La Chronique Agora

Le retour en force de l'éternelle Russie ?

Par Léo Golovine (*)

Nul n’ignore que la Russie est le plus grand pays du monde. Elle représente 11,3% des terres émergées, soit le Canada et les Etats-Unis réunis, ou encore l’équivalent de 25 fois la France !

Pas étonnant, de ce fait, que la Russie détienne l’un des plus importants réservoirs de matières premières au monde : numéro un mondial en gaz naturel, nickel et diamants, numéro deux en pétrole et titane, numéro trois en or, uranium et charbon…

Une économie entière basée sur les matières premières
Le boom des matières premières initié en 2001 a donc pleinement bénéficié à l’économie russe, faisant ainsi émerger de véritables géants industriels : parmi les dix premières capitalisations russes, huit voient leur activité basée sur l’exploitation de minerais et de gisements.

Leader mondial dans son domaine (avec 16% des réserves mondiales de gaz naturel), Gazprom pèse ainsi près de 190 milliards d’euros : il s’agit de la quatrième capitalisation mondiale, bien loin devant Total (116 milliards d’euros) ou EDF (110 milliards d’euros).

Parmi les poids lourds de la cote, on trouve ensuite :
– la première pétrolière russe Rosneft, qui pèse 61 milliards d’euros ;
– la principale banque russe Sberbank (45 milliards d’euros) ;
– la deuxième compagnie pétrolière Lukoil (45 milliards d’euros) ;
– l’exploitant de métaux Norilsk Nickel (33 milliards d’euros) ;
– la compagnie électrique Rao EES (27 milliards d’euros) ;
– la troisième compagnie pétrolière Surggutneftegaz (22 milliards d’euros) ;
– la cinquième compagnie pétrolière Gazpromneft (17 milliards d’euros) ;
– le premier opérateur de téléphonie mobile MTS (16 milliards d’euros) ;
– et le leader de l’acier Severstal (14 milliards d’euros) qui avait fait parler de lui en France il y a quelque temps en tant que potentiel chevalier blanc pour Arcelor face à l’Indien Mittal, ce dernier l’emportant finalement.

Comme vous le voyez, les poids lourds sont donc principalement liés aux secteurs des matières.

Une configuration toujours haussière
Si l’on s’intéresse à la configuration graphique du principal indice russe lors des dix dernières années, on réalise combien la crise financière russe de 1998 (défaut sur la dette souveraine et dévaluation du rouble…) a été pénible, puisqu’il a fallu six ans pour l’effacer.

Une fois le sommet des années 1990 franchi, à 550 points, et après plusieurs mois de consolidation, le RTS Index est ensuite reparti de plus belle, bondissant de 320% en l’espace de trois ans seulement! L’indice boursier a bénéficié à la fois du boom des matières premières et du taux de croissance russe supérieur à 7% ces dernières années.

Malgré le choc de janvier 2008, et contrairement aux indices occidentaux, la place moscovite n’est pas entrée dans un cycle baissier : la configuration graphique hebdomadaire reste favorable, au-dessus du soutien majeur à 1 800 points et de la moyenne mobile à deux ans.

Mais attention : ne s’aventure pas en terre russe qui veut !
Malgré le profil très intéressant que présente la bourse de Moscou, il convient de rappeler les risques qu’un investissement en Russie fait inévitablement subir à un Occidental.

Outre les risques politiques et le risque pays évidents, il faut souligner la fragilité de l’économie russe, trop dépendante des cours du gaz et du pétrole. L’industrie russe reste encore sous-développée par rapport aux principaux pays industrialisés, puisque en retard technologiquement et fragile financièrement.

Les corporations russes sont très endettées, et si la dette souveraine russe est aujourd’hui quasiment nulle, la dette corporate est très lourde. La consommation frénétique porte aujourd’hui la croissance… mais la productivité y est trop faible, et il suffirait d’un retournement de conjoncture pour faire chuter l’industrie encore plus. De même, la prochaine entrée de la Russie dans l’OMC va poser de sérieux problèmes à des pans entiers de l’économie russe, assez peu compétitive.

Saurez-vous résister à son potentiel ?
En dépit de ces risques et fragilités connues, le potentiel russe (à la fois scientifique, humain, économique) est important et attire les investisseurs occidentaux à la recherche de taux de croissance plus sexy qu’en Europe occidentale.

Le moyen le plus simple d’intervenir sur l’indice russe sans devoir ouvrir un compte directement en Russie, c’est d’utiliser le tracker LYXOR ETF Russia, qui réplique assez fidèlement l’évolution de l’indice RTS. Il vous faudra néanmoins soigner le prix d’entrée (entre 1 800 et 2 000 points sur l’indice) et sortir en cas de rupture du soutien majeur, qui déclencherait sans nul doute une correction plus profonde en direction des 1 330 points (bulle spéculative explosive ?).

Ceci dit, compte tenu de la configuration globale des principaux indices mondiaux, le risque baissier semble écarté pour les prochaines semaines.

Meilleures salutations,

Léo Golovine
Pour la Chronique Agora

(*) En 2002, Léo Golovine fonde le site de conseils ImmenseFortune.com, qui exploite le résultat de ses recherches sur le marché. De 2002 à 2007, sa méthode aura ainsi permis de fortement surperformer les indices boursiers à l’aide d’une approche inédite de suivi de tendance et de gestion des positions. Léo Golovine est également à l’origine du seul test pratique sur le marché français de la célèbre méthode américaine Dow Dividend Approach, qui montre d’excellents résultats depuis cinq ans. Actuellement, il collabore avec plusieurs médias boursiers, continue à entreprendre et partage son temps entre Moscou et Paris dans le cadre de plusieurs projets financiers. Il est, pour les lecteurs de la Chronique Agora, l’Analyste responsable du service de trading @Turbos Trader.

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