La Chronique Agora

Le Consommateuris Americanus, une espèce en voie de disparition

** Cette semaine, le Dow a chuté. Le pétrole a grimpé. Le dollar aussi. Et l’or a perdu du terrain.

* Hausse, baisse… hausse, baisse… que se passe-t-il ? L’économie américaine se remet-elle ? Les marchés boursiers nous signalent-ils que tout va bien ? L’argent intelligent rachète-t-il les Etats-Unis d’Amérique ?

* Non. Non. Et non. Du moins pas selon notre humble, timide, regardons-par-dessus-notre-épaule et croisons-les-doigts avis.

* Oui, cher lecteur, à la Chronique Agora, nous avons parfois raison… parfois tort… et nous doutons toujours. De quoi doutons-nous aujourd’hui ? De tout ou presque. Mais cela ne nous empêche pas d’avoir des opinions.

* Commençons par examiner le cas du Consommateuris Americanus, une espèce qui a eu son lot de problèmes ces derniers temps. Son habitat est menacé par la chute des prix des maisons… sa nourriture est devenue plus chère. Quelles sont ses perspectives ?

* Un article de Bloomberg :

* "Les emprunts des consommateurs américains ont grimpé de plus du double du chiffre prévu par les économistes en mars, indiquant que le ralentissement de l’économie force les Américains à accumuler des dettes de cartes de crédit et autres formes de dette".

* "Les crédits à la consommation ont augmenté de 15,3 milliards de dollars sur un mois, à 2,56 milliers de milliards de dollars — la plus grands hausse mensuelle depuis novembre, déclarait la Réserve fédérale à Washington. En février, le crédit a grimpé de 6,5 milliards de dollars, alors qu’on avait annoncé préalablement une hausse de 5,2 milliards de dollars. L’article de la Fed ne couvre pas les emprunts sécurisés par l’immobilier, comme les prêts sur la valeur immobilière".

* "Les consommateurs se tournent vers les cartes de crédit après que les banques ont resserré les conditions pour les emprunts sur la valeur immobilière ou autres. Les chiffres de mars montrent que les emprunts à la consommation US du premier trimestre se montent à 34 milliards de dollars, la somme la plus élevée depuis les trois premiers mois de 2001, date où l’économie américaine est entré dans sa récession officielle la plus récente".

* "’Les consommateurs sont coincés, parce que les revenus ne suivent pas l’inflation — ce qui les mène à dépendre de plus en plus du crédit pour rester à flot durant le pire retournement immobilier depuis la Grande dépression’, déclarait Chris Rupkey, économiste financier en chef à la Banque de Tokyo-Mitsubishi à New York. Les jours où l’on pouvait extraire de la valeur de sa maison pour la dépenser en biens et services sont bel et bien terminés’."

* Mais attendez… Les autorités veulent clairement protéger cette espèce en voie de disparation. Ces dinosaures votent, après tout ! Elles envoient donc des chèques de "réductions d’impôts"… elles baissent les taux… elles gavent les banques de liquidités de manière à ce qu’elles puissent aider les consommateurs avec plus de crédit, à des conditions plus faciles.

** Mais revenons-en à nos doutes et nos opinions…

*Le Consommateuris Americanus n’a pas l’air en pleine forme. Et alors ? Les journaux nous disent que "le pire est derrière nous". La crise du crédit est terminée, déclare Buffett. La crise de l’immobilier aussi, annonce le Wall Street Journal. Et regardez la Bourse…

* On dit que les marchés anticipent. On pense qu’il peut voir au-delà des grands titres… au-delà du bruit et des opinions… au-delà des théories… pour nous dire ce qui se passe vraiment.

* Regardez, disent les haussiers, le marché est en pleine forme ; il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Les chartistes nous annoncent que la prochaine évolution sera une hausse. Les adeptes de la Théorie de Dow disent que nous sommes toujours dans un marché haussier. Les rêveurs espèrent un Dow à 15 000.

* Bien entendu, ils ont tous raison sur un point : il n’y a pas de quoi s’inquiéter. On ne parle que d’argent. Mais quiconque pense que les marchés prédisent vraiment les futures tendances monétaires n’a pas été très attentif. Début janvier 1990, le principal indice boursier japonais dépassait les 39 000. Il grimpait en flèche depuis cinq ans. Il ne faisait aucun doute qu’il voyait encore plus de croissance et de prospérité à venir, n’est-ce pas ?

* Mais ce même mois, la Japan Inc. rencontra un sérieux problème. Le marché boursier s’effondra… et l’économie entra dans une longue période de ralentissement — dont elle ne s’est toujours pas remise.

* Une décennie plus tard, aux Etats-Unis, les marchés enregistraient eux aussi des gains réguliers et impressionnants sur cinq ans. Le Nasdaq grimpait quasiment à la verticale. Il ne faisait aucun doute qu’il voyait encore plus de croissance et de prospérité à venir, n’est-ce pas ?

* Pas du tout. Le Nasdaq s’effondra… le Dow coula… et en termes réels, après une décennie, même sur le Dow, les actionnaires sont encore dans le rouge de 20% à 30%.

* Non, cher lecteur, les marchés boursiers sont souvent aveugles, sourds et muets. Ils ne peuvent rien voir en avance. Ils ne peuvent pas entendre les murmures d’avertissement. Et ils ne peuvent nous avertir de rien.

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