La Chronique Agora

Le véritable Nouvel Ordre mondial

* A Londres, la semaine dernière…

* "Vous n’étiez pas là aujourd’hui", nous a dit notre chauffeur de taxi. "Vous avez manqué la fête. Vous savez, le sommet du G20. Il a eu lieu ici à Londres"…

* "Des gars ont échappé à tout contrôle. Ils ont cassé une fenêtre à la Royal Bank of Scotland, puis ont cassé les ordinateurs et ainsi de suite".

* "Rien de très important"…

* "Mais les médias en ont fait toute une histoire. Ils parlaient du G20 comme si ça allait changer le monde. Nouvel Ordre mondial et ainsi de suite… mais qu’est-ce qu’ils pourraient changer ? Les grosses pointures des banques ont fait de mauvais paris. A présent, ils doivent les payer. Pourquoi en faire tout un plat ?"

* De toute évidence, notre chauffeur aurait dû retourner à l’école. Il aurait pu y étudier la macroéconomie et tout apprendre des relances budgétaires contre-cycliques, de l’effet multiplicateur et du besoin de restaurer la liquidité dans le secteur financier. Il pourrait alors raconter les mêmes sottises que les autres commentateurs.

* Il pourrait se joindre aux plans destinés à sauver le capitalisme du… eh bien, du capitalisme ! Que les capitalistes gagnent de l’argent, c’est très bien, découvrira-t-il, mais quand ils commencent à en perdre, le gouvernement doit intervenir et les secourir. La partie "créatrice" du capitalisme est parfaite, mais épargnez-nous la destruction, d’accord ?

* La semaine dernière, les chefs d’états des 20 principaux pays du monde ont décidé d’augmenter la vigueur de leurs efforts pour empêcher le ralentissement du capitalisme. Ils ont notamment décidé de tripler le budget du FMI. En tout, nous disait le International Herald Tribune de vendredi, c’est "un accord à 1 000 milliards de dollars".

* Gordon Brown a affirmé que c’était un "Nouvel Ordre mondial", ce qui ressemble beaucoup à ce que visait George Bush il y a 15 ans. Un gouvernement mondial. Une force policière multi-nationale. Une collecte d’impôts harmonisée (plus de paradis fiscaux… nulle part où s’enfuir… nulle part où se cacher). Gardez les foules heureuses avec du pain, des jeux et des "guerres" contre des ennemis imaginaires et superflus.

* Peut-être qu’on devrait tous parler l’esperanto, aussi…

* Mais au moins, le FMI pourra maintenant renflouer encore plus de gouvernements en faillite avant de faire lui-même faillite.

* La majeure partie de l’argent provient d’un pays qui n’en a pas — les Etats-Unis.

* Levez les yeux. Que voyez-vous ? Notre pavillon d’alerte au Krach du Dollar, bien sûr. Les jours du dollar sont comptés. Quel est le chiffre ? Nous n’en savons rien. Quoiqu’il ait été il y a une semaine, il est plus petit aujourd’hui.

** Hugo Chavez était au Moyen-Orient cette semaine, assistant à une réunion de producteurs de pétrole. Il a appelé à une nouvelle pétro-devise… ce qui doit être, nous supposons, une devise adossée au pétrole. De l’agence Associated Press :

* "Mardi, le président vénézuélien Hugo Chavez a demandé le soutien arabe pour sa proposition d’une devise adossée au pétrole afin de défier le dollar américain dans sa dernière attaque en date contre la dominance de Washington dans les affaires financières mondiales".

* Il n’ira probablement pas très loin avec ça. Mais il n’est pas le seul à chercher une solution à une crise qui n’est pas encore arrivée.

* Le dollar est roi de la montagne monétaire depuis longtemps. Mais il ferait mieux d’être prudent… de faire attention… et de faire goûter un peu de nourriture au chien avant de manger lui-même. Des rivaux complotent contre lui.

* Une bonne partie du monde veut détrôner "le Roi Dollar", déclare La Tribune. La Chine a déjà demandé une nouvelle devise de réserve s’appuyant sur les droits de tirages spéciaux du FMI. Elle a également passé des accords bilatéraux avec bon nombre de ses voisins pour échanger des biens plutôt que d’utiliser le dollar comme unité de change commune. Cette semaine, elle est allée plus loin en passant un accord avec l’Argentine. C’est le premier accord de ce genre dans le monde latino-américain. Mais ce n’est probablement pas le dernier. Les gens voient arriver des problèmes, avec le billet vert. Ils ne veulent pas que cela porte atteinte à leurs ventes de matières premières avec la Chine.

* Les Russes demandent eux aussi une nouvelle devise de réserve. Tout comme les Arabes et Chavez, ce sont des vendeurs de matières premières. Ils ne veulent pas se retrouver coincés avec des dollars qui perdent leur valeur.

* Le voilà, le véritable Nouvel Ordre mondial. Les Etats-Unis auront plus de mal à rester dans le siège conducteur de ce nouveau train… et la devise américaine ne donnera plus automatiquement aux Américains un billet pour le compartiment première classe.

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