La Chronique Agora

La hausse du maïs… et ses effets secondaires

▪ Les feuilles sont en train de virer au rouge et or. L’air se rafraîchit. Les jours raccourcissent peu à peu. C’est l’automne. Ce qui signifie qu’il est temps de parler récoltes, en particulier pour le maïs.

Le maïs a fait parler de lui sur les marchés, ces derniers temps. Ce que certains ont appelé "un choc de récoltes" l’a fait grimper de 6% en un jour : le département de l’Agriculture US a abaissé ses projections de récolte de près de 4%, ce qui a pris le marché par surprise. Et c’est là seulement l’une des raisons pour lesquelles le prix du maïs est passé de 3,30 $ le boisseau en juillet dernier… à 5,30 $ le boisseau actuellement.

Les actions de la majeure partie des entreprises basées sur l’agriculture réagissent de manière proportionnelle. Dans le secteur de l’engrais, par exemple, les actions grimpent en flèche, tout comme les actions d’entreprises d’équipement pour l’irrigation comme Lindsay. Par contraste, le marché passe à tabac les actions des producteurs de viande. Tyson Foods, notamment, a adopté la théorie qu’une hausse des prix du maïs signifie une hausse des prix du fourrage pour le bétail, les moutons, les porcs et la volaille.

Si l’on s’en tient aux critères historiques, la récolte de maïs américaine reste franchement honorable, à 12,7 milliards de boisseaux. C’est la troisième plus grosse récolte de l’histoire. Mais la demande frôle elle aussi des niveaux record. C’est la raison pour laquelle l’offre reste tendue.

Selon l’USDA, le maïs américain en stock devrait chuter de 47%. Cela signifie que les Etats-Unis vont avoir les réserves les plus tendues depuis le milieu des années 1990. Cependant, les Etats-Unis ont également moins de terres agricoles en jachère qu’à l’époque, ce qui signifie qu’il ne sera pas aussi facile de remplacer les réserves perdues par une production américaine.

▪ Mais il y a aussi des effets secondaires. Cela ne touche pas seulement le maïs. Le soja a grimpé de presque 7% et le blé de 9%. Ce qui touche une culture en touche d’autres. Elles sont toutes en compétition pour gagner des terres arables et l’investissement des fermiers. Si plus d’agriculteurs plantent du maïs, cela signifie qu’il y en aura moins qui planteront du soja.

Et la possibilité d’une crise alimentaire comme celle de 2008 plane toujours. Certains pensent qu’elle est déjà là. Une partie des plus gros exportateurs de céréales, comme la Russie et l’Ukraine, a imposé des restrictions sur les exportations. Pendant ce temps, de nombreux gros importateurs de céréales du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord commencent à accumuler des réserves. Ce scénario ressemble à celui que nous avons vécu en 2008.

Je pense donc que nous verrons une augmentation des plantations de maïs l’année prochaine. Ce sera bon pour les valeurs du secteur des engrais et du matériel agricole, puisque les agriculteurs vont en avoir besoin.

Un vieux dicton sur les matières premières nous rappelle que le remède à des prix élevés, ce sont des prix élevés. Le marché va nous apporter beaucoup de grain à moudre l’année prochaine. Je pense que le maïs sera moins cher au printemps qu’il ne l’est aujourd’hui.

Le prix de la viande va continuer à grimper, lui aussi, comme il le fait déjà cette année. Les cours du boeuf sont déjà au plus haut depuis un quart de siècle. Dans ce scénario, il faudrait que tous les Tyson Foods du monde, qui sont assez mal en point, transforment les céréales en viande…

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