La Chronique Agora

L'échec de Wall Street pourrait nous être profitable (1)

Par Frédéric Laurent (*)

Que nous réserve l’avenir ?
A part ceux qui ont vécu la sinistre et tristement célèbre crise de 1929, je n’ai pas en mémoire une telle succession de baisses sur les marchés financiers. Qu’ils soient européens, américains ou asiatiques, le mois d’octobre est décidément bien sombre. La semaine du 7 a été particulièrement difficile : les places ont sombré dans un krach historique, accroissant la pression sur les grands argentiers du G7 qui se réunissaient alors à Washington.

Tout a été vendu : des cycliques aux valeurs défensives, tout y est passé dans une ambiance délétère, annonciatrice de capitulation plutôt que de panique. Pourtant, beaucoup de solutions ont été tentées, mais ni les baisses de taux d’intérêt ou injections de liquidité des banques centrales, ni les opérations massives de soutien aux banques sur fonds publics, ni les garanties de dépôts décidées par les gouvernements, ni les appels au calme des grands argentiers internationaux n’ont réussi à endiguer la déroute générale.

Rendez-vous compte : entre la clôture du vendredi 3 octobre et celle du 10, le CAC 40 a perdu 22%. 22% en cinq séances ! Au plus bas, il perdait 27%. Le Dow Jones, lui, s’effondrait de 18% sur les cinq jours, avec un plus bas de 25%.

L’hécatombe est partout, de New York à Paris, en passant par Tokyo ou Moscou. Depuis le début de l’année, les principales bourses américaines, européennes et japonaises ont perdu environ 40% de leur valeur.

Nous sommes dans une configuration de krach. Comme en 1929. Qui dit krach, dit réactions anormales, sur-réactions, impossibilité de prédire, d’anticiper sainement. Il faut pourtant nuancer le parallèle avec 1929 : la nuance est à voir entre crise boursière et crise économique. D’un point de vue boursier, la crise que nous vivons aujourd’hui est similaire à celle de 1929, partie d’une bulle du crédit et de la spéculation.

En revanche, la situation est bien différente d’un point de vue économique. Contrairement à 1929, les autorités monétaires multiplient les actions afin de juguler la crise, avec pour le moment plus ou moins de réussite. Et l’inflation est nettement moins élevée. Nous devrions éviter le scénario de 1929 et la dépression qui a suivi, sauf si la crise financière actuelle s’accélère de manière incontrôlable, mais je pense que les diverses réunions d’urgence ont réussi à enrayer l’effet boule de neige.

Comment faire revenir la confiance ?
C’est sous une pression non feinte que les ministres des Finances et banquiers centraux du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) ont tenté de trouver des réponses structurelles à la crise lors de leur réunion. Il ne peut y avoir de réponse isolée à des défis globaux. Et il faut bien constater que la disparité des réponses apportées par les politiques n’a fait qu’aggraver la défiance, pour ne pas dire la peur, sur les marchés.

Aux grands maux, les grands remèdes. La concertation entre les différentes banques centrales et leur coordination pour abaisser de concert leur taux directeurs d’un demi-point était bien vue. Mais est arrivée un peu tard… au même titre que la mise sous tutelle des agences Fannie et Freddie.

En janvier 2008, la Fed baissait déjà ses taux d’intérêts ; mais il a fallu attendre l’hécatombe des marchés pour que monsieur Trichet accepte de faire de même. Il est impératif de laisser au vestiaire le dogmatisme affiché pour un peu plus de pragmatisme, indispensable dans des périodes extraordinaires.

La suite dès demain…

Meilleures salutations,

Frédéric Laurent
Pour la Chronique Agora

(*) Diplômé d’un DESS de Gestion Internationale de Fortune, Frédéric Laurent exerce ses activités de conseil et gestion depuis une vingtaine d’années. Il a choisi de se mettre efficacement au service de l’investisseur particulier – bien souvent mal conseillé par les institutionnels. C’est dans ce but qu’il a rejoint les Publications Agora en tant que Rédacteur en Chef de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine.

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