiètent de leur taux de cholestérol et de leur retour sur investissement. Non seulement ça, mais ils mettent leurs épouses au travail pour augmenter le chiffre des revenus de leur ménage… et observent la Fed pour voir ce qu’elle fera des chiffres des taux courts. Et hop ! Leur intérêt pour les chiffres… pour gagner de l’argent et le dépenser… provoque une hausse des chiffres du PIB. Au lieu de tondre leur gazon ou de cuire leurs gâteaux, nos nouveaux citoyens numériquement modifiés paient d’autres personnes pour faire toutes ces choses afin de pouvoir passer leur temps à gagner plus d’argent digital.
* Eh oui, cher lecteur… nous en sommes là. Même la monnaie "papier" n’est souvent même pas faite de papier. Il s’agit de fantasmes informatiques. Votre banque vous dit que vous avez une certaine somme sur votre compte. Vous partez du principe que cette somme est bel et bien là. Mais il n’y a pas d’argent… juste une trace spectrale de monnaie sous forme digitale.
* Vous dites à quelqu’un que vous avez 10,22 $. Qu’avez-vous ? Dix quoi ? Cela semble précis… mais la précision est à peu près aussi fantomatique que l’argent lui-même. Vous ne savez pas ce que vous avez. Peut-être que vous n’avez rien… ou vous avez quelque chose qui pourrait devenir rien plutôt rapidement. Dix dollars, c’est ce que nous gagnions pour deux jours de durs travaux dans les champs de tabac quand nous avions quinze ans. Aujourd’hui, c’est ce que nous gagnons toutes les cinq minutes. Oui, nous sommes plus vieux et plus sage… et les gens nous paient plus d’argent qu’il y a 40 ans de ça. Nous ne sommes plus la même personne… tout comme l’argent n’est plus le même. Alors que nous gagnions de la valeur, en termes professionnels, notre argent perdait la sienne.
* Selon les autorités US, le taux d’inflation est inférieur à 3%. Comment l’inflation peut-elle être inférieure à 3% par an alors que les prix des choses les plus importantes du commerce — l’alimentation et l’énergie — augmentent dix fois plus rapidement ? Nous n’en savons rien ; c’est l’une des raisons pour lesquelles nous ne faisons plus confiance aux chiffres. Ils mentent.