La Chronique Agora

Le marché obligataire est-il en train de céder ?

▪ "Tels furent les jours de Noé, tel sera l’avènement de la Grande correction ; car de même qu’en ces jours d’avant le déluge, on mangeait et on buvait, l’on se mariait ou l’on donnait en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’Arche. Et l’on ne se doutait de rien jusqu’à ce que vint le Déluge qui les emporta tous. Tel sera aussi l’avènement de la Grande correction".
— Toutes nos excuses à Matthieu, 37 ; passage imaginé par un lecteur
                       
▪ Eh bien, il se pourrait que le marché obligataire soit finalement en train de céder.

"Les gens se retirent, choqués par la vitesse de la hausse des rendements", déclare un "stratégiste" cité dans le Financial Times.

Les acheteurs obligataires fuient la scène du crime de Bernanke. Ils font leurs valises et déménagent.

Le rendement du bon du Trésor US à 10 ans a atteint les 3,33% mercredi dernier… soit un point de pourcentage de plus que son plancher d’octobre.

Oh la la. Le marché obligataire est le marché le plus grand et le plus important de la planète. Qu’est-ce qui peut causer une évolution de 25% en si peu de temps ?

Bernanke s’est engagé à maintenir les rendements obligataires au plancher (c’est-à-dire à augmenter les prix des obligations) en août. Il a déclaré qu’il achèterait pour 600 milliards d’obligations gouvernementales US avec de l’argent qu’il allait imprimer tout spécialement dans ce but. Et 250 milliards supplémentaires avec de l’argent obtenu grâce à la vente des monstres adossés aux créances hypothécaires acquis durant la Panique de 2008-2009.

On pourrait penser qu’un homme ayant 850 milliards de dollars en poche serait capable de fixer ses propres conditions. Mais les planificateurs centraux semblent terminer systématiquement dans le fossé — même lorsqu’ils conduisent les yeux grand ouverts et le GPS sous le nez.

Nous voilà quasiment à la fin de l’année, et qu’ont fait les obligations ? Elles ont baissé !

Elles ont défié Bernanke et consorts. Elles leur ont tiré la langue. Elles leur ont tourné le dos, et ont baissé leur pantalon !

Nous commençons à avoir un peu pitié de Ben. Il ressemble à ces gosses de riches qui arrivent en cours dans une voiture de sport — sans pour autant parvenir à avoir une petite amie.

Oh, l’humiliation ! La honte !

Attendez une minute. Nous n’allons pas gâcher une once de notre sympathie sur ce petit cafard. Il s’est mis tout seul dans ce pétrin — en dépit de nos conseils. Il devrait être reconnaissant que la population ne le castre pas. Ou l’escorte hors de la ville, enduit de goudron et de plumes.

Il a de la chance que ça ne se fasse plus.

▪ La Grande correction mentionnée plus haut est encore en cours. Les chiffres du chômage US se sont aggravés selon la dernière publication. Idem pour l’immobilier. Quant aux ventes de détail liées aux fêtes de fin d’année, les chiffres sont mitigés.

Pour autant que nous puissions en juger, le désendettement a encore du chemin à parcourir. Beaucoup de chemin. Disons sept ans ?

Peut-être plus. C’est le temps qu’il faudrait pour extraire toute la dette du système.

Mais M. Bernanke, le cafard sus-mentionné, rend les choses beaucoup plus difficiles. A mesure que le secteur privé se débarrasse de ses dettes, M. Bernanke en réinjecte. Voilà pourquoi nous voyons des anomalies aussi insensées. C’est une correction — et pourtant, les matières premières, les actions de marchés émergents, les objets de collection, le pétrole, l’or… partent comme des petits pains.

Avez-vous vu ce qui est arrivé aux images d’oiseaux d’Audubon ? Elles sont parties pour 14 millions de dollars lors d’une vente chez Christie’s. Certes, il dessinait de jolis volatiles. Mais 14 millions de dollars ? Nous sommes d’avis que ce prix en dit plus sur la folle machine à monnaie de M. Bernanke que sur l’homme aux oiseaux.

L’anomalie la plus étrange doit être la hausse des taux d’intérêt. Quelle que soit l’influence bénéfique que M. Bernanke pense avoir, elle est sûrement défaite par la hausse des taux. A présent, il peut imprimer tout ce qu’il veut. Il peut faire un gâchis encore plus énorme dans l’économie, mais il ne réussira pas à faire baisser les taux d’intérêt comme ça. Il imprime… les autorités dépensent… et les taux grimpent, mettant l’économie réelle encore plus sous pression.

Les taux grimpent comme les eaux du déluge de Noé. Assurez-vous d’avoir une arche.

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