** Le crédit se fait rare, les faillites se multiplient. C’est du moins ce que nous supposons.
* Selon le Wall Street Journal, les dix dernières années ont été "une décennie perdue" pour les détenteurs d’actions. Le S&P est à peu près au même niveau qu’en 1999. Les investisseurs boursiers sont dix ans plus âgés et plus sages — mais ils ne sont pas plus riches d’un centime.
* A présent, ils commencent à se poser des questions sur tout ce schéma. Le marché boursier était censé les rendre riches. "Les actions pour le long terme", tel était le mantra de la fin des années 90. Acheter… conserver… on ne peut pas se tromper. Mais 10 ans, ça fait long. Si les valeurs ne montent pas durant une décennie, qu’est-ce que pousse les acheteurs à penser qu’elles grimperont durant la suivante ? En plus, même maintenant, le S&P s’échange toujours à un PER de plus de 18 — ce qui n’est pas bon marché. Il semble tout aussi probable de voir les actions baisser que grimper dans les 10 prochaines années.
* Et bien entendu, il y a le marché immobilier. Il y a dix ans de ça, peu de gens doutaient que s’ils mettaient simplement de l’argent dans l’immobilier et l’y laissaient, ils feraient de beaux profits. Durant quelques temps, cela sembla vrai. Mais à présent, pour la première fois de l’histoire américaine, les prix chutent dans tout le pays. Ils sont en baisse de 11% environ par rapport à leur sommet… et selon des économistes renommés, ils pourraient encore chuter de 20%-30%. Pire encore, les Américains réalisent qu’il faut beaucoup d’argent, quand on a investi dans l’immobilier. Il y a des factures à payer — les impôts, les charges, l’entretien… et tout cela semble grimper.
* On pourrait ajouter à ces choses la réalisation croissante que les salaires, aux Etats-Unis, ne grimpent plus. Cette vérité embarrassante a été masquée durant plus de 30 ans par l’augmentation des revenus et des dettes des ménages. Les salaires horaires réels n’ont pas grimpé, mais les Américains travaillaient en plus grand nombre, durant plus d’heures. Ils ont ensuite eu recours aux cartes de crédit et au refinancement hypothécaire pour augmenter leur pouvoir de dépense. Ces deux avenues se sont transformées en impasses.
** Mais il y a une lueur d’espoir. Selon Bloomberg, les efforts de la Fed pour assouplir le crédit ont porté leurs fruits. Les réajustements de prêts ont été moins problématiques qu’on l’anticipait — parce que ces réajustements sont liés au Libor, qui a été réduit par l’action des banques centrales.
* Bien entendu, les gens perdent toujours leurs maisons en nombres record — mais ce n’est pas nécessairement à cause des réajustements de prêts.
* Les politiciens examinent aussi plusieurs plans leur permettant de sauver les propriétaires avant les prochaines élections. Aucun parti ne veut de longues files d’électeurs furieux et sans domicile fixe devant les urnes en novembre.
** Mais le malaise qui affecte les Etats-Unis est plus qu’une simple question de chiffres. Il y a 10 ans de ça, les Etats-Unis semblaient invulnérables. Leur devise était au sommet du monde. Leur armée pouvait affronter la planète toute entière, si nécessaire. Leurs actions avaient le vent en poupe. Leur immobilier était en hausse. Leurs institutions financières étaient les plus dynamiques, les plus innovantes et les plus solides de la Terre. Rien ne pouvait les arrêter.
* Nous sommes d’avis que quand rien ne peut vous arrêter, tout le fera. Et dans le cas présent, c’est bien le cas. Dix ans plus tard, les actions ont stagné… l’immobilier est en baisse… le Pentagone est enlisé dans une guerre à un milliard de dollars qu’il ne peut pas gagner… et l’industrie financière s’est révélé être non pas d’une idiotie pleine de ruse mais d’une idiotie pleine de gaffes.
* Plus encore, le fantasme a coulé à pic. Les Américains se sont permis des vanités si extravagantes qu’ils suppliaient quasiment les dieux de les punir. "Ils transpirent, nous pensons", tel était la base. Ils se sont permis l’illusion que leur nouveau capitalisme post-Reagan et pro-internet les rendrait riches sans épargne… et sans produire quoi que ce soit. Ils pensaient que le reste du monde leur fournirait du crédit sans limites — éternellement. A présent, les écailles leur tombent des yeux… et ils commencent à voir les choses plus clairement. Résultat, la confiance des consommateurs a atteint son niveau le plus bas en plus de 30 ans. La plupart des gens pensent que les choses vont mal… et peu d’entre eux pensent qu’elles iront en s’améliorant. Depuis que l’on réalise de tels sondages, jamais encore si peu de gens s’attendaient à voir leurs revenus croître au cours des six mois à venir — moins de 15% des personnes interrogées.
* Mais à la Chronique Agora, nous sommes toujours optimistes. Oui, les Américains seront ruinés et brisés par les réalités du monde au 21ème siècle. Mais ils en ressortiront meilleurs.