** Quelle excellente époque pour un économiste !
* Nous avons déjà assisté à des choses que nous ne pensions jamais voir. C’est comme si d’étranges voisins avaient invité des amis, et même quelques animaux, pour une soirée de folie — et laissé les rideaux ouverts.
* Jusqu’à présent, nous avons assisté à un krach boursier et à ce qui ressemble aux débuts d’une nouvelle dépression, déjà marquée par les renflouages et les nationalisations les plus importants de l’histoire. On en a pour son argent ! Avec un peu de chance, nous assisterons probablement aussi à une poussée d’hyperinflation. Krach, Dépression, Hyperinflation — c’est le Grand Chelem des Catastrophes Financières !
* Il est déjà assez remarquable que nous ayons pu assister à un authentique krach boursier. Le krach de 1987 ne compte pas tout à fait. Il a fait baisser les cours d’un tiers environ partout dans le monde. Mais il n’a pas duré. Du pain enfourné lorsqu’il a commencé était encore mi-cuit lorsqu’il a pris fin. Ensuite, le marché a grimpé durant les 20 années qui ont suivi.
* Le dernier véritable krach aux Etats-Unis s’est produit il y a 80 ans. Nous ne pensions pas avoir le privilège d’en voir un nouveau. Surtout que près de trois générations d’économistes et d’autorités financières ont travaillé à l’empêcher. Ils ont mis en place des filets de sécurité et perfectionné leurs formules… La politique monétaire de la Fed était considérée comme un instrument si finement réglé qu’on pensait que les autorités maîtrisaient le cycle économique — éliminant ainsi le besoin de krachs et de récessions. Lorsque l’économie surchauffait, les autorités allumaient la climatisation — des taux plus hauts, des critères de crédit plus stricts, et même des hausses d’impôts. Lorsqu’elle refroidissait, on tournait l’interrupteur dans l’autre direction, et le chauffage s’allumait. L’économie était censée maintenir une température constante toute l’année.
* Avec des systèmes de contrôle climatique si parfaits, nombreux étaient ceux qui pensaient que les frissons aussi bien que les poussées de fièvre étaient terminés. Mais quelque chose semble s’être détraqué…
** A présent, nous profitons de la fête. D’un spectacle à un autre… on ne peut pas dire que ce ne soit pas amusant. Mais qu’est-ce qui pourrait nous empêcher d’atteindre notre but — et d’assister aux trois grandes catastrophes qui donnent des sueurs froides aux économistes ?
* Eh bien… que voyons-nous là ?
* "Les banques américaines devraient rembourser 68 milliards de dollars au Trésor américain", déclarait hier un gros titre du Financial Times. "Un geste qui marque un tournant dans la crise économique".
* Les banques se sentent désormais assez solides pour rendre leur argent aux autorités. Tout va bien, visiblement.
* Et là, qu’est-ce donc ?
* "Selon l’OCDE, les statistiques indiquent une prochaine reprise", commence un article du Financial Times. L’organisation annonce que la plupart des économies avancées ont effectivement dépassé le pire de la baisse. Le "creux potentiel" a été atteint en avril, selon elle.
* L’OCDE a les mêmes données que tout le monde. Selon l’organisation, elles montrent croissance et prospérité. Nous nous demandons comment c’est possible. Qu’en est-il de tous ces investissements qui n’ont pas encore été apurés… passés en pertes et en profits… et restructurés ? Qu’en est-il de toute cette dette qui pèse encore sur des épaules fatiguées ? Qu’en est-il de tous ces propriétaires qui ne veulent qu’une chose — vendre, dès qu’ils peuvent avoir un bon prix ? Qu’en est-il de toutes les dettes que les autorités ajoutent au système ? Qu’en est-il de la contraction du crédit ? Qu’en est-il du désendettement ? Qu’en est-il de tous ces bilans — d’entreprises ou de ménages — qui doivent être nettoyés ? Qu’en est-il de la chute des revenus des entreprises ? Qu’en est-il… qu’en est-il ?
* Richard Russell nous annonce que le Transport Index, l’indice des transports, n’a pas encore confirmé de nouveau marché haussier — c’est bon signe — mais que le Coppock Index, généralement fiable, signale la fin de la récession et une future hausse des prix.
* Oh là là… et si nous nous trompions complètement ? S’il se passait en fait une chose à laquelle nous ne comprenons rien ? S’il n’y avait pas de dépression… pas d’hyperinflation… pas le Grand Chelem des Catastrophes que nous souhaitions tant voir ?
* "Il y a plus, sous les cieux et sur la terre, que n’en contient notre philosophie", écrivait Shakespeare. Vous pouvez réfléchir autant que vous le voulez, les choses sont toujours plus complexes qu’on l’imagine… avec des interprétations très différentes de celles que l’on impose.
* Mais qu’est-ce qui pourrait vraiment mal tourner sur la route du Grand Chelem ? Finirons-nous notre vie sans avoir jamais vu de vraie dépression ou de vraie hyperinflation ?
* Nous en reparlerons…