Par Isabelle Mouilleseaux (*)
Les engrais sont lessivés
Les pluies sont tellement intenses qu’elles humidifient massivement la terre. Du Dakota sud à l’Ohio, jamais en cette période la terre n’avait été aussi humide depuis 40 ans. Or l’humidité excessive entraîne entre autre le pourrissement.
Mais surtout, ces trombes d’eau lessivent les engrais (si coûteux ! Vous n’imaginez pas à quel point le prix des engrais s’est envolé !).
Forcément, les rendements sont attendus en perte de vitesse
Selon l’USDA, seulement 78% du maïs planté a "percé" contre 92% l’an passé à la même époque.
Les experts réduisent donc déjà de 10% leurs prévisions de production de maïs aux Etats-Unis. Et à condition que les conditions climatiques se normalisent.
La Chine n’est pas épargnée
Les Etats-Unis ne sont pas seuls à souffrir ! La Chine, second plus gros producteur mondial de maïs (avec 149 millions de tonnes), est elle aussi confrontée à des pluies incessantes et des températures bien trop fraîches pour la saison.
Alors quand on vous dit que la production mondiale devrait s’afficher en hausse par rapport à l’année 2007, je vous conseille de prendre ces estimations avec la plus grande prudence. Surtout que la Chine — historiquement exportatrice de maïs — est en train de réduire drastiquement d’année en année ses exportations. A tel point qu’elle pourrait même devenir importatrice nette dès cette année !
Voilà de quoi déséquilibrer un peu plus le commerce international du maïs et par ricochet… son cours.
Je crains fort que le prix du maïs ne reste orienté à la hausse cette saison
Face à une production en souffrance, la demande reste forte : la faiblesse du dollar dope les importations (c’est-à-dire les exportations de blé américain), effet d’aubaine oblige.
Et avec l’accroissement du pouvoir d’achat des populations de la région Asie, la demande en viande grimpe en flèche. Or pour nourrir les élevages toujours plus nombreux, il faut du maïs ! Là aussi, la pression est énorme.
Quant à l’envolée du cours du pétrole, elle rend l’éthanol (fait à partir du maïs) plus attrayant que jamais. Cette industrie écologiquement destructrice connaît une croissance à deux chiffres et aggrave dramatiquement les déséquilibres sur le marché du maïs.
Quant au niveau des stocks, on attend les estimations de l’USDA qui devrait les revoir… à la baisse.
Blé, maïs, même combat ?
Voilà pourquoi je pense que nous allons probablement revivre avec le maïs ce que nous avons vécu récemment avec le blé qui avait gagné 170% en quelques mois.
Mais à titre personnel, je n’investirai pas (je ne joue les céréales qu’à la baisse). Nous hurlons en France pour dénoncer l’impact du pétrole cher — alors imaginez un instant l’impact du doublement du prix du maïs sur le pauvre Mexicain dont c’est l’aliment de base.
En attendant, peut-être pourrions-nous demander aux Américains de manger moins de pop-corn ?
(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
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