La Chronique Agora

La notion de "normal" a changé : comment vous y préparer ?

** Entre autrefois et aujourd’hui, la notion de "normal" a changé. Nous devons donc tous nous poser la même question : qu’est-ce qui va maintenant être considéré comme "normal", et comment nous y préparer ?

– On entend beaucoup parler de la "normale" dans la presse ces derniers temps. Tout le monde veut que les choses reviennent à la normale… comme si la normale était une condition constante, qui ne changeait jamais. Les gens en parlent aussi comme si c’était une bonne chose. Mais ce n’est pas le cas.

– Evidemment, il est toujours rassurant d’avoir une pression artérielle normale, une tasse de café normal ou une nuit de sommeil normale. Mais personne ne trouve le moindre réconfort dans une dispute normale, une carie normale ou une maladie vénérienne normale. Et n’oubliez pas qu’il fut un temps où la peste bubonique était considérée comme normale… tout comme l’esclavage…

– La notion de "normal" n’est pas statique.

– La "familiarité" est également trompeuse… et parfois dangereuse. La familiarité est la cousine germaine de la normale. C’est la forme de "normal" avec laquelle nous sommes le plus à l’aise. La familiarité est généralement rassurante. Mais elle n’est pas sûre pour autant. La plupart des accidents de voiture mortels se produisent sur des routes qui sont familières aux victimes, en général proches de leur domicile. Et la plupart des accidents financiers se produisent avec des actions et des bons apparemment sûrs. Les titres ouvertement risqués font peu de victimes. Tout le monde sait qu’ils sont risqués et agit donc en conséquence. Mais ces titres familiers, "sûrs", sont ceux qui font le plus de dégâts et le plus de victimes. Les actions Enron, Countrywide Financial, Washington Mutual et oui, General Motors, sont les plus dangereuses.

– Pour la plupart d’entre nous, les actifs financiers américains sont les investissements avec lesquels nous sommes les plus familiers. C’est notre Coca-Cola… notre série télévisée préférée… ils sont confortables et réconfortants.

– Se cantonner à ce qui est confortable n’est pas une mauvaise chose, tant que quelqu’un prend un peu de recul et voit plus loin que vous. Un enfant de deux ans peut gambader tout seul dans le jardin tant que papa et maman le surveillent et s’assurent qu’il n’ira pas s’aventurer au milieu de la rue.

– Mais cela peut être problématique si papa et maman souffrent du syndrome de Munchausen par procuration…comme nos dirigeants politiques. La Fed et les autres dirigeants du gouvernement ont succombé à une des versions de cette névrose. Tout en déclarant être inquiets pour notre économie adorée, ils ont saupoudré nos bols de céréales de bouts de verre — d’un point de vue financier — … et ils ont ensuite mis en place leurs mesures d’urgence pour réparer les dégâts causés.

– Les investisseurs ne doivent pas oublier que les conditions économiques "normales" et les catégories d’actifs familiers subissent des changements constants. Ces changements sont parfois importants… et ils demandent l’attention d’investisseurs qui voient à long terme.

– Je pense que la nouvelle notion de "normal" sera très différente de l’ancienne. L’économie américaine va perdre sa force relative dans l’économie mondiale. La bonne nouvelle, c’est que Rome n’a pas été réduite en cendres en un jour. Il a fallut du temps. La mauvaise nouvelle, c’est que Rome brûle déjà depuis un bon moment.

– En 1965, les activités manufacturières contribuaient à plus de 70% du PIB américain. Aujourd’hui, ce pourcentage est tombé à 30%.
– En 1971, Nixon a fermé la fenêtre de l’or et a donné le coup d’envoi d’un doublement générationnel du taux d’inflation.
– En 1982, le ratio dette fédérale/PIB américain a commencé à augmenter ; il est passé de 30%, son plus bas niveau générationnel, à 75%, un record depuis 50 ans.
– En 1986, la dette fédérale atteint les 2 000 milliards de dollars.
– En 1992, la dette fédérale atteint les 4 000 milliards.
– En 1996, la dette fédérale atteint les 5 000 milliards.
– En 2008, la dette fédérale atteint les 10 000 milliards.

– Chose intéressante, pendant que nous, Américains, avons amassé les dettes — et paralysé nombre de nos industries productives — beaucoup d’autres nations du monde ont réduit leur dette et augmenté leurs capacités compétitives. Le Brésil en est un exemple fascinant.

– Le ratio dette/PIB du gouvernement brésilien a chuté de façon constante au cours des dernières années ; il est maintenant passé sous le seuil de la moitié de celle des Etats-Unis. Parallèlement, il est intéressant de remarquer que le PIB du Brésil a proportionnellement doublé par rapport au PIB des Etats-Unis pendant les 50 dernières années. Doucement mais sûrement, le Brésil représente aujourd’hui une part plus importante de l’économie mondiale.

– Les investisseurs ne peuvent pas se permettre d’ignorer des changements d’une telle ampleur dans la composition hiérarchique de l’économie mondiale.
[NDLR : Comprendre la nouvelle "normale" du monde — et y adapter vos investissements pour profiter des changements plutôt que de les subir — pourrait vous rapporter des gains à trois chiffres dans les mois et les années qui viennent : ne manquez pas le coche !]

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