La Chronique Agora

Le Brésil est accro à l'hydroélectricité… vous devriez l'imiter ! (2)

Nous sommes partis hier à la découverte de la centrale hydroélectrique d’Itaipu, au Brésil — nous continuons aujourd’hui notre exploration du secteur…

▪ L’électricité grâce à l’eau assure 86% de l’énergie propre mondiale
Savez-vous que les énergies renouvelables, toutes origines confondues, comptent aujourd’hui pour 18,7% de la production mondiale ? Et la production de cette énergie renouvelable est assurée à plus de 86% par l’hydroélectricité. La production hydroélectrique mondiale a progressé de 18% en 10 ans (1995-2005), mais pas autant que la consommation mondiale d’électricité, toutes origines confondues (+37%) qui, pour l’essentiel, provient des pays émergents. Selon le site planete-energie.com, les experts estiment que le potentiel hydroélectrique exploitable de la planète serait cinq fois supérieur à celui exploité aujourd’hui.

Et devinez… Ce potentiel global se situerait pour un quart en Amérique du Sud !

▪ Le Brésil s’est volontairement rendu dépendant de l’hydroélectricité
Deux mots d’abord sur la production d’électricité au Brésil. Plus de 80% de l’électricité du Brésil provient d’usines hydroélectriques. Le solde vient principalement du thermique, en attendant le nucléaire qui, avec deux centrales, ne représente actuellement que 3% de la production. Pour le moment. Car le Brésil dispose d’uranium, et ses ingénieurs maîtrisent la filière nucléaire. Nul doute qu’à l’avenir la croissance de la consommation énergétique sera assurée par cette technologie. D’ailleurs, une troisième centrale vient d’entrer en construction…

Mais en attendant, il existe plus de 2 000 barrages au Brésil, les deux tiers du potentiel de production se trouvant dans la région amazonienne. Les pouvoirs publics fédéraux ont tout naturellement donné la préférence à l’exploitation du potentiel hydroélectrique, afin de produire une énergie qu’ils ont estimée propre, renouvelable et d’un coût opérationnel réduit, la production thermique (essentiellement au gaz) jouant un rôle accessoire. Le Brésil est attaché aux énergies vertes (éthanol) ou renouvelables, dont le fer de lance est l’hydroélectricité. Il est vrai que la situation géographique du pays rend cette dernière incontournable, l’eau dévalant de la cordillère des Andes, puis du plateau central. Or la sécheresse de 2001 a montré les limites du modèle actuel brésilien, les barrages peinant à remplir leur office.

Le Brésil s’est ainsi mis en situation d’étroite dépendance économique vis-à-vis de la ressource hydrique, et cette situation devrait s’aggraver, tant la demande en électricité s’accroît. C’était prévisible avec le décollage du pays, les statistiques montrant une corrélation entre le niveau du produit intérieur brut et la demande électrique.

Vous vous dites que la variation du débit des fleuves génère des aléas, voire même des contraintes significatives sur les capacités de production hydroélectrique, et peut engendrer des périodes de pénurie. C’est vrai qu’en 2001, un rationnement de l’énergie électrique a touché environ 20% de la consommation nationale.

En termes géopolitiques, le Brésil dispose, avec son réseau hydraulique, d’un avantage important par rapport à d’autres Etats d’Amérique du Sud, qui provoque l’envie de ses voisins immédiats, mais pas seulement. On murmure que les Etats-Unis s’intéressent beaucoup aux immenses réserves d’eau du sous-sol.

▪ Une production encore très étatique
Le Brésil a vécu sa première réforme du secteur de l’énergie dans les années 1990. La libéralisation du secteur énergétique avait pour but de réduire le rôle de l’Etat dans ces industries en recourant massivement aux privatisations, dont ont bénéficié les grands opérateurs occidentaux. Cette réforme n’a pas eu les résultats espérés.

Pour diverses raisons, l’investissement privé n’a pas pu garantir la disponibilité énergétique en adéquation avec la vitesse du développement économique du pays. Par la suite, des problèmes d’approvisionnement d’électricité, en partie dus à ce manque d’investissements, ont conduit à des ajustements importants, marqués par la recherche d’un nouvel équilibre entre le rôle de l’Etat et celui des industries privées. C’est la seconde réforme, mise en oeuvre par le gouvernement de Lula.

Dorénavant, l’Etat a pour rôle essentiel de coordonner les investissements pour assurer l’approvisionnement énergétique, ce qui a eu pour résultat une forte accélération de ceux-ci. Pour faire simple, la plupart du temps, l’Etat fédéral a la charge de la production et des investissements nécessaires à celle-ci, et le secteur privé ou semi-privé est en charge de la distribution.

Vous savez que l’économie brésilienne n’est certes pas chauffée à blanc comme celle de la Chine, mais elle se révèle néanmoins particulièrement dynamique, avec une croissance de 9% en rythme annuel pour le premier trimestre, et une projection annuelle qui s’établit à 7,2% pour 2010 selon la Banque centrale brésilienne. La demande en électricité va suivre…
[NDLR : Pour découvrir la pépite détectée par Jean-Claude Périvier dans le secteur de l’hydroélectricité brésilienne, continuez votre lecture…]

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