La Chronique Agora

La libre entreprise n'est pas une formule magique

** Comment est-il possible que les Américains — les gens les plus privilégiés et les plus avancés de la planète — n’aient pas vraiment profité du Boom de la libre-entreprise entre 1980 et 2007, nous demandions-nous hier…

* Telle est la réponse que nous avançons :

* La libre entreprise n’est pas une formule magique. C’est le meilleur moyen de créer de la richesse, mais elle n’empêche pas les gens de commettre des erreurs. Le capitalisme offre aux gens la possibilité de gagner de l’argent. Mais il leur offre également la possibilité de se rendre ridicules. La libre entreprise — comme le reste de la vie — permet simplement à la Nature de suivre son cours.

* Dans une économie suivant une planification centrale, les gens obtiennent ce qu’ils méritent, mais rarement ce qu’ils veulent vraiment. Les erreurs tendent à être énormes… et médiocres. Les résultats varient, mais les expériences de planification centrale finissent toujours par s’enliser dans de pitoyables bourbiers.

* Les résultats varient également pour le capitalisme. Certaines personnes s’en sortent très bien. D’autres moins. Les économies passent du boom au krach, favorisant parfois un groupe… parfois un autre. Parfois, les agriculteurs surinvestissent et font faillite. Parfois les constructeurs construisent trop. Parfois les cinéastes font un flop. C’est comme la vie elle-même… un antique chaos tournant autour du soleil. Mais de ce chaos vient en général le progrès… la croissance… et la richesse. Des erreurs sont commises… punies… et corrigées. Les riches deviennent plus riches… puis finissent sur la paille. Les pauvres deviennent plus pauvres… puis ont de la chance. Personne ne contrôle le processus. Personne ne peut en prédire l’issue, mais d’une manière ou d’une autre, il suit son petit bonhomme de chemin.

* De temps en temps, dans ce qui est essentiellement un système de marché libre, toute une classe de gens en vient à se persuader d’une idée fausse. C’est ce qui s’est passé aux Etats-Unis (et dans une bonne partie des pays occidentaux) au cours du dernier quart de siècle. Les gens pensaient que le capitalisme les rendrait riches ; ils ont donc dépensé comme s’ils étaient déjà riches. Ils pensaient que les emplois et le crédit seraient toujours abondants ; ils n’ont donc pas ressenti le besoin d’épargner. Leurs dirigeants affirmèrent qu’ils empêcheraient quoi que ce soit de mal tourner… et les malheureux les crurent.

* Mais au lieu d’empêcher le capitalisme de mal tourner, les autorités le déformaient de manière à garantir les problèmes. Dans une économie libre, par opposition à une économie contrôlée, avec planification centrale à la soviétique, les prix sont fixés par le libre échange. Mais les politiciens s’entêtent à vouloir contrôler le prix le plus important de tous — celui de l’argent. Ils contrôlent la quantité d’argent — influençant indirectement sa valeur… ils contrôlent les réglementations bancaires, ce qui rend le crédit plus facile ou plus difficile à obtenir… et ils contrôlent le taux auquel les banques centrales prêtent à leurs membres, ce qui met en place les fondations de toute la structure du crédit.

* Après que Paul Volcker a quitté la Fed en 1986, la banque centrale des Etats-Unis a commencé à tromper les masses. Les taux bas et ses politiques de prêt faciles — combinées aux dépenses imprudentes de l’administration Bush… et à l’épargne immodérée des Asiatiques (en dollars !)… tout cela a contribué à égarer le lumpenménage de base. Il pensait avoir plus d’argent qu’il n’en avait réellement. Il dépensait plus qu’il l’aurait dû. Il épargnait moins qu’il l’aurait dû. Et il a obtenu ce que les gens faisant ce genre de choses finissent par obtenir des problèmes financiers.

** "Mais pourquoi les salaires américains ont-ils baissé ?" voulez-vous peut-être savoir.

* Eh bien, la réponse simple, c’est que tout les "stimulants" offerts par les autorités ont eu pas mal d’effet — en majorité en Asie. Grâce à la mondialisation… et aux communications internet… il était plus facile que jamais, pour tous ces Asiatiques, enfin libérés de la planification centrale communiste, de faire concurrence. Et à qui faisaient-ils concurrence ? Aux bas salaires… puis aux salaires moyens… des Etats-Unis. Naturellement, ils firent baisser le coût de la main d’oeuvre peu ou moyennement qualifiée.

* "Mais en Europe, les salaires ont grimpé", protestez-vous peut-être.

* Oui… un peu. L’explication la plus répandue, c’est qu’en Europe, on a pu maintenir la croissance des salaires en investissant dans de nouveaux équipements pour les entreprises et dans la formation. Les économies européennes ont un coût élevé, et les employeurs ne peuvent pas se permettre d’avoir des emplois où la productivité est basse ; les charges sont trop élevées. Au lieu de cela, on vise des emplois très productifs et très qualifiés, un domaine où les Asiatiques ne peuvent pas faire concurrence — pour l’instant. Cette explication est-elle correcte ? Nous n’en savons rien. Elle semble plausible, en tout cas. Quoi qu’il en soit, l’Europe a pu maintenir ses salaires élevés… et, jusqu’à récemment, a réussi à conserver une balance commerciale confortable avec l’Asie.

* D’autres questions ?

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