▪ Il n’est pas trop tard pour profiter de la montagne de dettes émises par les entreprises. La poule couve encore des oeufs d’or. Pour les places boursières, qui, très opportunistes, aimeraient s’adjuger une part des montants brassés. Et pour vous, investisseur, qui pouvez espérer de belles performances cette année encore.
2009 a été une année record en matière d’offre, avec 2 173 milliards de dollars émis dans le monde par les entreprises de bonne qualité, ou investment grade (notées de AAA à BBB), selon Citigroup.
Et 196 milliards de dollars levés par les émetteurs jugés plus risqués, ou high yield. Record en matière de performance. La catégorie investment grade a affiché un rendement de 15%, selon Dexia Asset Management. Du jamais vu depuis 77 ans. L’indice global High Yield a enregistré une performance supérieure à 60%, battant tous les records, note Wesley Sparks, responsable des gestions américaines de taux de Schroders.
Qu’en sera-t-il en 2010 ? "Historiquement, les périodes de croissance économique modérément positives sont associées aux meilleurs performances du crédit. Une croissance de 1 à 3% du PIB offre un contexte idéal pour les rendements des crédits d’entreprises, d’après Morgan Stanley", analyse Wesley Sparks, de Schroders. L’obligataire continuera à être une source de rendement en 2010. Pour autant, ne vous attendez pas à des retours aussi spectaculaires.
"Les trois dernières meilleures années en matière de performance du secteur à haut rendement (1985, 1991 et 2003) ont été suivies d’une année de performance totale élevée des obligations à haut rendement, de l’ordre de 10% à 20% […]. Avec une performance de ce secteur supérieure à 60% en 2009, il serait cohérent, avec l’expérience historique, que l’année prochaine enregistre une performance positive à deux chiffres", poursuit Wesley Sparks. De l’ordre de 12% pour le high yield, avance-t-il.
Pour le grade d’investissement, Dexia Asset Management attend un rendement de 4,5% à 5%. Ces perspectives restent appétissantes, alors que le monétaire ne rapporte rien, que les obligations à 10 ans du Trésor français offrent un coupon de 3,5% et que le CAC abandonne 9% depuis le début de l’année.
▪ De nouvelles portes d’entrée sur le marché
Ces records et la masse d’argent drainée n’ont pas laissé insensible. En France, Bercy s’est mis à rêver de Paris comme place financière majeure pour les obligations émises en euro. Alors que "les émetteurs français […] procèdent actuellement à 85% de leurs émissions depuis le Luxembourg", Christine Lagarde "veut réanimer le marché primaire parisien" et créer une plate-forme européenne de négociation, écrit L’Agefi.
Voilà qui ne concerne que les investisseurs institutionnels, qui ont déjà des outils à leur disposition. Ce n’est pas votre cas. Impossible pour vous d’aller sur le marché primaire, où les obligations s’échangent, lors de leur émission, par paquets de plusieurs centaines de milliers d’euros. Impossible aussi de mettre votre nez dans le marché secondaire, qui fonctionne de gré à gré.
A de rares exceptions près — émissions réservées aux particuliers, certaines assurances-vie — votre meilleur moyen d’accéder au crédit corporate reste les fonds. Pourtant, outre-Manche, le London Stock Exchange (LSE), qui a senti le filon, a créé un "livre d’ordres électronique accessible aux petits investisseurs intéressés par les obligations" d’entreprises britanniques ou d’Etats européens, explique le Wall Street Journal Europe. Mise de départ pour une obligation corporate : 1 000 livres sterling.
Pas d’emballement. D’abord, cette nouveauté n’est pas si nouvelle que ça : le LSE retente le coup en Grande-Bretagne, copiant un service qui a déjà été lancé en Italie (où il dirige la Bourse). Ensuite, sa création ne garantit pas que les particuliers britanniques vont pouvoir saisir les "bons coups", que raflent en premier les institutionnels. Enfin, le marché obligataire est complexe.
Acheter quelque chose simplement ne garantit pas que vous réaliserez une bonne affaire. Profitez de l’engouement pour l’obligataire en vous plaçant sur des fonds qui ont fait leurs preuves, avec un horizon de placement de deux à trois ans (via des fonds à échéance).